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Sous le vocable de saint Nicolas, l’église paroissiale d’Auriac[1] est placée sous le patronage de saint Barthélemy, comme le rappellent une statue en bois doré de l’apôtre-martyr, figuré avec le couteau de son écorchement, et la fête patronale annuelle du 24 août. Elle est située sur un mamelon au cœur du bourg, dans la vallée de la Sianne. Roman, cet édifice a été repris aux xve et xvie s. (adjonction de trois chapelles) et au xixe s. (réfection du clocher, de la nef et de la façade ouest ; construction de la sacristie au sud du chœur). La cure était, jusqu’à la Révolution, à la collation du prieur de l’établissement clunisien de Lavoûte-Chilhac (Haute-Loire).

Le chœur et l’abside sont romans ; à l’intérieur, la frise courant sur le tailloir des chapiteaux (volutes dont le motif, également présent à Molèdes, évoque curieusement la crosse des armoiries de la ville de Bâle) et, à l’extérieur, les modillons géométriques ou anthropomorphiques du chevet renforcé par des pilastres à dosserets sont les seuls décors subsistant de la construction originelle. Dans l’abside, cinq arcades en plein cintre sont séparées par des colonnettes reposant sur des stylobates ; deux d’entre elles forment niche. Au nord de l’abside était adossée une sacristie (jugée en 1859 « sans art » et « d’une humidité dont rien n’approche ») qui fut démolie et reconstruite en 1860-1861 au sud du chœur.

La coupole, au-dessus du chœur, est sur pendentifs, particularité rare en Haute-Auvergne. Coupole et clocher carré reposent sur des arcs à double rouleau. Le clocher carré fut refait après l’effondrement de 1755, suivant ce que l’on croyait être le modèle d’origine ; chaque face est percée de deux ouvertures ; deux corniches, portant un décor de boules, courent sur les quatre faces.

En l’an xi, l’église est dans un triste état : « le toit fut abatu et une portion d’un mur du cloché ; de plus l’ensenble du batiment a eprouvé de degradation par le defaud d’entretien depuis l’epoque de la Revolution jusque a ce momens, et qui auroit besoin de reparation considerables pour le mettre en etat de solidité et decence pour le culte » ; il fallut donc refaire le clocher, qui avait été reconstruit une première fois après 1755. Un escalier dans une tour ronde, collée au nord de la nef, permet d’y accéder. Outre la cloche de 1703, laissée en place en 1793, une grosse cloche, nommée Anne-Jeanne-Marie, est bénie en 1861.

Sur le chœur s’ouvrent une chapelle au nord (Sacré-Cœur, fondée par les Chavagnac) et la sacristie au sud. Sur la nef rectangulaire s’ouvrent deux chapelles des xve-xvie s., dédiées à la Vierge (celle du sud est dallée en pierre de Volvic en 1880) et à saint Joseph (au nord, anciennement chapelle Saint-Antoine, fondée par Rodier, notaire). Lors de l’inventaire des biens de l’église, le 1er septembre 1790, furent trouvés des titres de fondation des familles Rodier, de la Vernède, de Chavagnac. La voûte de la nef ainsi que la façade occidentale, percée d’un oculus, ont été refaites à la fin du xixe siècle. Une tribune s’élève au-dessus de l’entrée, dans la nef.

Si les chaînages et les encadrements sont en gros appareil, en revanche les moellons de qualité ordinaire appellent l’enduit. Les toitures sont couvertes de lauzes et d’ardoises. Sur les côtés est et nord de l’église prenait place, jusqu’en 1889, le cimetière paroissial.

Une photographie antérieure à 1900, due à Adolphe de Rochemonteix, montre le décor peint figuratif néo-roman du milieu du xixe s. (Christ bénissant au cul-de-four, baie d’axe flanquée de saint Roch et de saint Nicolas) qui, jugé « en très mauvais état » par le Conseil de fabrique le dimanche de Quasimodo 1903 a été remplacé, la même année, par le décor polychrome non figuratif qui a fait l’objet, pour le chœur et l’abside, de la restauration du printemps 2011 ; du décor précédent, les restaurateurs n’ont alors pas trouvé trace. La nef et les chapelles latérales conservent un décor peint dont l’état de dégradation appelle la même restauration, d’ailleurs prévue à brève échéance.

