Bignac, Église Saint-Martin

L’église paroissiale Saint-Martin de Bignac, ancienne dépendance du prieuré conventuel augustin de Lanville (Marcillac-Lanville, Charente), est un édifice à la longue nef unique, jadis voûtée en berceau brisé, couverte d’une charpente, aujourd’hui apparente, mais naguère dissimulée par un plafond, et terminée, à l’est, par une abside de plan semi-circulaire. Un relevé pierre à pierre du bâti permettrait peut-être d’en reconstituer l’histoire, car les murs actuels ont manifestement réutilisé des matériaux, voire même des pans entiers de maçonnerie, correspondant aux états successifs de cette église, manifestement ruinée et réparée à plusieurs reprises. Le portail de la façade occidentale comporte trois voussures nues, retombant sur de simples impostes, encadrées par un cordon orné de pointes de diamants (ou de « têtes de clous ») ; il date sans doute de la fin du XII^e siècle. Juste au-dessus, une fenêtre a été ouverte dans ce qui était peut-être, à l’origine, une simple niche ; le style de son riche encadrement (et en particulier des deux consoles figurées qui soutiennent ses piédroits) permet de la dater, comme la fenêtre sud de la travée droite précédant le chœur, du début du XV^e siècle. La chapelle sud (à fonction funéraire ?), large et peu profonde, couverte d’un berceau brisé perpendiculaire à l’axe de la nef, est plus difficile à situer chronologiquement ; dans son état actuel elle ne paraît pas antérieure au XVII^e siècle. Tout aussi difficile à dater, le clocher-peigne qui couronne la façade abrite une cloche portant la date de 1666 ; les vestiges, au nord, d’un ancien escalier d’accès, semblent correspondre à un état plus ancien dont les dispositions exactes restent inconnues.

Malgré la modestie de son architecture, Saint-Martin de Bignac est un édifice attachant, témoin d’une histoire mouvementée, que sa situation, dans l’angle d’une petite place herbue, occupant l’emplacement de l’ancien cimetière (on y trouve encore une tombe en bâtière de 1860 et un massif qui a pu être le soubassement d’une croix), met particulièrement en valeur. Des travaux de réhabilitation de l’intérieur de l’église ont permis en 2006-2007, en particulier, une meilleure présentation des vestiges d’une litre funéraire et d’un petit autel baroque d’assez belle facture.

Pour la restauration des façades nord, sud et est et la révision de la couverture (y compris celle du toit à deux pentes qui, de façon assez inattendue, coiffe l’abside semi-circulaire), la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 10 000 € en 2010.

Jean-René Gaborit