Normandie, Seine-Maritime (76)
Bosc-Hyons, Église Saint-Michel
Édifice
L’église paroissiale de Bosc-Hyons est située à l’écart du bourg, en son point le plus élevé, justifiant ainsi sa dédicace à saint Michel. Sa silhouette se détache sur les champs et prairies du Pays de Bray, marquée par son haut clocher posé au centre de l’édifice.
Dans son premier état, datable de la fin du XIIe s., l’église se compose d’une nef très simple, en maçonnerie de silex épaulée de contreforts plats à chaque angle, et couverte d’une charpente. Les rares éléments de datation sont donnés par le profil des contreforts, et l’archivolte en léger arc brisé du portail occidental. Dès l’origine, la nef s’adosse à un transept beaucoup plus complexe, voûté d’ogives, centré sur les quatre piles composées de la croisée, destinées à porter la tour du clocher. Sur le transept venait se greffer un chœur également voûté, comme l’attestent les retombées des ogives couvrant initialement une travée droite, vraisemblablement prolongée d’une abside semi-circulaire.
Au XVIe s., un ambitieux agrandissement est réalisé. Le modeste chœur médiéval est abattu, les murs des croisillons nord et sud sont largement percés vers l’est pour former un vaste sanctuaire à trois vaisseaux de trois travées, voûtées de bois, permettant d’établir de part et d’autre de l’autel central deux autels secondaires, dédiés au sud à Notre-Dame et au nord à saint Mathurin. Les murs latéraux sont dotés d’une belle maçonnerie, particulièrement soignée sur la paroi sud, alternant les lits de pierre de taille et de silex équarris, épaulée aux angles par deux contreforts orientés. C’est au cours de cette campagne de travaux qu’est mise en place sur la nef une nouvelle charpente à entraits et sablières sculptées.
Les fenêtres de ces murs latéraux sont agrandies au XVIIIe s. et couvertes de linteaux en anse de panier. Les fenêtres de la nef et du transept sont reprises plus simplement, en maçonnerie de briques.
Après une première campagne de restauration portant sur la mise hors d’eau de l’édifice, il était devenu indispensable d’intervenir sur le clocher qui menaçait ruine. Sa construction avait suivi l’édification du transept et du chœur, vraisemblablement au tout début du XIIIe siècle.
La souche de la tour porte l’étage du beffroi, ouvert sur chaque face par deux baies en tiers-point sous un arc en plein cintre. Les maçonneries fragilisées avaient été maladroitement consolidées au fil du temps : les angles et pierre de taille avaient été en partie remplacés par des harpes de brique et la plupart des baies ruinées avaient été obturées et dotées d’abat-son en zinc battant au vent. Le beffroi des cloches avait été remonté de plusieurs mètres pour l’adapter aux baies ainsi réduites, entraînant le rehaussement de la tour. Ces interventions avaient non seulement mis en péril l’ensemble du clocher, mais avait terriblement enlaidi l’élément majeur de l’édifice.
La restauration a permis de conforter la tour, par la mise en place d’un chaînage périphérique en béton au niveau de la base du beffroi, descendu à son niveau originel, d’en restaurer les parements, de rétablir les bandeaux et chaînes d’angle en pierre et de reconstituer, d’après les témoins conservés, les quatre baies jumelées et leurs abat-son.
L’aide de 10 000 € allouée par la Sauvegarde de l’Art Français en 2012 fut une aide décisive pour le sauvetage de cette église et constitue un encouragement à poursuivre la restauration du riche mobilier et du décor intérieur de l’édifice.
Yves Lescroart