Occitanie, Gers (32)
Bouzon-Gellenave, Église Saint-Pierre de Gellenave
Édifice
Le village de Gellenave est implanté sur une crête qui sépare la vallée du Midou et celle de la Ribette. Le toponyme était au Moyen Âge Villenova, puis Villeneuve. L’étendue du territoire actuel de la commune résulte de la réunion, en 1830, de quatre petites communes. L’église Saint-Pierre est mentionnée dans le cartulaire de l’abbaye de Saint-Mont, abbaye bénédictine, fondée au XIe s. par Raymond de Saint-Mont et le comte Bernard Tumapaler, donnée à Cluny en 1061.
Elle est située à une vingtaine de kilomètres de Gellenave. Des pouillés de l’ancien diocèse d’Auch mentionnent le prieuré aux XIVe, XVe et XVIe siècles.
Dans la politique conduite par Cluny pour rattacher l’Espagne au monde occidental après la reconquête militaire, la Gascogne jouait le rôle de pays frontière, ce qui explique l’expansion de l’ordre du Xe au XIIe s. dans cette région et la multiplication des prieurés clunisiens.
Dans la deuxième moitié du XIIe s., les moines cisterciens assurèrent la relève des clunisiens.
Le plan de l’édifice est rectangulaire (13 m sur 7 hors-œuvre) ; à l’est, le chevet plat est accolé à une sacristie, à l’ouest au presbytère.
Son élévation surprend (11 m) ; sans doute parce qu’elle n’est pas contrebutée, on l’a flanquée d’ un énorme contrefort qui l’épaule en son milieu. Sous celui-ci on a retrouvé les fondations de l’ancienne abside semi-circulaire. Des arrachements dans le mur sont peut-être les restes d’anciens bâtiments adjacents disparus.
À l’ouest, l’édifice est surmonté d’un clocher de plan carré, terminé d’une flèche en charpente qui est couverte en ardoises.
Sur le mur sud, le petit appareil roman a été partiellement conservé, tandis qu’au-dessus d’une porte de style roman, aujourd’hui obturée, se lit encore un chrisme.
Les fenêtres ont été retracées au XIXe siècle. Au sud, une porte en arc brisé tardive, avec des impostes fortement accentuées, permet d’accéder à l’intérieur de l’église.
L’ensemble intérieur de l’édifice a été modestement décoré au XIXe siècle. Ainsi le décor du plafond de la nef se poursuit au-dessus du chœur et de l’abside, où il adopte le dessin d’un faux caisson.
À même le sol, contre le mur nord, un trou carré bâti, dont la profondeur est plus importante que les fondations de l’église, appelé communément Fontaine de saint Clair, deuxième patron de l’église, fut jadis l’objet d’un pèlerinage.
Le petit retable en bois sculpté, peint et doré, daté de 1679, est inscrit à l’Inventaire supplémentaire, ainsi que la Crucifixion, signée J. B. Smets (1712-1783), muet, qui appartient à une famille de peintres; lui-même est connu à Auch et à Lectoure de 1746 à 1781. Il était fils de Jacques Smets (1680-Auch 1764).
Fr. B.