Grand Est, Vosges (88)
Aroffe, Église Saint-Sulpice
Édifice
Sous l’Ancien Régime, la paroisse Saint-Sulpice d’Aroffe ressortissait du diocèse de Toul et faisait partie des quatre églises à la collation de la secrète de Remiremont, cette dernière étant aussi le principal décimateur. L’église est aujourd’hui indivise avec la commune toute proche de Soncourt. L’église fut édifiée dans la seconde décennie du XVIe s., lors de la grande vague de reconstruction des églises de Lorraine à la fin du Moyen Âge. La reconstruction devait être achevée ou presque en 1528, date jadis portée par une verrière aujourd’hui disparue, mais attestée par plusieurs textes du XIXe siècle. D’assez importants travaux de reprise du mur gouttereau sud furent effectués au début du XVIIIe s. à l’instigation de l’architecte-entrepreneur Pierre Eldric de Mirecourt, d’origine italienne, qui travaillait pour le chapitre de Remiremont. Le clocher hors œuvre, à la datation incertaine (élément médiéval ou XVIe s. ?), fut surhaussé après 1733. Le portail latéral fut pourvu d’un décor néo-gothique au XIXe s., la sacristie reconstruite en 1872.
L’édifice s’élève sur le flanc du coteau qui surplombe au sud (375 m d’altitude) le village d’Aroffe, traversé par le ruisseau du même nom. L’église est entourée de l’ancien cimetière. Elle est construite sur un plan rectangulaire s’achevant à l’est par une abside pentagonale plus étroite, tandis qu’un clocher hors œuvre s’élève à l’ouest. Le matériau utilisé est un moellon de calcaire local, la pierre de taille étant réservée aux encadrements, aux contreforts et aux chaînes d’angle harpées du clocher. Elle appartient au type de l’église-halle à degrés, assez fréquente dans les zones rurales de la Lorraine du sud et de l’ouest. La nef, plus large et légèrement plus élevée, et les collatéraux forment un ensemble de trois vaisseaux de quatre travées dégageant un volume sobre et lumineux, couvert d’une voûte d’arêtes à nervures prismatiques à pénétration. Les baies sont ornées d’un remplage flamboyant à deux formes aux motifs variés mais encore assez sages. Le chœur aussi large que profond est voûté en étoile. Une toiture à longs pans et croupe couvre les trois vaisseaux ; les essis (le bardeau lorrain), attestés partiellement au XVIIe s. (1665), furent remplacés par la tuile plate au siècle suivant, en 1711, puis par la tuile mécanique. Le clocher hors œuvre s’élève au centre de la façade occidentale ; percé de petites baies dont la morphologie, quoique romane d’apparence, ne permet pas d’affiner la datation, il s’achève par un niveau de beffroi largement ouvert. Sa flèche octogonale à égout retroussé sur un plan carré est couverte d’ardoises.
À l’intérieur, on notera la présence, assez inhabituelle, de peintures murales du XVIe s., découvertes vers 1970 dans le chœur : saint Jean présentant un calice, un saint Apôtre non identifié dans le sanctuaire proprement dit, une Chasse de saint Hubert sur le mur fermant le bas-côté sud constitue comme un décor de retable. On signalera aussi d’intéressants fonts baptismaux en pierre d’époque romane (M.H.), témoins d’une première église disparue, deux statues en pierre représentant saint Sulpice (le patron de l’église, XVIe s.) et saint Roch (XVIe s.), une Vierge de Pitié (XVIe s.) et un élément de retable en bois du XVIIe s. dont la peinture représente l’Adoration des Bergers. Cette œuvre d’un peintre anonyme du XVIIe s. n’est pas sans évoquer les réalisations du peintre vosgien Claude Bassot. La chaire à prêcher date du XVIIIe siècle. L’orfèvrerie achetée par la secrète de Remiremont en 1714 à Rivard, orfèvre à Neufchâteau, a malheureusement disparu.
En 2001, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 13 720 € pour la réfection des enduits extérieurs.
M.-B. B.