Blesle, Église Saint-Sébastien de Bousselargues

Chapelle Saint-Sébastien de Bousselargues. Au premier abord, c’est un pays perdu, au creux d’une vallée entaillée profondément dans les plateaux basaltiques, à l’écart de toute circulation ; quarante feux au Dénombrement du royaume (1720), aujourd’hui une quinzaine de maisons plus ou moins occupées et une chapelle à proportion.

Pourtant, cette chapelle  Saint-Sébastien a longtemps été église d’une  paroisse. Le cartulaire de Brioude retrace les circonstances de sa fondation : Dactrannus et sa femme donnent en 827 au chapitre de Saint-Julien quatre manses, dont celle où l’église est en cours de construction.  La dédicace n’est pas précisée et c’est sans doute le chapitre de Brioude qui choisit saint Sébastien, dont les reliques venaient d’être transportées de Rome à Soissons. C’est un bel exemple de ce mouvement qui, au IX^e s., peuple toutes les niches d’un territoire difficile et pousse les grands propriétaires, à leur initiative et à leurs frais, à décentraliser le réseau paroissial.

La documentation s’arrête, hélas, à cet acte de naissance…  Le lien avec Brioude se distendra. En 1317, lors du démembrement du diocèse de Clermont, la frontière passe entre Bousselargues, qui reste à Clermont, et Brioude qui va relever du nouveau diocèse de Saint-Flour. C’est l’évêque de Clermont qui nomme à la cure. En 1790, le découpage départemental ramène Bousselargues dans le giron de Brioude. En 1845, la commune est réunie à celle de Blesle ; la paroisse disparaît.

Son église est bâtie au sommet et en lisière sud du village. L’accès se fait par un portail gothique à deux vantaux ménagé dans le mur nord.

La structure est modeste de dimensions (13,50 m de long) et simple d’aspect : une nef  voûtée en berceau, une abside en cul-de-four. Les proportions respectives de l’abside et de la nef annoncent deux époques différentes. Le cul-de-four a pu être l’abside d’une église plus petite. De l’extérieur, on voit s’élever le mur-pignon oriental nettement au dessus de la toiture de l’abside. La partie centrale de ce mur oriental se prolonge en un clocher-mur qui peut être du XVII^e siècle. Un oculus ménagé dans le mur formant un arc triomphal est décalé vers la gauche, pour trouver plus d’espace entre le toit de l’abside et la face inférieure de la voûte.

Cette église rurale se distingue pour avoir conservé plusieurs éléments de son décor peint. Le cul-de-four surtout remplit sa fonction imagière. Il est entièrement occupé par une composition datable du XV^e siècle : elle présente le buste d’un Christ en majesté, de type romano-byzantin, entouré par les symboles des quatre évangélistes, identifiés par des phylactères. Sur le retour du mur nord de l’abside, on voit une Vierge à l’Enfant.  Ce décor est précieux parce que, ni maladroit ni excellent, il donne une bonne idée de ce que pouvaient être les décors figurés des églises de campagne. Il a été restauré il y a une vingtaine d’années.

Les travaux récents ont cherché à déceler, dans la nef, d’autres peintures murales. On y a retrouvé quelques vestiges d’un décor typique du XVII^e siècle : fleurs de lys en bandeau et, dans une niche, une charmante composition d’un vase contenant quatre fleurs.

L’église conserve trois statues de facture traditionnelle : saint Laurent, saint Sébastien, saint Roch guéri par un ange.

Le programme de travaux désormais achevé, auquel la Sauvegarde de l’Art français a contribué pour 3 500 €, a permis de recouvrir le toit de lauzes, de réparer d’importantes fissures, de refaire les enduits extérieurs et intérieurs. Quelques problèmes de remontée d’humidité subsistent, mais les travaux ont été suivis attentivement par les habitants, très attachés à leur antique et poétique église.

Ph. M.