Bourgogne-Franche-Comté, Yonne (89)
Asquins, Église Saint-Jacques
Édifice
Le bourg d’Asquins, situé au de la colline de Vézelay, constitue pour les pèlerins la dernière étape sur la route de Saint-Jacques, avant d’arriver à la basilique de la Madeleine. C’est d’ailleurs à Asquins que le clerc itinérant Aimeri Picaud, originaire de Parthenay-le-Vieux, en Poitou, termina le Liber sancti Jacobi, avant de le porter en 1139 ou 1140 à Compostelle. L’église a gardé dans son architecture, son décor et son mobilier, l’empreinte de toutes les époques, du XIIème au XVIIIème siècle. Le premier sanctuaire fut consacré entre 1055 et 1098 par l’évêque d’Autun Aganon. En 1132, une église est à nouveau consacrée par Étienne de Bagé, sous le nom de Ecclesia Peregrinorttm(église des pèlerins). Après la sécularisation de l’abbaye de Vézelay en 1538, Asquins fut rattachée à l’évêché d’Autun. Les troubles des guerres de religion atteignirent le village en 1569. A partir de 1570, l’église fit l’objet de travaux importants comportant notamment la reconstruction du bas-côté sud. C’est au curé Grognot que reviennent la construction d’un clocher-porche et la restauration de la façade occidentale détruite en 1762. Le chœur fut reconstruit « à hauteur de la nef ». L’évêque d’Autun A. Y. de Marbœuf bénie l’église en 1775.
L’édifice de grandes dimensions s’élève sur un terre-plein. La base du clocher forme un avant-corps couronné d’un fronton triangulaire. La porte d’entrée cintrée est surmontée d’un cartouche orné de deux angelots dans un nuage . Le premier niveau de la tour est percé de baies cintrées. Ses angles sont flanqués de pilastres engagés à chapiteaux corinthiens. Des corniches moulurées couronnent son sommet coiffé d’une flèche en égout. La nef et les bas-côtés sont abrités par une toiture unique. Les façades latérales, très sobres, sont scandées de baies cintrées et de contreforts à glacis. A l’intérieur, la nef centrale ouvre sur les collatéraux par de grands arcs brisés. Elle est couverte d’une voûte en berceau brisé portée par de gros arcs doubleaux. L’abside voûtée d’un cul-de-four et de voûtes en pénétration est précédée d’une travée droite percée au nord et au sud de lunettes. Le mobilier date du XVIIIème siècle. Deux retables de grande qualité décorative, sculptés et peines, de part et d’autre de la travée de chœur, représentent saint Nazaire et saint Celse, martyrs, et saint Andoche, apôtre d’Autun. L’intrados de l’arc triomphal est couvert de peintures murales. Le chœur a été entière ment décoré et meublé au XVIIIème s. : il est scandé de six pilastres en faux marbre ; les pilastres sont sommés de chapiteaux ioniques. Le cul-de- four est décoré d’un Saint-Esprit dans une gloire. Quarre toiles peintes dans des cadres moulurés, en stuc, avec des agrafes de style rocaille figurent les pères de l’Église d’Occident : saint Jérôme, saint Grégoire, saint Ambroise et saint Augustin. Le maître-autel est formé d’un élégant tombeau à profil galbé en marbre polychrome du XVIIIème s. avec, au centre, un cœur enflammé, symbole augustinien de la Charité. Un tabernacle aux angles décorés d’ailerons à volutes complète cet ensemble remarquable. L’église possède également une chaire à panneaux sculptés et peines à l’or, un banc d’œuvre et un Christ en croix du XVIIème siècle. La Sauvegarde de l’Arc Français a accordé une subvention de 110 000 Fen 1995 pour la restauration des maçonneries du clocher et pour celle de la façade occidentale avec ses ailerons.
P. de M.