Hauts-de-France, Oise (60)
Beaumont-les-Nonains, Église de l’Abbaye de Marcheroux
Édifice
Ancienne abbatiale de Marcheroux. Une abbaye fut fondée en 1122 par un disciple de saint Norbert, à Beaumont. Cet établissement fut transféré, grâce aux libéralités du seigneur Ansculphe de Fay, sur le site actuel vers 1145. Le site primitif de Beaumont, devenu les Nonains, était alors confié à des Norbercines. Malgré de modestes moyens, les bâtiments, de grande qualité, furent remaniés au fil d’une histoire agitée. L’église, endommagée pendant la guerre de Cent Ans, fut à nouveau consacrée en 1536, puis, en 1615, elle fut dévastée par un ouragan qui renversa le clocher et une partie des voûtes. En 1668, Marcheroux s’agrégea à l’Ancienne Observance. De nouveaux dégâts causés par les intempéries nécessitèrent une importante campagne de restauration sous l’abbatiat de Dagobert Millet (1708-1720) qui fit reconstruire la nef et la façade presque entièrement et dota l’église d’un nouveau mobilier. L’église ne possède plus les stalles et les boiseries du chœur, réalisées au XVIIIe siècle. A la Révolution, les premières ont été transférées à La Houssoye, et le maître-autel à Montjavoult.
Dans son état actuel, l’église présente une façade classique à deux niveaux, qui porte la date de 1713, mais où, contrairement à l’église de Ressons, les caractères gothiques n’ont pas disparu, avec notamment des contreforts chaperonnés. La niche en étage abrite une statue de saint Nicolas. L’apparence actuelle de l’édifice est trompeuse ; le plan semble comporter une nef unique de quatre travées et une abside à cinq pans. Il s’agit en fait d’une nef de deux travées, d’une travée plus longue, correspondant à l’ancien transept, d’une travée droite de chœur et d’une abside à cinq pans. Les deux premières travées, construites en brique et épaulées par des contreforts en pierre, peuvent être rapprochées par cette technique de construction comme les hautes baies en plein cintre, des vestiges de l’abbatiale prémontrée voisine de Ressons. La troisième travée, plus longue que les précédentes, est le vestige d’une croisée de transept dont les bras auraient disparu, peut-être dès la fin du Moyen Age.
La partie orientale de l’église est la plus ancienne. Elle se compose d’une travée droite, éclairée initialement par des baies géminées. L’alternance des retombées permet de restituer un voûtement sexpartite. L’abside polygonale à cinq pans, extrêmement élancée, était éclairée par de vastes baies en arc brisé, flanquées de colonnettes et coiffées d’archivoltes. Des contreforts à retraits soigneusement appareillés scandent le volume extérieur d’un chevet d’ une grande élégance, malgré des reprises plus tardives dans l’appareillage du mur de soubassement.
Les chapiteaux d’origine, nombreux dans l’abside, avec feuilles lisses échancrées ou palmettes baguées, ont été pastichés au XVIIIe s. dans le reste de l’église. Leur décor permet de conforter des rapprochements avec des monuments de la région datant du troisième quart du XIIe s., comme la cathédrale de Senlis ou l’ abside de Saint-Frambourg dont les baies sont comparables. On peut donc estimer de la même époque les parties les plus anciennes de Marcheroux, qui sont vraisemblablement les vestiges de la première abbatiale.
Le sauvetage du monument n’en prend que plus de valeur puisqu’il s’agit d’une des plus anciennes abbatiales prémontrées conservées, contemporaine de Saint-Martin de Laon ou de Valchrétien. Pour l’assainissement des maçonneries et la couverture du chœur, dont l’état d’abandon était plus qu’alarmant, la Sauvegarde de l’Art Français a accordé deux subventions successives de 300 000 et 200 000€ en 1996 et 1997.
D. Sandron
Le projet en images
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