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Statut
Souscription fermée

Représentée vers 1610 sur une gouache des Albums de Charles de Croÿ, l’Église Saint-Omer de Bailleul jouxte un imposant château dont les différents corps de bâtiments se groupent autour d’une haute guette.

Mentionnée depuis le XIIe s., la famille chevaleresque de Bailleul se distingua à la fin du Moyen Age à la cour des ducs de Bourgogne, avant de s’allier aux XVIe et XVIIs. aux plus grandes maisons des Pays-Bas espagnols. Maximilien de Bailleul obtint en 1604 un titre de comte et épousa Christine de Lalaing, la fille du grand bailli de Hainaut. Quant à sa fille Marguerite, elle épousa Ambroise de Hornes, gouverneur d’Artois et général de l’Artillerie du roi d’Espagne. Délaissée par Eugène-Maximilien, devenu prince de Hornes en 1677, la terre échut à la fin du xviiie s. à Marie-Thérèse de Hornes, épouse du prince de Salm-Kirbourg, chambellan de l’empereur, qui n’oublia pas sa terre artésienne, comme l’atteste la présence de son nom sur la grande cloche de l’église, fondue en 1782.

Voisine du château – dont il ne reste aucun vestige –, l’église abritait en son centre le caveau où Adrien de Bailleul fit en 1426 inhumer son épouse. Probablement reconstruite à la fin du siècle, comme en témoigne la fenêtre flamboyante de la travée sud du chœur, elle dut être ruinée vers 1540 par les troupes françaises et relevée au début du xviie s. par Maximilien de Bailleul et son gendre, Ambroise de Hornes. 

Particulièrement élégants, chœur et transept présentent des façades de briques, rehaussées de pierre calcaire, élevées à partir d’un soubassement de grès taillés. La porte basse du transept est timbrée aux armes des Bailleul, accompagnées de la date de 1619 ; le pignon du croisillon nord porte les mêmes armes, avec la date de 1623 ; celui du croisillon sud portait les armes Bailleul et Hornes – aujourd’hui disparues – avec à nouveau la date de 1619. On trouve enfin, gravé sur un barreau de fer réutilisé dans la sacristie, le nom de Maximilien de Bailleul et la date de 1627. Quant au bénitier de la nef, il porte le millésime 1622.

Le chœur, qui comprend une travée droite et un chevet à trois pans, est couvert de voûtes à liernes et tiercerons dont les nervures prismatiques retombent sur des culots placés particulièrement bas. Il est intéressant de noter que ces voûtes sont très différentes de la plupart de celles qui s’élevaient dans la région à l’époque des archiducs[1]. Vraisemblablement construites au xvie s. ; elles ont dû être réparées sinon en partie reconstruites – à l’identique au début du xviie. On trouve en effet sur les clés, à côté du monogramme IHS et de l’agneau pascal, l’écu des Bailleul avec la couronne comtale accordée en 1604. Les transepts sont couverts de voûtes en plâtre sur armature de bois, comme devait l’être celle de la nef avant la regrettable réfection opérée il y a une vingtaine d’années. Les travaux de construction durent être interrompus à la reprise des hostilités, comme en témoigne la présence, aux angles de la nef comme à ceux des croisillons, de culots et de départs de nervures placés au même niveau que ceux du chœur.

L’ensemble dut être une dernière fois restauré au début du xviiie s., après le passage des armées impériales. La seule modification notable apportée au xixe concerne la tour-porche dont l’étage des cloches a été construit en 1898 par l’architecte béthunois Degez autour du clocher d’origine.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé 18 000 € en 2015 pour la restauration de la maçonnerie et de la couverture du bras nord du transept, et 8 000 € en 2017 pour la restauration du bras sud du transept, de la sacristie et du chevet.

Philippe Seydoux

Bibliographie :

 

  1. de Hauteclocque, « Bailleul-lès-Pernes », dans Dictionnaire historique et archéologique du département du Pas-de-Calais, t. XIV, Arrondissement de Saint-Pol, t. II, Arras, Commission départementale des monuments historiques, 1880, p. 19-26.
  2. Edmont, Épigraphie du département du Pas-de-Calais, t. VI, Arrondissement de Saint-Pol, fasc. 4, Canton d’Heuchin, Arras, Commission départementale des monuments historiques, 1926, p. 708-713 et fasc. 6, Supplément, 1929, p. 1266-1267.
  3. Rodière, Épigraphie du département du Pas-de-Calais, t. VI, Arrondissement de Saint-Pol, fasc. 6, Supplément, Arras, 1929, p. 1339.
  4. Demolon, Mottes et maisons fortes en Artois médiéval, Douai, 1991 (Archaeologia Duacensis, n° 4), p. 62-63.
  5. Albums de Croÿ, vol. 20, Comté d’Artois, t. IV, éd. J.-M. Duvosquel, Lille, 1998.
  6. Arch. dép. Pas-de-Calais, F 205 71/2, 8, 14 (plans, devis, courriers, 1875-1898) ; 3 P 071/4, section B (cadastre napoléonien).
  7. Arch. comm. Bailleul-lès-Pernes : plans, devis, courriers (1880-2001).

[1] En particulier celles d’Hesdigneul, d’Hestrus et de Marquette-en-Ostrevant.

Le projet en images

Bailleur-lès-Pernes (62) Eglise Saint-Omer Fondation La Sauvegarde de l'Art Français

Bailleur-lès-Pernes (62) Eglise Saint-Omer Fondation La Sauvegarde de l'Art Français

Bailleur-lès-Pernes (62) Eglise Saint-Omer Fondation La Sauvegarde de l'Art Français

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Bailleur-lès-Pernes (62) Eglise Saint-Omer Fondation La Sauvegarde de l'Art Français

Plan de Eric Barriot, architecte du patrimoine