Auvergne-Rhône-Alpes, Ain (01)
Bouligneux, Église Saint-Marcel
Édifice
Située au cœur d’un petit village dombiste, non loin de l’imposant château féodal de briques, l’église Saint-Marcel est mentionnée en 940 dans une charte de l’abbaye de Cluny. La construction de l’édifice actuel remonte au XIIe siècle, comme en atteste la plaque de fondation en façade (1150).
L’église présente un plan en croix latine avec une nef unique à l’origine prolongée par un chœur à chevet plat ; deux chapelles ont été ajoutées au nord puis au sud, ainsi qu’une sacristie accolée au flanc sud de l’abside. Les travaux conduits par l’architecte Farfouillon (1860), puis Rochet (1888), apportent des modifications au chœur, à la nef et en façade.
Bâtie en carrons de terre cuite et galets rejointoyés à la chaux, elle est couverte d’une toiture en tuiles creuses. La façade, modifiée en 1860, a gardé son portail roman. Le clocher élevé au-dessus du chœur, arasé à la Révolution, a été couvert peu après d’un toit à quatre pans lui conférant un aspect massif. On y accède par un escalier en vis à l’intérieur d’une tourelle au nord.
La nef comporte quatre travées couvertes de voûtes d’arêtes séparées par des arcs doubleaux. Le voûtement a remplacé en 1889 l’ancien plafond lambrissé du XVIIe. Dans le même temps, quatre lourds contreforts sont édifiés pour contrebuter la poussée des voûtes, et les deux baies nord et sud de la nef sont agrandies.
Selon la plaque de fondation toujours existante, la chapelle nord dite « chapelle des seigneurs », est fondée en 1406 par Pierre de La Palud. Les nervures de la croisée d’ogive reposent sur des culots sculptés en pierre polychrome de belle facture représentant les attributs des quatre évangélistes portant chacun un phylactère. Elle est éclairée par deux fenêtres gothiques. On peut y admirer un remarquable calvaire du XVe siècle en pierre polychrome composé de trois croix présentant le Christ crucifié, la Vierge et saint Jean éplorés à ses pieds et de chaque côté, le bon et le mauvais larron. Sur la pierre tombale au sol sont gravés le fondateur Pierre de La Palud en armure, à côté de son épouse, Marguerite de Montchenu.
Datant de la première moitié du XVIIe siècle, la chapelle sud est moins richement décorée que la précédente. Le bel autel galbé du XVIIIe s, en pierre rose, était l’ancien maître-autel dont l’emmarchement subsiste dans le chœur. Au XIXe siècle, un monumental autel néogothique en fonte le remplace dans le chœur, complété par la chaire et la table de communion toujours conservées aujourd’hui.
Le chœur de plan carré est voûté sur croisées d’ogives. Ses nervures retombent sur des tailloirs engagés dans la maçonnerie à l’est et sur des chapiteaux historiés à l’ouest. De nombreuses interrogations demeurent encore sur la chronologie de la construction du voûtement du chœur. Des sondages réalisés en 2005 par Gérard Emond ont révélé la présence de peintures murales représentant des figures monumentales. Elles pourraient dater de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle et ne semblent pas être postérieures à la construction des voûtes. Sur le mur sud, un personnage ailé et un autre tenant un livre, probablement une représentation du tétramorphe, apparaissent partiellement. En complément des premiers sondages, une étude approfondie des décors du chœur a été conduite par Isabelle Rosaz en 2017. Leur restauration est prévue en 2019.
Le mauvais état de conservation de l’édifice et l’utilisation de matériaux non adaptés ont conduit la municipalité à entreprendre des démarches auprès de l’Etat et du Département de l’Ain pour engager une nécessaire restauration. Le soutien sans faille de l’association pour la restauration de l’église de Bouligneux depuis 2005 a permis de récolter des fonds conséquents en organisant régulièrement des concerts dans l’église et en lançant une souscription par l’intermédiaire de la Fondation du Patrimoine.
Les trois tranches de travaux conduites par Christophe Guyonnet, architecte du Patrimoine, ont commencé à l’automne 2013 pour s’achever en 2016. L’église étant très humide, la priorité s’est portée sur l’assainissement de l’ensemble des pieds de murs extérieurs et intérieurs, puis sur les maçonneries extérieures et l’intérieur de la chapelle nord. Reste maintenant à poursuivre la restauration de l’intérieur, en particulier de l’intéressant décor peint du chœur.
Pour l’ensemble des travaux, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 19 000 € en 2014.
Catherine Penez
Bibliographie :
G. Edmond, D. Olivier, Etude préliminaire concernant les parements intérieurs de l’édifice, 2005, 47 pages + photos.
Guyonnet, Restauration de l’église Saint-Marcel – Etude préalable, 2006, 85 pages.
G. de Combaud, Les cinq vies de l’église de Bouligneux, la sixième commence, Chatillon-sur-Chalaronne, 2016, 63 pages.