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Statut
Souscription fermée

L’église de Brigueil-le-Chantre placée sous le vocable de saint Hilaire, située au cœur d’un village construit sur un promontoire enserré dans une boucle de l’Asse, se dresse de nos jours sur un mail agréablement planté de tilleuls qui a été aménagé sur l’ancien cimetière.

De plan rectangulaire, l’église se compose d’une nef unique de deux travées, voûtées sur croisées d’ogives au profil bombé, précédée à l’ouest d’un clocher-porche percé de baies sur deux niveaux, et se termine par un chœur à chevet plat, légèrement plus étroit, profond, au volume extérieur sensiblement différent et voûté à l’intérieur en berceau brisé. Si le clocher et le chevet sont en pierre de taille d’un calcaire gréseux ou plus clair, la nef et le chœur sont construits en maçonnerie de moellons enduits. L’ensemble des murs est épaulé de fins contreforts, plus hauts et plus larges dans la nef, faisant davantage saillie au niveau du chœur. L’étude des maçonneries révèle d’ailleurs une similitude d’épaisseur de murs entre le clocher et le chœur, témoignant sans doute d’une construction contemporaine. La datation proposée par M.-P. Niguès, en charge du dossier de restauration (2012), fait remonter la construction du chevet, qu’elle considère avec son triplet haut et étroit comme la partie la plus ancienne de l’édifice, à la fin du xie s., voire au début du xiie, s’appuyant entre autres sur sa parenté avec le modèle de La Réau daté par François Eygun[1] dans son étude du xiie siècle. Pour le reste de l’édifice, la datation proposée avance le début du xiie s., l’élévation des voûtes de la nef témoignant d’une campagne de travaux de la fin de ce siècle, voire du début du xiiie siècle. Il est vraisemblable que le don en 1185 de l’église à l’abbaye du Dorat et l’affectation de ses revenus au Grand Chantre de l’abbaye, à l’origine de la toponymie du lieu de « Brigueil-le-Chantre », témoigne bien d’une étape déterminante dans la chronologie de cet édifice. Et la différence de dimensions entre les baies romanes, généralement étroites et de plein cintre, mais petites dans le chœur et très hautes dans la nef où elles sont percées de façon symétrique, tout comme l’élégant portail dont la première rangée de claveaux de plein cintre se différencie des trois voussures suivantes à profil brisé, avec tores retombant sur de fines colonnettes, attestent bien à eux seuls une chronologie étalée dans le temps, d’une période de transition à des reprises de chantier plus tardives.

Quoiqu’il en soit, l’édifice a gardé nombre d’éléments de son authenticité originelle, soulignée en son temps par René Crozet qui y voyait un exemple intéressant du roman limousin[2] . Si la sacristie édifiée sur le flanc sud a pu, selon Mme Niguès, superposer une structure plus ancienne, le flanc nord de l’église était doté au xve s. d’une chapelle communiquant avec la nef par une grande ouverture à profil brisé, aujourd’hui murée depuis la démolition de cet élément hors œuvre. Atteint en 1822 par la foudre, le clocher a fait l’objet d’une restauration. Quelques interventions sont imputables au xixe s., comme la construction d’une tribune ou le badigeon polychrome recouvrant un enduit de faux appareil plus ancien qui couvre la totalité de la nef.

La restauration de l’édifice exige un phasage sur plusieurs tranches : la première, relative aux sondages afférents aux décors peints, a été lancée hors aide de la Sauvegarde de l’Art français, et l’étude de 2012 définit un programme de plus d’un million d’euros sur cinq tranches. Le programme proposé vise à restaurer le clocher dans un premier temps, puis à poursuivre par la nef et le chœur. Pour la restauration du clocher, deuxième phase de cette campagne générale, la Sauvegarde de l’Art français a attribué un don de 15 000 € en 2016.

Élisabeth Caude

[1] Fr. Eygun, « L’abbaye Notre Dame de La Réau, étude historique et archéologique », Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, série 3, t. 15, 1938.

[2] R. Crozet, « Influence limousine dans l’art roman en Poitou », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 3e série, t. 14, 1946-1948, p. 533-557.

L’église Saint-Hilaire a reçu le Grand Prix Pélerin du Patrimoine, attribué par la Sauvegarde de l’Art Français en 2017:

Logo Grand Prix Pélerin Patrimoine - La Sauvegarde de l

Le projet en images

Plan de M.P. Niguès, architecte du patrimoine