Centre-Val de Loire, Eure-et-Loir (28)
Berchères-les-Pierres, Église Notre-Dame
Édifice
Entre Chartres et Berchères-les-Pierres – une dizaine de kilomètres séparent ces deux communes – la plaine se déplie à l’infini, entre ciel et terre, « à peine quelques toits font comme un archipel » et les prestigieuses flèches de la cathédrale sont à la portée du regard.
L’horizontalité du paysage est due à la présence d’un immense plateau de calcaire. Parmi les calcaires beaucerons, une des plus anciennes formations est la pierre de Berchères, utilisée pour la construction de la cathédrale de Chartres. Ce beau matériau lacustre, très dur et dense, est omniprésent dans un vaste périmètre autour du village et a servi à l’édification de l’église paroissiale.
Vers 1250, le pouillé nomme la paroisse Bercheriae-Episcopi, en 1736 on l’appelait Notre-Dame-de-Berchères-l’Évesque et en 1793 son nom se fixa en Berchères-les-Pierres.
Ces dénominations multiples disent à la fois le vocable et le présentateur. En effet, le village de Berchères-les-Pierres était une propriété de l’évêque de Chartres. Il ne reste aujourd’hui de ce passé que l’église et le portail de la ferme épiscopale dont les deux ouvertures en arc brisé sont sans doute un vestige de la « très belle clôture » que fit construire Pierre de Mincy, évêque de Chartres de 1260 à 1276.
L’église, située au milieu du village, est un assez vaste édifice constitué par une nef de 35 mètres de long prolongée par un chœur rectangulaire et une abside hémicirculaire, flanquée au sud d’un clocher. Ses dates de construction vont du XIe au XVIIe siècle.
Du XIe s. demeurent l’appareil en arête de poisson de la nef et les contreforts peu saillants. Elle est éclairée par une seule fenêtre du côté nord et par quatre du côté sud.
Au XIIe s., on reconstruisit le pignon ouest, aux contreforts un peu trop soigneusement appareillés et l’on ouvrit une porte en plein cintre aux claveaux non moins soigneusement taillés. L’abside fut également reconstruite et, probablement au XVIIe s., les murs furent surélevés au niveau de la nef comme en témoignent les corbeaux extérieurs encore présents.
Le clocher, élevé au XIIIe s., couvert d’une pyramide d’ardoise surmontée d’une flèche, est une tour à trois étages dont le dernier était éclairé sur ses quatre faces par des fenêtres géminées. Deux fenêtres, l’une sur le côté ouest, l’autre au sud, disparurent dans l’effondrement de l’angle sud-ouest. Les ouvertures furent murées aux trois quarts ; dans deux d’entre elles, on ménagea une ouverture quadrilobée. Le rez-de-chaussée de la tour communique avec le chœur par une puissante arche aujourd’hui obstruée et entourée de deux arcs de décharge.
Au XIIIe s., le mur nord du chœur fut également reconstruit. Il est percé de deux fenêtres dont l’une a été remaniée au XIXe siècle.
Au XVIe s., on perça une large fenêtre dans la façade ouest que l’on orna d’une paire de fleurons. C’est également à cette époque que la charpente, aux poutres rainurées, engoûlants prismatiques et entraits ornés de têtes de dragons, griffons, volutes, fut reconstruite et surélevée, ainsi que le prouve une rangée de sept corbeaux subsistant sur les murs intérieurs nord et sud.
l’intérieur, auquel on accède par une petite porte côté sud précédée d’un porche construit en moellons vraisemblablement au XVIIIe s., on remarque le sol en pierres de Berchères et de nombreuses dalles tumulaires, ainsi qu’un vitrail dans le chœur refait « à l’identique » après 1944 attestant «com[m]ent la cathédrale de Chartres fut construite avec des pierres de Berchères ».
Les travaux du XIXe s. ont fait disparaître le mobilier ancien à l’exception d’une belle chaire Louis XVI.
Pour la réfection de la charpente et de la couverture de la nef et de l’abside, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2004.
Anne-Marie Joly