Nouvelle-Aquitaine, Deux-Sèvres (79)
Les Alleuds, Église Notre-Dame
Édifice
EGLISE Notre-Dame. Cette ancienne église prieurale bénédictine passe pour avoir été fondée en 1120 par saint Giraud de Salles qui appartenait à une famille qui joua un rôle important dans cette région puisque Grimouard de Salles, frère du fondateur de l’abbaye, devint évêque de Poitiers en 1140. Le vingt-quatrième et dernier abbé commendataire des Alleuds fut Gabriel de Villedon. L’abbaye fut plusieurs fois ravagée au cours de la guerre de Cent Ans, puis, en 1568, pendant les guerres de Religion ; les bâtiments, qui avaient été reconstruits à la fin du XVIe s. et au début du XVIIe s., furent progressivement abandonnés pendant la période suivante. La paroisse des Alleuds fut constituée en 1716, en réunissant des hameaux voisins. Le monastère, vendu comme bien national à la Révolution, fut utilisé comme carrière pour la construction des maisons du village. Le chœur de l’église fut démoli.
L’église s’élève à l’écart de toute agglomération, à proximité des bâtiments d’une grosse ferme. Elle constitue un grand volume rectangulaire à nef unique, le mur du chevet actuel ayant été élevé devant le chœur ancien disparu. Le mur de façade, sans aucun décor, est rythmé par trois cordons de pierre en fort relief : dans le registre supérieur a été percée une fenêtre qui abrite une cloche ; au deuxième niveau, les deux ouvertures relativement étroites, dont l’arc en plein cintre a été sculpté dans un bloc monolithe, sont légèrement désaxées par rapport au portail. Comme il est fréquent dans les églises voisines d’Aunis et de Saintonge, la partie la plus intéressante est le porche, en arc légèrement brisé, surmonté d’un larmier dont le retour rejoint au nord et au sud deux colonnes engagées formant contreforts sur toute la hauteur de la façade. Le porche s’ouvre au fond de trois voussures à claveaux qui reposent sur de vigoureux tailloirs et sur des chapiteaux à motifs de feuillages, assez tardifs ; seule subsiste une colonnette à gauche. Le niveau du sol ayant été fortement exhaussé, les bases ne sont plus visibles. Sur le piédroit sud une pierre porte le dessin maladroit d’un chapiteau ionique, incisé. Une petite porte a été percée à droite. Deux épais contreforts ont été élevés sur les murs gouttereaux nord et sud, l’édifice étant mal contrebuté.
À l’intérieur, la nef est couverte d’une simple charpente. Dans chacun des angles s’élève une colonne, et à la mi-temps de la nef, au nord et au sud, trois colonnes en faisceau, ce qui a fait écrire que l’église avait été couverte d’une voûte en pierre, hypothèse cependant improbable étant données la largeur de l’édifice et la faiblesse des points d’appui. Le chœur, dont nous ne savons rien, était peut-être voûté. L’ensemble, d’une extrême simplicité, est extrêmement émouvant.
En l’an 2000, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 18 294 € pour permettre la restauration de la façade occidentale, opération qui a consisté dans le remplacement prudent des pierres de taille les plus endommagées et la consolidation des maçonneries conservées.
Fr. B.