Auvergne-Rhône-Alpes, Loire (42)
Briennon, Église Saint-Irénée
Édifice
Briennon est situé au passage de la Loire, sur un itinéraire ancien qui relie Charlieu et La Bénisson-Dieu. L’église paroissiale Saint-Irénée, ancien prieuré clunisien, n’est pas indigne de ces prestigieux voisinages. Elle est puissamment originale, grâce à un décor intérieur polychrome néo-roman, dont l’homogénéité unifie ses parties anciennes et modernes.
Elle a dû avoir une nef romane (dont pourraient venir les pierres sculptées encastrées dans la façade d’une maison voisine), mais celle-ci avait été remplacée, à une date et pour des raisons inconnues, par une salle rectangulaire plafonnée. Cette salle fut à son tour remplacée en 1837 par un vaisseau d’esprit roman, à nef et collatéraux, de quatre travées voûtées d’arêtes, éclairées par des baies en plein cintre. Des chapiteaux peu communs, à motif d’écailles imbriquées, couronnent piliers cruciformes ou colonnes. Les bas-côtés conduisent à deux chapelles, de la Vierge (retable ancien de style classique) et de saint Irénée. On en remarque une postérieurement au chevet et en retrait sur l’espace initial du chœur. Ce clocher, de plan carré, massif et aérien, s’élève au-dessus de la toiture sur trois niveaux, en retrait l’un sur l’autre, les ouvertures s’élargissant à mesure que le regard s’élève.
L’abside, voûtée en cul-de-four, est de belles proportions et soigneusement décorée. Ses trois arcatures surbaissées reposent sur des colonnettes dégagées, dont les six chapiteaux sont ornés de motifs divers: feuilles et palmettes, visages et personnages (un acrobate, un Judas?), oiseaux aux ailes déployées. Des pilastres s’élèvent entre les colonnettes et séparent les trois compartiments. Le compartiment axial est aveugle ; les deux arcatures latérales sont percées de petites baies en plein cintre, complètement décentrées, comme repoussées le plus à l’extérieur possible du compartiment, soit à droite, soit à gauche. Le décrépissage extérieur a révélé que ces ouvertures n’étaient pas d’origine. Il subsiste un jambage dans le compartiment nord, qui indique une ouverture bien centrée, et les deux jambages d’une ouverture dans le compartiment axial.
On date l’ensemble du chœur, clocher et chevet de la fin du XIème s. ou du début du XIIème siècle. Tout l’intérieur de l’église, au moment de la construction de la nef (1837), a reçu un décor « roman » informé et inventif, qui mêle les motifs floraux et géométriques, et souligne intelligemment les éléments de la structure. La palette n’est pas criarde et l’on souhaiterait que, si restauration il y a, elle sache se faire discrète.
La Sauvegarde de l’Art Français a accordé 100 000 F en 1997 pour la restauration du clocher et du chevet de l’église et pour le drainage de l’édifice. Les travaux ont été menés à bien avec soin. Les tuiles vernissées du clocher rappellent La Bénisson-Dieu. La réfection des enduits a révélé et permis de garder en évidence des éléments anciens : outre les traces de baies dont il a été question, une petite niche extérieure dans l’axe du chevet, dont la pierre sommitale présente la sculpture naïve d’un visage barbu.
Ph. M.