Normandie, Seine-Maritime (76)
Brémontier-Merval, Église Saint-Martin
Édifice
L’église paroissiale de Brémontier-Merval, de fondation ancienne, placée sous le vocable de Saint-Martin, est une construction de l’époque moderne, mais elle conserve un patrimoine mobilier exceptionnel qui provient de l’ancienne abbaye de Bellosanne, toute proche, de l’ordre des Prémontrés.
La nef a été reconstruite au XVIe s. et le chœur en 1733. L’édifice se compose d’une nef – vaste volume rectangulaire éclairé par quatre baies de plein cintre de chaque côté -, d’un transept dont les bras sont traités en absidioles et d’un chœur de trois travées. Une sacristie a été ajoutée sur le flanc nord au XIXe siècle. Dominant la croisée du transept, le clocher est sommé d’une flèche octogonale. Il possède trois niveaux d’abat-sons. Si le chœur, la croisée du transept et les chapelles des croisillons sont construits en moellons de moyen appareil, la nef, édifiée sur un socle de grès et de silex, se compose d’un moellon de petit appareil, enduit, juste interrompu par les encadrements des baies et les chaînages en briques.
À l’intérieur, la nef est couverte d’une charpente lambrissée au profil brisé. Un seul des entraits d’origine subsiste ; deux autres ont, semble-t-il, été coupés. On remarquera les puissantes moulurations de la sablière, témoignage des travaux réalisés au XVIe siècle. Un décor de croix, d’écussons, d’étoiles, de cœurs transpercés de glaives anime avec élégance, dans un parfait alignement, le sommet de la voûte. Le chœur, légèrement plus étroit, est couvert de voûtes sur croisées d’ogives au profil surbaissé qui correspond à la campagne de 1733. Cette date est portée sur l’une des clefs de voûte.
Parmi le mobilier originel de Bellozanne, figure le maître-autel de bois doré et peint, restauré dans le cadre de l’année du Trésor des abbayes normandes ; un ange portant une haute croix le domine. Neuf grands panneaux ornent le chœur : cinq d’entre eux étaient des dessus-de-porte du réfectoire de l’ancienne abbaye. Trois représentent les vertus théologales et cardinales : la Force et la Justice, la Foi et la Charité, la Prudence et la Tempérance ; deux autres, des anges soutenant les instruments de la Passion. Toujours dans le chœur, quatre autres panneaux évoquent la vie du Christ : le Christ en croix, la Descente de croix, la Mise au tombeau et la Résurrection.
La nef possède de remarquables groupes sculptés en ronde-bosse provenant aussi de l’abbaye : le Triomphe de la Foi sur l’hérésie, la Mort, le Triomphe du ciel et la Résurrection qui composaient peut-être un ensemble aujourd’hui dispersé. La chaire appartenait aussi à l’abbaye. Les autels latéraux sont surmontés de panneaux de bois sculpté à encadrements dorés qui présentent l’Assomption (1730) et saint Norbert en évêque portant un ostensoir.
Pour le drainage, la réfection de la charpente et de la couverture, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une subvention de 16 769 € en 2002.
É. G.-C.