Hauts-de-France, Nord (59)
Beuvry-la-Forêt, Église Saint-Martin
Édifice
Église Saint-Martin. Située au sud-est d’Orchies, la paroisse de Beuvry relevait de la puissante abbaye de Marchiennes, fondée au viie s., dont deux gouaches des Albums de Charles de Croÿ rappellent l’importance. Sérieusement bombardés en 1712 par les Impériaux, les bâtiments abbatiaux furent saisis, adjugés et démolis à la Révolution, à l’exception d’un portail monumental du xviiie s. et du précieux polyptique de Marchiennes, œuvre de Jan van Scorel, aujourd’hui exposé au musée de Douai.
Comme celle du village voisin de Landas, qui lui est légèrement antérieure, l’église de Beuvry a été élevée sur les plans de l’architecte lillois Jacques-François Lesaffre[1]. Entièrement reconstruite en 1784-1786, c’est un édifice parfaitement homogène, orienté au nord-nord-est, et bâti presque entièrement en briques à partir d’un soubassement de grès taillés. Très simple, son parti s’apparente à celui des églises reconstruites aux xvie et xviie s. en Flandre maritime : clocher de plan carré au centre de la façade ; trois nefs parallèles, séparées par deux files de colonnes toscanes supportant des grandes arcades en plein cintre ; absence de transept. Il s’en distingue par la présence d’un ample comble couvrant les voûtes simulées des trois nefs, et d’un chœur à abside unique, privé de lumière directe par la présence de grandes compositions peintes.
Vaste et fonctionnelle, l’église témoigne d’une austérité particulière, due à l’omniprésence des maçonneries de briques, dépourvues de tout rehaut de pierre[2].
Adjugée à la Révolution, elle échappa à la démolition et fut rapidement remise en état. Restaurée en 1871-1875, elle fut à cette occasion dotée dans ses parties hautes d’un important décor de stuc, réalisé sous la direction de l’architecte Charles Maillard. La guerre de 1914-1918 ne lui causa que des dégâts mineurs.
En 2014, la Sauvegarde de l’Art français a participé aux travaux de restauration générale à hauteur de 20 000 € dont 10 000 au titre du mécénat Duprez-Mulliez.
Philippe Seydoux
Bibliographie :
Arch. dép. Nord, 10 H 256, 885, 920-921 ; 2 O 79.
Étude préalable menée par le Cabinet d’architecture N. T’Kint, à Lille.
[1] Les éléments conservés du chartrier de Marchiennes contiennent le devis descriptif et le plan de l’église. Particulièrement actif à Lille à l’époque Louis XV, Lesaffre fut progressivement supplanté à la fin des années 1770 par le jeune Lequeux, féru de néoclassique. Outre les églises de Landas (1775-1783) et de Beuvry, il est l’auteur de plusieurs hôtels, d’un projet non réalisé pour le Parlement de Douai et des châteaux de la Vigne et de Genech.
[2] Y compris les angles des contrefort plats du clocher et des collatéraux. Les seules exceptions consistent en quelques pierres bleues du Hainaut en remploi, ainsi que dans les corniches et rares larmiers en pierre crayeuse de Hordain.
Le projet en images
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