Béligneux, Chapelle Saint-André de Chânes

Chapelle Saint-André de Chânes. L’origine de cette chapelle de hameau, placée au milieu de la grande plaine de La Valbonne, non loin du Rhône, peut être liée à la présence d’un ancien hôpital cité en 1176 et fondé par les Cisterciens de Saint-Sulpice en Bugey. La visite de 1655 déclarait que cette chapelle avait été bâtie « depuis environ 200 ans, à la requête des habitants ». On y venait autrefois en pèlerinage pour implorer saint André contre la grêle.

En réalité ce petit édifice rural est difficile à dater : il semble de tradition romane, avec une nef rectangulaire prolongée sans transition par une abside en cul-de-four. Sa longueur totale est de 14 m et sa largeur de 6. Les murs sont faits de galets du Rhône. Les fenêtres sont en plein cintre et les encadrements en briques, ce qui dénote des percements assez récents peut-être en remplacement de fenêtres plus étroites et plus anciennes. Un petit clocher-mur s’élève en façade, percé d’une ouverture pour la cloche. Cette façade est précédée d’un auvent couvert à trois pans, en tuile creuse, percé seulement d’un portail en plein cintre assez récent. L’ensemble n’est couvert que d’une toiture à charpente apparente, bien conservée, mais indatable sans analyse et sans doute plusieurs fois refaite. Une petite corniche court dans l’abside, au tiers de la hauteur du mur. Un cul-de-lampe placé derrière l’autel, et qui portait autrefois une statue, est orné d’un ange tenant un écusson frappé des armes de la Savoie (de gueules à la croix d’argent). La région de Chânes ne fut acquise à la Savoie qu’en 1355.

L’intérêt de cette chapelle réside surtout dans les peintures murales qui décorent les murs intérieurs et dont une grande partie a déjà été restaurée. Dans le chœur, de part et d’autre de la fenêtre centrale récemment réouverte, figurent, à gauche, saint André tenant sa croix, le patron de la chapelle, et, à droite, saint Antoine reconnaissable à sa clochette, au cochon qui l’accompagne et au feu qui entoure ses pieds (le mal des ardents ou feu de saint Antoine). Ces deux personnages sont encadrés par un trait à l’ocre et sont environnés de fleurs à tiges et pétales stylisés. Les murs latéraux ont conservé leurs croix de consécration peintes à l’ocre à intervalles réguliers. Le mur nord offre en outre un grand dessin au crayon ou à la mine de charbon représentant saint Michel pesant les âmes et terrassant le démon. Une figure assez semblable se voit non loin de là, dans l’église de Saint-Maurice-de-Gourdans. Cet ensemble pourrait dater  du XVe s., comme le suggère l’armure de l’archange, ce qui confirmerait la date avancée par la visite de 1655. Ces peintures ont été restaurées en 1987-1988.

Une statue de saint André, en pierre, a été découverte dans la fenêtre axiale lors de la réouverture de celle-ci ; un panneau de bois représentant le même saint provient peut-être d’un petit retable peint ou d’un devant d’autel ; une petite Vierge à !’Enfant assise en bois polychrome (XIVe-XVe siècle ?) a été volée il y a quelques années.

Pour la restauration de la chapelle, couverture, enduits des façades et chaînage, la Sauvegarde de l’Art  français a accordé  7 622 € en 2000.

P.C.