Hauts-de-France, Oise (60)
Bornel, Église Saint-Denis
Édifice
L’église de Bornel dépendait de l’abbaye de Saint-Denis d’où elle tient sans doute son vocable. Un prieuré clunisien dépendant de Vézelay s’élevait à proximité. En 1777, sa chapelle fut démolie et le prieur prit en charge la chapelle du Rosaire établie sur le flanc nord du chœur de l’église paroissiale, qui fut à cette occasion rebaptisée Sainte Madeleine en hommage sans doute à la patronne de l’abbaye bourguignonne. Le prieur s’engageait également à construire une sacristie qui subsiste sur le flanc sud de la nef. Les restaurations s’étendent sur tout le XIXe siècle. Le clocher du XVIIe s. fut reconstruit sous le Second Empire et transformé en 1969.
La façade ouest est un ample mur pignon. La partie centrale délimitée par deux puissants contreforts à larmiers est percée d’un portail couvert d’un arc surbaissé et d’une grande fenêtre en arc brisé redenté d’un trilobe. Ces deux baies ne peuvent être antérieures à la fin du XVe siècle. Les demi-pignons des collatéraux sont percés au nord d’une baie en arc brisé, au sud d’une étroite fenêtre rectangulaire. La nef à trois vaisseaux s’étire sur cinq travées. Les bas-côtés très étroits sont percés sur les flancs de courtes fenêtres en plein cintre. Le vaisseau central est délimité par des files de colonnes. Certaines sont coiffées de chapiteaux des alentours de 1200 avec de beaux crochets séparés par des feuilles polylobées à la base de la corbeille, sous des tailloirs polygonaux profilés d’un filet sous un quart-de rond et un étroit bandeau. D’autres chapiteaux ont été refaits à la fin du XVe s., comme l’indique leur décor végétal naturaliste. La charpente du vaisseau central, dissimulée par un plafond moderne, conserve sur les fermes les marques de fixation d’un lambris en berceau brisé. Une tourelle d’escalier polygonale s’élève à l’extrémité du bas-côté nord. À la différence de la nef, les parties orientales sont voûtées sur croisées d’ogives. La dernière travée du chœur, percée au chevet d’une simple baie en plein cintre, a conservé sa structure d’origine avec des piliers d’angles composés, sommés de chapiteaux ornés de feuilles nervurées ou lisses et recourbées en volutes. Les ogives profilées de deux tores séparées par un onglet confirment une datation vers 1200. La clef est ornée d’un disque où est inscrite une croix aux extrémités fleur de lysées.
Les travées antérieures ont été profondément remaniées, sans doute au XVIIe s., lors de l’installation du clocher sur la première travée du chœur. Cette opération nécessita de renforcer les supports qui prirent l’aspect de puissants piliers quadrangulaires couronnés d’une corniche en fort relief. Les voûtes furent alors refaites, comme l’indique le profil prismatique des ogives. La chapelle nord, aussi vaste que le chœur, est percée au chevet d’une baie en plein cintre de plus grandes dimensions que la baie axiale : elle est coiffée d’ une archivolte reposant sur deux colonnettes en délit. Les puissants contreforts qui épaulent la construction sur son flanc nord et sur le mur du chevet indiquent une époque légèrement plus récente que le contrefort plus sobre de l’angle sud-est du chœur.
Chœur et chapelle nord sont couverts sous un même toit à deux pentes dont le pignon oriental est percé de deux baies. Cette couverture unifie la construction. Sur le flanc nord, où des corbeaux scellés à mi-hauteur dans les deux premières travées sont sans doute des vestiges d’une construction adventice disparue, le toit repose sur une corniche moulurée d’un quart de rond sur des modillons en forme de masques. La chapelle sud terminée en hémicycle est moderne. Elle abrite une statue de Vierge à l’Enfant du XIVe s., inscrite à l’inventaire des Monuments historiques. Sur le flanc sud, une niche du XVe s. aux piédroits traités comme des contreforts et coiffée d’un dais en accolade devait abriter une statue, peut-être celle du patron de l’église, saint Denis. Il ne reste presque rien des peintures murales signalées par Woillez. Deux statues en bois polychrome du XVe s. ont été découvertes dans les combles au cours de leur restauration. Il s’agit de saint Antoine qu’on peut identifier au petit cochon à ses pieds, et d’un pape coiffé de la tiare à triple couronne. La disparition de ses attributs empêche d’être sûr de son identité, saint Pierre étant la plus probable.
En 1999, un don de 100 000 F a été accordé par la Sauvegarde de l’Art français pour la réfection de la toiture.
D.S.
Le projet en images
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