Auvergne-Rhône-Alpes, Cantal (15)
Barriac-les-Bosquets, Église Saint-Martin
Édifice
Église actuelle trouve son origine dans un oratoire consacré à saint Martin, cité dans le polyptyque qui recense les biens auvergnats de Saint-Pierre le-Vif à Sens. De l’édifice du XIIe s. subsistent le chevet en cul-de-four et le chœur rectangulaire voûté en berceau : ce sont ceux d’une très modeste église paroissiale. Seule la couronne de modillons, caractéristique du pays, anime à l’extérieur la grande simplicité de l’architecture. Une sacristie, sans douté créée au XIXe s., noie le mur nord du chevet et du chœur. Sa démolition a été décidée. À l’intérieur, le caractère roman de cette partie de l’édifice n’est guère apparent. Les piliers de l’arc séparant le chevet et le chœur ont été arasés au XIXe s. jusqu’à une hauteur d’environ deux mètres, pour loger un nouvel autel. Surtout, murs et voûtes ont été peints, sans doute dans la première moitié du XIXe s., d’un élégant décor à caissons, qui n’est pas en mauvais état. Des sondages, prévus dans une deuxième tranche de travaux, pourront dire s’il recouvre des peintures plus anciennes. L’époque gothique a construit une nef un peu plus large que le chœur et a ménagé deux chapelles dans le mur nord, voûtées d’arêtes. L’une d’elles est consacrée à saint Martin, l’autre à saint Louis, ce qui n’est pas commun. Le saint roi, patron secondaire de la paroisse, est encore bien présent dans les habitudes religieuses. Une procession annuelle conduit à une rustique « croix de saint Louis » en pierre, à 300 mètres du village (le Christ sur une face, le roi sur l’autre). La liturgie locale préserve un « hymne à saint Louis »:
Saint Louis monseigneur de France
Et bon sergent de Jésus-Christ,
Vers toi notre humble cri :
Garde Barriac et la France.
Le mur du midi s’ouvre sur deux chapelles construites au siècle dernier en pendant des deux chapelles du XIVe-XVe s., et dans le même style. On peut supposer qu’auparavant une sacristie s’élevait à l’emplacement de celle qui est la plus proche du chœur, et que le portail d’entrée se trouvait au niveau de la travée occidentale (les travaux ont fait apparaître le jambage gauche de cette entrée). L’ouverture actuelle, sur le mur-pignon, est moderne, mais ne dépare pas la belle élévation du clocher à peigne. Le mobilier de cette petite église est de qualité, les autels des chapelles en particulier, dans le goût classiciste de la Restauration. On note des tabernacles en forme d’urnes. Deux belles statues en bois doré, du XVIIIe s., saint Martin et saint Louis, exposées dans le chevet, semblent avoir été retirées de leurs chapelles respectives et pourraient y retourner. Une autre statue de saint Louis, plus petite, sert à la procession. Une chapelle renferme un petit Roch et son chien, Antoine et son cochon, en pendants. Tous les vitraux sont l’œuvre de Charles Borie, verrier du Puy; la commande est d’août 1949 ; le vieux maître (1877-1951) y fait preuve de son meilleur talent narratif, qui sait animer les sujets les plus classiques. On remarque particulièrement le vitrail représentant le martyre de l’abbé Siliol, enfant de la paroisse, guillotiné à Mauriac en 1793 sous les murs de l’église : le bonnet phrygien du bourreau et la guillotine ne font pas partie de l’iconographie habituelle… Les travaux ont consisté à refaire tous les enduits extérieurs, la toiture de lauzes de schiste, tous les écoulements, ainsi que la menuiserie des parties hautes du clocher et à supprimer la sacristie. La Sauvegarde de l’Art français y a contribué en 1999 pour une part notable (150 000 F), soulageant les finances de cette petite commune attachée à son patrimoine.
Ph.M.