Occitanie, Gers (32)
Biran, Église Notre-Dame-de-Pitié
Édifice
Eglise Notre-Dame de Pitié. Biran est situé au centre géographique du Gers, au nord-ouest d’Auch, à l’est de Vic-Fezensac. Le village construit sur un éperon barré, encre la vallée de la Baïse et celle de l’Auloue, a conservé à l’est sa porte de ville médiévale, tandis que la rue unique bordée d’habitations s’achève à l’ouest par une place cantonnée au sud par l’église et au nord par la mairie, installée dans le château du XVIème siècle. Sur le point le plus élevé de l’éperon, à l’ouest, subsistent des vestiges de l’ancien château médiéval, notamment du donjon et de l’enceinte polygonale plus tardive.
La seigneurie de Biran appartint successivement aux familles de Biran, de Pardiac, de Fezensac, puis aux Armagnac à partir de 1412 et à la famille d’Albret après 1526. L’avènement d’Henri IV en 1589 consacra le rattachement de Biran à la couronne de France. Cependant, dès la fin du siècle le monarque en fit don au maréchal Antoine de Roquelaure et la seigneurie resta dans cette famille jusqu’en 1756, date à laquelle elle passa de la fille du dernier duc de Roquelaure, duchesse de Rohan-Chabot, au père du tribun Mirabeau, puis à un membre de la famille de Pins, dont les biens furent confisqués à la Révolution.
L’église Notre-Dame de Pitié est donc située au centre du village. Elle fut construite en 1673 à l’emplacement d’un ancien oratoire dédié à la Vierge de l’Ormeau, lieu d’un pèlerinage fréquenté depuis la fin du XIème s., qui bénéficia de la protection des évêques d’Auch et plus particulièrement au XVIIème s. de Mr Léonard de Trappes et de Mgr de La MotheHoudancourt. En 1661, des paroissiens de Biran rapportèrent de Saragosse une statue de la Senora del Pilar : l’afflux des pèlerins plaçait alors Notre-Dame de Biran à égalité avec Notre-Dame de Garnison et Notre-Dame de Cahuzac Dès 1671 fut décidée, à l’initiative du curé Savoye, la construction d’une nouvelle chapelle, entreprise à laquelle fut affecté le produit de quêtes sur décision de Mr Daignan du Sendat, vicaire général d’Auch : le gros œuvre était terminé en 1673, la toiture posée en juin 1674. Dans les années suivantes, la chapelle fut plafonnée et blanchie, l’aménagement intérieur étant achevé en juin 1677. A la fin du XVIIe s. furent ajoutées deux chapelles, la chapelle Saint-Joseph et la chapelle Sainte-Anne, cette dernière étant précisément datée de 1698.
Le plan de l’église se compose d’une nef unique et d’un chevet plat et de trois chapelles au sud formant bas-côté. L’édifice, prolongé à l’est par une sacristie, est précédé d’un avant-porche «toscan» daté de 1850, qui abrite le portail du XVIIe s. sculpté, de grande qualité: l’ouverture en plein cintre est encadrée de deux colonnes corinthiennes gui supportent une architrave décorée d’oves et de denticules. L’encadrement est orné de chutes de fruits, de feuilles et de fleurs ; au sommet du tympan brisé a été placée une petite Pietà.
Au revers de la façade d’entrée s’élève une large tribune. L’église est voûtée sur des croisées d’ogives en bois supportant des voûtains en lattis hourdés au plâtre, les arcs retombant sur des culots sculptés. Les chapelles gui s’ouvrent sur la nef par des arcades en plein cintre sont fermées à l’extérieur par autant de mur pignons.
La pièce la plus remarquable de cette église est le retable de pierre de grandes dimensions qui en orne l’abside : on l’a attribué à Gervais Drouet, auteur du jubé de Sainte-Marie d’Auch, daté de 1671 (et démoli au XIXème s., mais il pourrait également être dû au sculpteur Jean Douillé auquel furent commandés en 1662 treize retables pour les chapelles de Sainte-Marie d’Auch. Le nom d’Antoine Guépin, gendre du sculpteur Pierre Affre, a été récemment avancé comme plus probable.
L’iconographie du retable est celle des Mystères Douloureux de la vie de la Vierge, une Pietà à grandeur étant placée au centre de la composition. Elle est surmontée de la représentation du Père éternel et du Fils couronnant la Vierge avec une colombe. A gauche, la déposition de la Croix avec Joseph d’Arimathie, Nicomède, Marie-Madeleine et la Vierge; à droite, la mise au tombeau avec les mêmes personnages et les Saintes Femmes. Au premier plan à gauche, sainte Anne et Joachim et à droite, sainte Élisabeth et Zacharie. Au-dessus de la Piet à, le couronnement de la Vierge ; à droite, saint Joseph tenant un lys, à gauche, saint Jean-Baptiste et l’agneau ; ces deux saints sont représentés en position assise et appuyés contre un dosseret de pierre, orné de têtes d’anges. Des vases de fleurs et de fruits sont placés sur la corniche. La Pietà n’est pas sans évoquer celle du retable de Jean Douillé qui orne la chapelle de la Compassion, au chevet de l’église Sainte-Marie d’Auch. Ce retable est classé au titre des objets mobiliers. Audessous de la Pietà, un très beau retable en bois est dissimulé par l’autel. Le retour des murs nord et sud du chevet est garni de boiseries du XVIIIème siècle.
L’autel majeur, placé au centre du retable, est un autel-tombeau en bois doré polychrome datant également du XVIIIe siècle. Le tabernacle en bois doré à ailerons est de la fin du XVIIème s., comme le retable. Il figure une tour carrée entre deux panneaux sur lesquels sont représentés Le Couronnement d’Épines et La Flagellation. Au-dessus du tabernacle a été placée la statue miraculeuse de la Vierge espagnole, adossée à un pilier, comme le modèle de Saragosse.
Chacune des chapelles possède un autel disposé sur une estrade. Dans la chapelle occidentale qui abrite les fonts baptismaux a été placé au XIXème s. un Baptême du Christ en pierre, que l’on peut dater du XVIIe siècle. La Sauvegarde de l’Art Français a accordé une subvention de 70 000 F en 1997 pour les travaux de stabilisation du portail occidental qui tendait à se déverser, pour l’assainissement du mur nord et pour l’étanchéité des baies.
Fr. B.