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Réunis sur une falaise schisteuse surplombant la gorge du Cangeit, en pays d’Ossau, l’église médiévale Saint-Jacques-le-Majeur et le château, ancienne abbaye laïque, étape sur la route des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, devenue propriété de la famille d’Espalungue, dominent légèrement le village de Béost. Á l’entrée de l’église, dans le bas-côté sud, la pierre tombale de Raymond d’Espalungue, mort en 1698, grande dalle de pierre sombre, mentionne ses titres de seigneur de Cazaux de Louvie-Juzon et d’abbé laïque de Béost. Le lieu est attesté en 1355 dans le cartulaire ou Livre rouge d’Ossau ; il dépendait de l’évêché d’Oloron. Les   restes découverts en 1968 dans les combles du clocher seraient ceux d’un groupe de pèlerins morts de la peste en 1602 ! Un peu plus loin, le hameau de Bagès, dans la commune de Béost, est la patrie du berger botaniste autodidacte Pierrine Gaston Sacaze (1797-1893).

L’église, insérée dans le village, est couverte d’ardoises ; la pierre appareillée, à la partie inférieure du chevet, contraste avec sa surélévation en moellons. Le sol fait alterner des dalles de schiste bleu et de marbre blanc ; le nombre et la qualité des ouvrages taillés dans ce matériau (marbre veiné de Louvie–Soubiron utilisé pour le portail, les chapiteaux, le bénitier et la cuve baptismale) enrichissent ces effets de décoration minérale. L’abside (XIIIe siècle ?) voûtée en cul-de-four rappelle l’origine romane de l’édifice qui, à cette exception près, remonte au XVe et au XVIe siècle ; en 1550, on peinait encore à poursuivre et achever les travaux. La nef a été voûtée d’ogives au XVe s., sans surélévation, d’où l’abaissement visible des départs de voûte, sans doute pour respecter en hauteur les volumes d’un ancien berceau de bois. Elle est flanquée d’un bas-côté au sud et de deux chapelles au nord. Le clocher carré du XVIe s., à trois étages et fenêtres gothiques tardives, abrite deux cloches de bronze du XVe siècle. Une restauration générale a été effectuée au XIXe s. et une sacristie ajoutée au sud-est à cette époque. Á la fin du XIXe s., il fut en outre procédé à la décoration peinte des murs et des supports, mais cette ornementation n’a pas été épargnée lors de la campagne de restauration engagée en 1968.

Culs-de-lampe et chapiteaux – ceux de l’arc triomphal remontent au XIIIe s. – sont décorés de personnages, de feuillages (chapiteau au nord de l’abside et tailloir avec frise de feuilles de chêne sur l’un des piliers au nord) et d’animaux : ours, lion, vache à l’un des tailloirs de l’ancienne chapelle Sainte-Catherine, oiseaux sur deux registres au chapiteau côté sud de l’abside. Des modillons romans ont été remployés pour compléter la décoration du portail qui date du XVe siècle. Si les colonnettes de marbre présentent de classiques profils prismatiques, l’ensemble perpétue une tradition romane très vivace, dont elles constituent un exemple tardif et brillant. Sur la voussure qui surmonte l’arc en plein cintre figure un important défilé de petits personnages sculptés sur les claveaux de marbre : le Christ entouré des douze apôtres, deux anges musiciens ouvrant et fermant la séquence. Saint Jacques porte cape, chapeau et bâton de pèlerin. Dans une niche de la même époque apparaît Dieu le Père assis, bénissant, tenant le Livre.

Une pietà gothique tardive (XVe s.), en marbre de Laruns (cl. M.H. 1906), sculpture assez rustique, peut être considérée à bon droit, dans sa noble raideur, comme une « œuvre majeure du Béarn » (Françoise Fabre-Barrère). L’autel et retable de bois peint et doré du XVIIIe s. et la statue de saint Jacques le Majeur (bois polychrome), ainsi que les deux autels-tabernacles secondaires de bois peint des chapelles Notre-Dame et Sainte-Catherine (ce dernier réalisé après 1750) sont autant de témoins de la richesse du mobilier.

La Sauvegarde de l’art français a accordé une somme de 6 000 euros pour la restauration des façades nord, des charpentes et des couvertures.

Paul Mironneau

 

Bibliographie :

V. Allègre, Les vieilles églises du Béarn. Étude archéologique, t I, Toulouse, 1962, p. 394.

Fr. Fabre-Barrère, Les trois sœurs romanes : Assouste, Béost, Louvie-Soubiron, Pau, les Amis des églises anciennes du Béarn, 2007.

 

 

 

 

 

 

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