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Perchée sur une rive abrupte de la Creuse à l’orée d’un pittoresque hameau, à 5 km d’Aubusson, cette église du XIIes. dépendait de la puissante abbaye limousine de Chambon-sur-Voueyze. Elle se compose d’une abside pentagonale au-dehors, semi-circulaire à l’intérieur, sans décor, éclairée par une meurtrière intérieurement ébrasée dans l’axe et une autre au midi, et voûtée d’un cul-de-four de moellons. Un doubleau en arc brisé sur dosserets la sépare d’une travée rectiligne de chœur un peu plus large, dont le berceau de moellons repose sur deux gouttereaux également en moellons, intérieurement renforcés de deux arcs en plein cintre. Ceux-ci reposent sur trois colonnes adossées à chapiteaux nus, sauf un au nord, qui porte un vague décor végétal. Les dosserets qui marquent l’entrée du chœur portent un second doubleau qui repose sur trois assises en encorbellement. Une piscine en arc brisé est présente dans le sanctuaire.

Une nef plus large, charpentée dès l’origine, a été reconstruite sans caractère à l’époque moderne, avec une façade nue à porte cintrée sans décor. Les murs se sont beaucoup déversés. L’église, encore enduite dans les années 1920, a été écorchée voici un demi-siècle environ ; les joints en creux sont tracés au ciment noir qu’une restauration serait avisée de faire disparaître. Un petit clocher carré, couvert de bardeaux, à flèche octogonale, s’élève au-dessus du chœur. Sous le chœur et l’abside se développe une crypte de même plan, éclairée de même, mais exempte de toute sculpture ou mouluration. On y accédait par un escalier droit intérieur dans l’axe de la nef. Il a été comblé, et seule est visible sa porte rectangulaire, obstruée dans le mur ouest de l’église basse. Le berceau a été fait en moellons noyés dans le mortier sur couchis, puis enduits, selon l’antique méthode gallo-romaine. Des plaques tombées de l’enduit, couvert par ailleurs de faux joints ocre d’époque gothique, permettent de voir l’empreinte des planches irrégulières du cintre. On entre aujourd’hui dans cette crypte de l’extérieur, par une porte cintrée basse d’époque classique percée dans le mur sud.

L’extérieur bien appareillé de l’abside, jadis à arêtes vives, offrait un dépouillement d’une grande élégance. Les déversements mentionnés plus haut ont contraint les restaurateurs anciens à couvrir les arêtes d’inélégants contreforts, certains obliques. Abside et chœur ont conservé leur corniche romane, à modillons en cavets, quelques uns portent des sculptures, parmi lesquelles on reconnaît une tête de carnassier bien conservée.

Dans la nef, on peut voir des œuvres d’art populaire des XVIIeet XVIIIesiècles : saint Roch et saint Sébastien, un saint évêque bénissant le bétail…

La Sauvegarde de l’Art français a participé à des travaux de maçonnerie, charpente et couverture par un don de 15 000 € en 2007.

Pierre Dubourg-Noves

 

Bibliographie :

  1. Pérathon, La seigneurie d’Alleyrat, Mém. Soc. Creuse, t. XII, p. 36-52.
  2. Lacrocq, Les églises de France, Creuse, Paris, 1934, p. 4-5.
  3. Mingaud, Églises de la Creuse, 87200 Saint-Paul, 2006, p. 18.

 

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