Centre-Val de Loire, Eure-et-Loir (28)
Auneau, Église Saint-Remy
Édifice
Auneau fut le siège d’une seigneurie importante tenue du XIe au XIVe s. par les Gallardon, vassaux des comtes de Blois et de Chartres. Elle passa au XIVe s. à Bureau de la Rivière, chancelier de Charles V, qui fit construire une nouvelle forteresse, puis dans la première moitié du XVIe s. à Michel d’Estouteville et à Bertin de Silly, avant d’être vendue aux Joyeuse qui, pendant les guerres de Religion, étaient du parti royal. Les Huguenots occupèrent en 1587 le bourg d’Auneau, mais furent surpris par l’armée de Guise qui remporta une importante victoire (2000 tués, 500 prisonniers). En 1591 cependant, le château d’Auneau se rendit à Henri IV sans coup férir. Auneau passa par vente aux Sourdis, puis en 1722 au baron d’Hariague qui modifia et mit au goût du jour l’ensemble des bâtiments du château.
L’église Saint-Remi s’élève à l’écart du bourg, près d’une fontaine consacrée à saint Maur, dont il subsiste l’étroit bassin du côté nord. Ce fut un lieu de pèlerinage réputé pour ses miracles au XVIIe s., mais fréquenté jusqu’au XIXe s. pour la guérison des paralysies, de la goutte et de l’épilepsie. Elle a servi d’église paroissiale malgré son éloignement du centre, à plusieurs reprises.
L’église est située en contrebas du cimetière, elle est peu dégagée du côté sud. Le clocher, qui s’élève au-dessus du chœur, ne comporte qu’un étage. Le décor de la façade occidentale et l’élévation de l’abside permettent d’attribuer à cet édifice une origine romane : elle fut agrandie, au XVe et au XVIe s., de deux bas-côtés prolongés par deux chapelles d’importance inégale, qui forment en plan un faux transept.
La façade occidentale est de grande qualité ; le portail à deux voussures soulignées par des cordons et coiffé d’une archivolte, est surmonté d’une haute fenêtre en plein cintre elle aussi accentuée par un cordon, sous une archivolte à retour. Les deux niveaux de cet axe médian sont séparés par une corniche qui repose sur des modillons sculptés de motifs zoomorphes. Deux batteries de contreforts encadrent la partie centrale de la façade.
L’abside hémisphérique est éclairée par des fenêtres en arc légèrement brisé qui s’inscrivent dans de grandes arcades formant arcs de décharge. Le profil des fenêtres semble avoir été retracé lors des transformations apportées à l’édifice au XIXe siècle. La chapelle située au sud du chœur est flanquée à l’angle par une tourelle de plan carré qui permet d’accéder au comble et au clocher, auquel il avait sans doute été prévu de donner plus de hauteur. L’élévation de la chapelle nord est soulignée par l’élévation des contreforts placés aux angles et du côté est ; une seule fenêtre tardive à deux lancettes surmontées par un oculus l’éclaire de ce côté. Dans le comble a été ouverte au XVIe ou au XVIIe s. une lucarne.
La sacristie, construite au XVIIIe s. dans l’angle formé par la chapelle nord et la première travée orientale de la nef, avait été modifiée par le temps, mais les travaux récents ont permis de redonner un volume plus satisfaisant à sa toiture. La nef de cinq travées a été voûtée en brique ; elle communique avec les bas-côtés par des grandes arcades reposant sur des piliers hexagonaux dont la base et le tailloir pourraient dater du XVe ou du XVIe siècle.
L’intérieur de l’église a reçu entre 1866 et 1868 un décor d’inspiration néo-gothique dans l’abside et néo-Renaissance dans la nef. Si les motifs de fleurs et les fausses coupes de pierres des bas-côtés reprennent des motifs antérieurs, le décor qui orne les parties latérales de la nef semble modestement inspiré, avec ses bandes alternativement sombres et claires et ses « tableaux » en partie haute, de modèles siennois. Cet ensemble étonnant, et sans doute aujourd’hui peu apprécié, souffre de l’humidité par remontées capillaires. Malgré des reprises postérieures à la première guerre mondiale, il possède une certaine cohérence et mériterait d’être étudié et mis en valeur.
L’église conserve une plaque funéraire à la mémoire de la famille Michenet, où sont sommairement dessinés les quatre membres de la famille décédés en 1612. Cette plaque de marbre noir est protégée au titre des Monuments historiques.
La commune, qui a la charge de deux autres édifices religieux, a reçu de la Sauvegarde de l’Art français en 2003 un don de 6 000 € pour des travaux de restauration générale : assainissement, couverture, charpente.
Fr. B.
Bibliographie :
Comte de Chabot, « Le château d’Auneau », Vieilles maisons françaises, 1973, n° 58, p. 11-15.
Ph. Siguret « Église Saint-Remi », Bulletin de la Société archéologique d’Eure-et-Loir, spécial inventaire monumental, n.s., n° 3, 1er trimestre 1985, p. 2-3.