Normandie, Eure (27)
Boissière La, Église Saint-Jacques de Compostelle
Édifice
Le patronyme de cette église Saint-Jacques ainsi que le toponyme de la paroisse, lié à un défrichement, semblent bien témoigner d’une fondation des XIe-XIIe s., en relation avec le pèlerinage de Compostelle. C’est aux moines de l’abbaye de La Lyre qu’appartient au XIIIe s. le patronage de cette église, après que le seigneur du lieu, Guillaume de La Boissière, l’eut restitué aux religieux. L’édifice, en maçonnerie de silex liée au mortier, comporte une nef rectangulaire, quasi aveugle en son mur nord, à trois travées, prolongée par un chœur légèrement plus haut que termine un chevet plat. Chœur et nef sont percés de baies de formes diverses, dont certaines en réemploi. Un court clocher, actuellement en réparation, vient coiffer la nef sur sa partie ouest. L’intérieur se présente sous forme d’un volume unique, chœur et nef, la première travée de celle-ci étant occupée par les poteaux et le plancher du clocher; la charpente des deux autres travées est montée sur des poteaux à aisseliers portant les fermes. La voûte lambrissée, en plein cintre, a reçu un voligeage à forts couvre-joints, en partie décoré au pochoir, avec motifs polychromes de fleurs, aiguière et oiseaux. Le chœur, au sol légèrement surélevé, est doté d’une voûte lambrissée en berceau brisé reposant sur des sablières moulurées, les entraits ayant été coupés. L’enduit du mur de chevet, seul enduit ancien subsistant, a récemment révélé des traces de peintures murales sur sa plus grande partie ; les sondages semblent indiquer la présence d’un décor polychrome de type XVIe s., alliant fleurs, rinceaux de feuillages et tableaux de faux marbre. Longtemps laissée à l’abandon, l’église de La Boissière a bénéficié depuis quelques années d’un regain d’intérêt de la part de la commune et de l’activité d’une association de sauvegarde, leurs efforts conjoints tendant à la fois vers une meilleure sensibilisation des habitants et vers la recherche de solutions financières. L’état alarmant de l’édifice nécessitait en effet d’importants travaux de gros œuvre sur la maçonnerie du mur de chevet, une réfection totale de la couverture ainsi que des travaux de drainage, réalisés en 1999. La Sauvegarde de l’Art français a accordé à cette occasion à la commune une subvention de 100 000 F.
- D.