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L’église Saint-Vivien d’Angeac-Champagne, de l’ancien diocèse de Saintes, est bâtie sur une éminence en limite de bourg. Elle n’a rien de commun avec la résidence de Charlemagne et Louis le Pieux, que les commentaires d’Ermold le Noir situent très précisément à Angeac-Charente, sur les bords du fleuve, et la première mention qu’on en ait remonte à 1110. Mais cet édifice a entièrement disparu, remplacé par une construction homogène de trois travées carrées formant nef, bâtie à la fin du XIIes. ou au début du siècle suivant, pour recevoir des voûtes d’ogives. Une quatrième travée carrée faisant office de chœur, avec une voûte d’ogives à liernes légèrement surélevée et de larges contreforts plats sous glacis près des angles, est peut-être un peu plus récente. En aucun cas l’emploi du moellon ne traduit ici la persistance de restes du XIes., mais correspond à l’usage, constant jusqu’au XXes., d’un matériau local dans les constructions rurales autour de Cognac et de Barbezieux. Les longues et étroites lancettes en arc brisé de la deuxième travée de la nef et des côtés du chœur, dont l’archivolte festonnée ou à tête de clous se prolonge en bandeau jusqu’aux contreforts, sont nombreuses à cette époque, tant en Angoumois qu’en Saintonge. Une grande baie en plein cintre, à remplage géminé sous quadrilobe – repris à une époque ultérieure -, éclaire le chevet. Une corniche souligne un pignon aigu. On ne saurait voir là aucune trace de fortification.

Intérieurement, les faisceaux de trois colonnes qui soutenaient les voûtes d’ogives, détruites durant les guerres de Religion, supportent depuis 1875 des voûtes de brique, et leurs chapiteaux ont été refaits à cette date. Le chœur a conservé une piscine au midi. On ne connaît pas l’emplacement du clocher du XIIIes. dont la vis d’accès subsiste à l’angle nord-ouest du chœur, mais c’est au XVIes. qu’on a bâti au midi, au droit de la travée orientale de la nef, en pendant à la chapelle nord plus basse, une massive tour dont la voûte élevée repose sur des culots sculptés d’angelots, qui portent des écus martelés. On ne retrouve plus la date de 1534, signalée par J. George. Peut-être figure-t-elle sur une inscription en caractères gothiques, rongée de salpêtre, sise à la base du pilier sud-ouest de la chapelle nord.

Les murs latéraux n’ont plus de corniche, à l’exception du clocher qui a conservé la sienne. Á l’ouest, une porte classique, en plein cintre, à clé saillante, en remplace une plus ancienne dont on devine la trace. Au-dessus, un cordon à modillons nus souligne un petit oculus, sous un pignon refait. L’église a été réparée en 1748, en 1864 et, lourdement, en 1875.

Une première tranche de travaux, lancée en 2007, concerne le chevet, la façade et le clocher. La Sauvegarde de l’Art français y contribue pour un montant de 16 000 €.

Pierre Dubourg-Noves

Bibliographie :

Abbé J. Nanglard, Pouillé, t. III, p.334, t. IV, p. 465.

  1. George, Les églises de France, Charente, Paris, 1933, p. 8.

M.-P. Nigès, Notice (multigr.) pour la Sauvegarde de l’Art français, 2007.

  1. Dubourg-Noves, Les églises de Charente(à paraître).

 

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