Grand Est, Aube (10)
Avirey-Lingey, Église Saint-Phal
Édifice
La commune d’Avirey-Lingey résulte de la fusion, en 1791, des deux communes d’Avirey et de Lingey, créées en 1790. Avant cette date, la paroisse d’Avirey, attestée depuis 1180 au moins, était rattachée au diocèse de Langres, doyenné de Bar-sur-Seine, à la seule collation de l’évêque.
Malgré cette attestation précoce, aucune trace archéologique d’une église médiévale n’a pour l’heure été retrouvée. L’église paroissiale actuelle placée sous le vocable de Saint-Phal, n’est bâtie que dans la première moitié du XVIe siècle. Elle présente un plan rectangulaire, de trois travées. Elle se clôt à l’orient par une abside à cinq pans, prolongée d’une sacristie axiale.
La construction de l’édifice, d’une longueur totale de 24,40 m, a débuté par l’édification du transept et du chœur. Le transept, doublé et non saillant, est constitué de deux vaisseaux parallèles et contigus, dont les travées orientales et occidentales ont la même largeur. L’ensemble est couvert de voûtes à liernes et tiercerons, largement caractéristiques des édifices de Champagne méridionale de la première moitié du XVIe siècle. Les nervures et les arcs doubleaux reposent sur quatre piles cylindriques centrales et sur les colonnes engagées des murs latéraux.
La nef avec bas-côté, sans doute légèrement plus tardive, ne semble pas avoir été entièrement achevée : elle ne comporte ainsi qu’une travée, au lieu des quatre qu’elle aurait probablement dû avoir. Elle est simplement plafonnée, alors même que subsistent des départs d’ogives, traces d’un projet de voûte peut-être abandonné faute de financement. Une tourelle d’escalier desservant les combles, s’insère dans l’angle méridional.
Tourelle, nef, transept et chœur sont simplement couverts en tuile plate. La tour carrée du clocher, qui s’élève au-dessus de la première travée du double transept, présente pour sa part un toit pyramidal, couvert d’ardoise.
Les murs extérieurs, contrebutés par des contreforts s’élevant au niveau des corniches, sont éclairés au niveau du chœur et du transept par neuf larges et hautes baies, à réseau de pierre. Si la façade occidentale n’offre qu’une porte assez modeste en plein cintre, surmontée d’un entablement à corniche droite, les deux extrémités de la travée ouest du double transept présentent chacune un portail monumental surmonté d’une rosace, très proche du portail septentrional de l’église Saint-Jean-Baptiste de Chaource.
Mis à part quatre groupes du XVIe s. sculptés en calcaire et très largement mutilés, ainsi que divers éléments de verrières du XVIe s., classés au titre objet le 12 mai 1908, mais pour l’heure déposés à Troyes, l’église renferme essentiellement des objets et du mobilier des XVIIIe et XIXe s., non protégés.
L’église conserve cependant un important décor peint. Partiellement préservé par un badigeon posé au XVIIIe s. ou au XIXe s., il a récemment été étudié par Clara André, qui propose comme datation principale le second quart du XVIe s., aux alentours de 1540.
Malgré des travaux de confortation entrepris dès le début des années 1980, l’église est fermée au culte par un arrêté de péril prononcé en 2006. Consciente de l’urgence de la situation, la commune entreprend alors un vaste chantier de restauration, divisé en quatre tranches de travaux, pour une enveloppe globale de 1,2 millions d’euros. Les travaux de restauration, assurés par Daniel Juvenelle, architecte du patrimoine, avec l’accord du Service départemental de l’architecture et du patrimoine, débutent en 2009. Outre une reprise des éléments de charpente et de couverture, ils portent essentiellement sur les trois voûtes de la travée ouest du transept, puis sur les trois voûtes de la travée est, et enfin sur la voûte du chœur. Les parties altérées des voûtains, mises sous cintre, de même que les claveaux brisés des arcs doubleaux, sont repris grâce à un changement ponctuel des claveaux fissurés ou gelés, et à un refichage ou à un remaillage des fissures. Le remplage des baies, les murs de la nef, la façade occidentale, la tour extérieure sont également repris. Ces travaux seront complétés par une reprise des pavements et la mise en place d’un système de drainage extérieur.
La première partie de la dernière tranche de travaux s’est achevée à l’été 2016, avec la restauration de la façade occidentale, de la tourelle de l’escalier et des derniers éléments de charpente et de couverture. Une baie partiellement existante et prise dans le mur, a été rouverte à cette occasion. La Sauvegarde de l’Art français a accordé, en 2012, 10 000 € pour la restauration de la partie est du double transept, puis, en 2014, 25 000 € pour la restauration de l’ensemble des maçonneries des voûtes du chœur, ainsi que pour celle des toitures restantes pour le chœur et le double transept.
Nicolas Dohrmann
A. Roserot, « Avirey », dans Id., Dictionnaire historique de la Champagne méridionale (Aube), des origines à 1790, t. I, Langres, 1942, p. 63.
C. André, « Avirey-Lingey : redécouverte et renaissance des peintures murales de l’église Saint-Phal », La Vie en Champagne, n° 79, juillet-sept. 2014, p. 66-72.
Région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine. Portail du patrimoine culturel. Site de Champagne-Ardenne : inventaire-patrimoine.cr-champagne-ardenne.fr/dossier/eglise-paroissiale-saint-phal/9b048b33-1d72-48d1-8226-c0b14449b817