Bourgogne-Franche-Comté, Côte-d’Or (21)
Montbard, église Saint-Urse, Baptême du Christ, d’un nouveau-né et scène de confirmation
Peinture
Boguet, un peintre local
Né en 1902 à quelques kilomètres de Montbard, Ernest Boguet a suivi une formation artistique à travers la France. Il a d’abord étudié à l’École des Beaux-Arts de Dijon, puis à celle de Nancy, avant d’intégrer l’École Nationale des Beaux-Arts à Paris. Ses œuvres sont exposées pour la première fois en 1928 à Dijon, au Salon de l’Essor. Malgré des études de professeur, Ernest Boguet décide de se consacrer à la peinture. En 1932, il élit domicile à Montbard, où il devient décorateur alors que son épouse tient un commerce de droguerie.
Entre 1933 et 1939, il présente ses œuvres à Montbard, à Dijon mais aussi à Paris, au Salon des Artistes Français, dont il devient sociétaire en 1935. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier à Verdun, avant d’être réformé et de rentrer à Montbard. Il expose encore ses peintures à Paris, au Salon des Indépendants en 1942-1943. A cette même période, il entame une série de peintures murales pour des églises de Côte-d’Or, notamment à Montbard, Montigny-sur-Vingeanne et Touillon. Il s’éteint en 1975 à Montbard, sa ville.
Un triptyque religieux
La fresque se trouve dans le baptistère de l’Église Saint-Urse de Montbard et est composée de trois parties. La première, au centre de l’œuvre, représente le baptême du Christ dans l’eau du Jourdain par saint Jean-Baptiste. Tous deux dominent les autres personnages, mettant en relief la centralité de cet événement à partir duquel découle la tradition du baptême dans la religion catholique.
La partie droite de la fresque représente le baptême d’un enfant. Ce sacrement marque le début de la vie d’un chrétien. Autour de l’enfant,sont présentes cinq personnes dont la marraine, le parrain, le prêtre dont l’étole jaune rappelle la couleur dominante du baptême du Christ. Un enfant de cœur tient une bougie, symbolisant l’Esprit Saint alors que le prêtre verse l’eau sur la tête de l’enfant.
La partie à gauche de la fresque, qui était aussi la plus endommagée, représente une scène de confirmation, sacrement qui confirme l’entrée d’un chrétien dans la communauté religieuse. Ainsi, on reconnaît l’évêque avec sa crosse épiscopale, sa mitre et sa chape à dominante jaune et or, qui rappelle le baptême du Christ. Il donne le sacrement de la confirmation à un jeune garçon agenouillé sur lequel il pose la main. Le jeune catéchumène est accompagné de son parrain qui a une main sur son épaule.
Une œuvre montbardoise
En 1943, lorsque Ernest Boguet s’atèle à l’élaboration de la fresque de l’église Saint-Urse, la ville de Montbard vit sous occupation nazie. Même si Montbard est le théâtre de quelques actes de résistances et connait plusieurs déportations d’opposants politiques, la vie artistique ne cesse pas. Ceci est en partie le fait d’Ernest Boguet. La fresque qui orne les murs du baptistère de l’église Saint-Urse, probablement créée sous l’impulsion de Boguet lui-même, ne s’inscrit pas seulement dans une tradition de peinture religieuse, elle fait surtout partie de l’histoire locale.
Afin de peindre sa fresque, Ernest Boguet fait intervenir plusieurs personnalités de la ville de Montbard. Ainsi, il fait poser et prendre en photo les personnes représentées, comme en témoigne une photo retouchée de la main de l’artiste retrouvée à Montbard. On retrouve donc, sous les traits du parrain du baptisé, Marcel Garcia, frère du futur maire communiste de Montbard Jacques Garcia, mais aussi Simone Arnoux, qui tient le bébé dans ses bras, épouse d’un autre peintre montbardois, Louis Arnoux, lui-même représenté une main sur l’épaule du jeune catéchumène.
Une œuvre qui s’inscrit dans la tradition
L’œuvre d’Ernest Boguet s’inscrit dans la tradition des représentations religieuses, à travers un évènement fondateur, le baptême du Christ, et l’image de deux sacrements primordiaux. En effet, le baptême est le fondement de toute la vie chrétienne et marque l’accès aux autres sacrements. Il est traditionnellement célébré par un prêtre en présence des parrains et marraines, présents dans la fresque de Boguet. La confirmation achève le baptême et inscrit pleinement le croyant dans la vie chrétienne. Ce sacrement est réservé à ceux qui ont atteint « l’âge de raison » et est administré par l’évêque. Ainsi, Boguet a effectivement peint un jeune garçon recevant la confirmation de la part de l’évêque en chape dorée.
Par ailleurs, la fresque traduit une autre tradition. En effet, la peinture murale a une longue histoire en Bourgogne et remonte au Moyen-Age. Cette technique de création a été beaucoup utilisée, notamment dans des églises romanes. Ainsi, l’œuvre d’Ernest Boguet s’inscrit dans cette longue tradition bourguignonne. Cependant, c’est un art fragile et qui présente d’importants enjeux de conservation, ce que confirme la fresque de l’église Saint-Urse.
Sa restauration a permis de lui redonner tout son éclat, et de la présenter sous son meilleur jour aux visiteurs et fidèles.
Bibliographie et sources
- Entrevue avec Gilbert Bonsans, habitant et historien de Montbard, Décembre 2016
- D’ocre et d’azur, peintures murales en Bourgogne, Musée archéologique de Dijon, Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1992
- Les sept sacrements de l’Eglise
Projet mené par Charlotte Merveille, Patrik Dostal, Estelle Girardin, Dominica Mocova, Mariana Skoczek-Wojciechowska, étudiants à Sciences Po. La restauration de cette oeuvre a été rendue possible grâce au mécénat de la Fondation d’Entreprise Michelin.