Outre une statue de saint Barthélemy (offerte par la famille Grenier en 1870) et une de saint Roch (à la sacristie), l’église conserve dans la chapelle de la Vierge un retable du xviiie s., dont l’unique statue est une Vierge à l’Enfant ; la chapelle du Sacré-Cœur contenait un tableau de Labro représentant deux anges en adoration devant le Sacré-Cœur (1844 ; retable et tableaux ont coûté 230 francs ; le tableau est désormais déposé au musée de la Haute-Auvergne). Le maître-autel en marbre blanc est du xixe siècle ; sous cinq arcades séparées par des colonnettes faisant écho aux cinq arcades de l’abside, le Christ est entouré des quatre évangélistes. Tous les vitraux sont de la maison Gaudin (Clermont-Ferrand, mi-xixe siècle).

Malgré la réfection de la toiture du clocher et de la nef en 1880, 1918, 1921 et 1932, des infiltrations mettaient en danger non seulement les peintures intérieures, mais aussi la stabilité de l’édifice lui-même. Entre 2010 et 2012, les travaux ont porté sur le gros œuvre, les couvertures et les enduits extérieurs beige-gris sable (partout sauf au mur pignon ouest), ainsi que sur les peintures de l’abside et du chœur. Pour les travaux exécutés en 2011, la commune d’Auriac-l’Église a bénéficié, de la part de la Sauvegarde, d’un don de 5 000 euros. Ce don est venu s’ajouter à une souscription ouverte par la Fondation du patrimoine, puissamment relayée par l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine et de la Mémoire d’Auriac-l’Église[2], qui a rencontré un beau succès, signe de l’attachement de la population et des « originaires » à leur église paroissiale.

 

 

Édouard Bouyé

Bibliographie :

 

Arch. dép. Cantal, 1 Q 505 (inventaire de 1790) ; 2 O 13/2 (travaux au xixe siècle) ; 1 J (archives paroissiales déposées).

  1. de Chalvet de Rochemonteix, Les églises romanes de Haute-Auvergne, Paris-Clermont-Ferrand, 1902, 517 p.

Abbé V. Chanut, Monographie de la paroisse d’Auriac-l’Église. Texte de 1913, Aurillac, Association pour la Sauvegarde du Patrimoine et de la Mémoire d’Auriac-l’Église et Archives du diocèse de Saint-Flour, 2012, 27 p.

  1. Gerbeau, « D’un clocher à l’autre dans le canton de Massiac en 1793 », dans Revue de la Haute-Auvergne, 2011, t. 73, p. 203-210.
  2. et P. Moulier, Église romanes de Haute-Auvergne. III – Région de Saint-Flour. Contribution à un inventaire régional, Nonette, 2001, 189 p.

PHOTOGRAPHIES

 

  1. Plan établi par J. Raflin, 1988
  2. Le chœur à la fin du xixe siècle ; cliché Adolphe de Rochemonteix, avant 1903 ; Archives départementales du Cantal, 32 Fi 14
  3. Coupole sur pendentifs et voûte en cul de four de l’abside (enduit et décor peint restaurés en 2012) ; cliché Édouard Bouyé, 30 juillet 2012
  4. Voûte en cul de four de l’abside (décor peint restauré en 2012) ; cliché Édouard Bouyé, 30 juillet 2012
  5. Chevet, clocher, chapelle nord (du Sacré-Cœur) et tour de l’escalier (restaurés en 2010-2011) ; cliché Édouard Bouyé, 30 juillet 2012

 

 

[1] Cette commune est appelée « -l’Église » pour la distinguer du village d’Auriac dans la commune de Faverolles située dans le canton cantalien de Ruynes-en-Margeride, comme de la commune d’Auriac en Xaintrie corrézienne.

[2] Je remercie vivement Mme Huguette Donavy, membre actif de cette association, d’avoir bien voulu me guider dans l’église et m’aider dans la rédaction de cette notice.

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