Bourgogne-Franche-Comté, Yonne (89)
Arthonnay, Église Saint-Valentin
Édifice
La grande église d’Arthonnay, dédiée à saint Valentin, est actuellement réduite à d’impressionnantes ruines qui s’imposent à l’entrée nord du village. Il s’agissait d’un vaste édifice entrepris à partir de 1535 et dont la nef ne fut, semble-t-il, jamais achevée. Élevé en pierre de taille, il synthétisait de façon grandiose des éléments appartenant à la tradition du gothique flamboyant et une riche décoration déjà Renaissance. Selon une iconographie relativement rare, un bas-relief encastré dans le mur méridional figure la pose de la première pierre et porte l’inscription suivante : « l’an mil VcXXXv le XXe de juin Claude Carre sa feme et ces enffens ont assis cette premiere pierre de ceans. Prie Dieu pour eulx ». Une seconde inscription signale que, la même année, Pierre Bossard fonda « ce St tabernacle ». Quant au monument, il fut réalisé à l’initiative d’Antoine de Vienne, premier abbé commendataire de Molesmes, qui se fit enterrer dans l’église en 1551. Sur l’un des contreforts deux anges portent encore un écu à ses armes.
Les XIXe et XXe siècles furent marqués par une longue suite de catastrophes qui conduisit à la triste situation actuelle. Dans un rapport rédigé en 1809, il était déjà question du mauvais état de l’église, victime de la foudre à deux reprises (en 1693 et 1736). En 1813 puis à nouveau en 1827, le tonnerre s’abattit sur le monument, endommageant le clocher, probablement élevé plus tardivement. En raison de la chute de pierres dans la partie sud ainsi que du mauvais état général de l’édifice, la municipalité en interdit l’accès en 1904 et la désaffecta en 1906 ; son mobilier fut vendu en enchères deux ans plus tard. L’église demeura à l’état d’abandon, ce qui provoqua des effondrements partiels en 1924, puis en 1926. Probablement pour préserver l’édifice d’une destruction totale, on l’inscrivit sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1926 puis, en 1932, on classa le mur méridional avec son portail et sa belle rosace.
En 1985, le conseil municipal décida la mise en valeur et la protection des ruines, aidé en cela par une association particulièrement active, l’Arthonnaysienne. Plusieurs actions de consolidation furent conduites en 1988 et 1990. Une étude générale, remise en 2008 par Marc Walter, architecte du patrimoine, prescrivit une série de travaux répartis en cinq tranches. La première phase concerne les consolidations provisoires et urgentes de deux piles de la croisée du transept, pour laquelle la Sauvegarde de l’Art français a versé un don de 15 000 € en 2010.
Philippe Plagnieux