Bretagne, Morbihan (56)
Bono Le, Chapelle Notre-Dame de Becquerel
Édifice
Située à quelques kilomètres à l’ouest de Vannes, cette chapelle de qualité bénéficie d’un cadre naturel préservé, sur l’étang de Kerlivio, près de la rivière du Sal. Dépendant primitivement de la commune de Plougoumelen, elle est désormais la propriété de la commune du Bono, créée en 1947. C’est un lieu de pardon à la Vierge, attesté dès le XVIe siècle. Sa construction dut être réalisée à l’initiative d’Yves de Pontsal († 1476). Dominicain, ce dernier fut élu évêque de Vannes en 1448 et fut également vice-chancelier de Bretagne. C’est sur les terres de sa famille que fut élevée la chapelle, vraisemblablement vers 1470.
La chapelle offre un plan en croix latine, avec deux bras de transept formant sans doute des chapelles privatives. Elle présente des similitudes avec une autre commande de l’évêque pour sa résidence d’été à Plescop (chapelle de Lézurgan), distante de quelques kilomètres. Les travaux réalisés ont permis de mettre au jour des peintures murales sur le mur du chevet, dont une scène d’Annonciation à la Vierge, qui serait contemporaine de la construction, tout comme la grande baie. Celle-ci a conservé son réseau supérieur, avec des remplages en quadrilobes et trilobes, caractéristiques des années 1430-1480 ; le vitrail a été remplacé au XXe siècle. La chapelle nord décorée d’un blason était primitivement celle des seigneurs prééminenciers, les Launay de Pontsal, tandis que la chapelle sud, paraît avoir été construite, plus tardivement, dans la première moitié du XVIe s., avec des chevronnières à crochet et une petite baie sur le mur oriental, pour éclairer l’autel monolithe. La sacristie, accolée à la chapelle nord, date de la seconde moitié du XIXe siècle. Sur sa partie la plus ancienne, la charpente primitive du chœur conserve un décor peint assez rare sur les chevrons formant fermes, avec des hermines et des motifs ocre, noir et or. La charpente offre des entraits décorés à engoulants et des sablières historiées sablières.
La nef primitive a été modifiée dans la seconde moitié du XVIe s. (portail occidental, avec pilastres et fronton triangulaires, caractéristique de la Renaissance) et sans doute allongée et reprise au XIXe s., vraisemblablement pour répondre à l’importance du pardon marial. Le campanile primitif sur charpente a été remplacé vers 1842 par un clocheton installé sur le pignon ouest de la nef.
Cette chapelle a fait l’objet d’une campagne de travaux très importants : la reprise complète de la charpente de la nef, puis de l’intégralité des enduits intérieurs a permis la découverte de fragments d’enduits peints de différentes périodes, qui ont été conservés. C’est à cette occasion qu’une statue en calcaire a été découverte dans la charpente, portant un blason aux armes, sans doute de la famille de Launay de Pontsal. Cette statue s’ajoute à un riche mobilier composé de statues en bois polychrome : statues de la Vierge à l’Enfant (seconde moitié du XVe s.) et d’un saint évêque (XVIIe s.), ainsi que d’un ensemble de boiseries (retables et chaire) de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Deux grands ex-voto représentant des navires de guerre du XVIIIe s., maquettes de procession, complètent cet ensemble mobilier et attestent de la vitalité du pardon, entre terre et mer. Cet ensemble architectural est complet : chapelle, calvaire avec enclos et lavoir sous la fontaine de dévotion, aux parois peintes au XVIIIe s., placée sous le mur du chevet du XVe siècle.
Les travaux réalisés par la commune (295 000 € H.T) ont été financés par la DRAC Bretagne, le Département du Morbihan et la Région Bretagne, avec un soutien de l’association de protection et de mise en valeur de la chapelle. La Sauvegarde de l’Art français, quant à elle, a apporté une aide de 8 000 € en 2013 pour la restauration de la charpente, de la toiture et des maçonneries défectueuses.
Diego Mens