Occitanie, Haute-Garonne (31)
Alan, Église Notre-Dame-de-la-Nativité
Édifice
la commune d’alan, une place particulière dans l’histoire de la sauvegarde
« Où doit paître la vache d’Alan ? »
C’était il y a 100 ans.
Alerté par les Sociétés savantes de la Haute-Garonne et du Gers du projet de démantèlement du portail de l’ancien palais estival des évêques de Comminges par un marchand parisien, Edouard Mortier, duc de Trévise, se rendait sur place, auprès du maire de la commune.
Vue actuelle du Palais des évêques de Comminges
Crédits photos : Mayotte Magnus-Lewinska, photographe
M. Daure lui expliquait alors comment, en 1912, la vache qui orne le portail sculpté du XVe siècle, avait été sauvée par les alanais qui avaient accouru, en pleine nuit, au son des cloches de l’église Notre-Dame, pour s’opposer à son enlèvement par un marchand qui en avait déjà prévu la revente.
« Si pauvres que nous soyons, nous obtiendrons de garder ce qui est un peu notre bien ! » s’était exprimé le Maire.
Tableau du duc de Trévise représentant les villageois sonnant les cloches de l’église d’Alan pour mettre en fuite le marchand venu démanteler la vache sculptée du Palais Épiscopal.
Le récit par le Duc de Trévise de cette visite dans le journal L’Illustration paru le 28 octobre 1920, sous le titre « Où doit paître la vache d’Alan ? », fit grand bruit et permit de sauver une deuxième fois la vache d’Alan.
La vache d’Alan, sauvée par deux fois des convoitises mercantiles.
Crédits photos : Mayotte Magnus-Lewinska, photographe
En 1921, au lendemain de ce scandale, l’association La Sauvegarde de l’Art français voyait le jour, avec pour objectif de mettre fin au dépècement du patrimoine, de travailler à son maintien sur place et à sa réparation.
Sauver de la ruine l’église Notre-Dame-de-la-Nativité
En 1926, inquiet du sort de l’église Notre-Dame-de-la-Nativité, lourdement touchée par les affrontements de la Grande Guerre, le duc de Trévise est parvenu à sauver de la ruine l’imposant clocher-peigne gothique en créant, outre-Atlantique, un cercle de mécènes dit « Comité de Saint-Paul ».
Lettre du 30 octobre 1925, adressée au duc de Trévise, par M. Daure, maire d’Alan, pour solliciter l’aide de la Sauvegarde.
La Marquise de Maillé, qui a succédé au duc à la présidence de la Sauvegarde de l’Art Français, a poursuivi son combat en faveur de la commune. Elle fut notamment à l’origine de la création de l’Association des Amis de la Vache d’Alan à laquelle elle apporta un soutien financier et des conseils avisés pour la conservation du patrimoine communal et plus particulièrement de l’église.
Cent ans plus tard, en 2020, la Sauvegarde de l’Art Français vient à nouveau en renfort de la commune d’Alan pour sauver l’église Notre-Dame-de-la-Nativité, fermée par arrêté de péril depuis 2008.
histoire du village d’alan
Par Christian Pierrot, correspondant de la Sauvegarde de l’Art Français pour la Haute-Garonne
Le joli petit village d’Alan, avec une population d’environ 320 âmes, fait partie du piémont pyrénéen dans la partie nord la moins accidentée de cette région pittoresque, restée authentique, du Comminges qui se prolonge jusqu’aux sommets élevés de la frontière avec l’Espagne.
Le paysage est très vallonné, présentant une succession de collines très marquées douces et reposantes.
Vue du village d’Alan – Crédits photos : Francis Dignat
Alan aurait des origines gallo-romaines, et depuis le XIe s., ce fut une sauveté sous tutelle du clergé local ainsi que la capitale spirituelle locale à but économique de développement de l’agriculture et caritatif (pour secourir les indigents et les déracinés) – le pouvoir politique local s’établissant à la petite ville proche d’Aurignac.
Puis au XIIIe s., le village fut fortifié en bastide. Subsistent de cette époque deux belles portes de ville dont celle du nord – voûtée, comme on en trouve de nombreuses dans le sud ouest – ainsi qu’un réseau de rues orthogonales, donnant sur la très grande et longue place centrale. Côté ouest s’élève la haute façade occidentale du clocher de l’Église, avec en vis à vis le monument aux morts et un obélisque au centre.
Le comté de Comminges fut annexé à la couronne en 1490 après la guerre de Cent ans. Les évêques de Comminges gérèrent la communauté jusqu’à la Révolution, en l’absence du seigneur qui aurait été tué à la bataille de Muret ; ils fondèrent l’hôpital Notre-Dame de Lorette et y établirent leur résidence d’hiver en construisant un important palais où se situe la célèbre porte gothique de la « vache d’Alan », qui fut sauvée du démantèlement vers l’étranger par l’opiniâtreté du Duc de Trévise fondateur de la Sauvegarde, (comme tant d’autres vestiges anciens pillés au début du XX°s tel que le cloître de St Michel de Cuxa…).
l’église notre-dame-de-la-nativité
D’après la notice de Anne Bossoutrot, architecte du patrimoine
La construction de l’église d’Alan remonte à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, à l’époque de la construction du palais des évêques de Comminges.
Entièrement bâtie en pierre de taille, sa sobre façade comporte un beau portail aux arcatures en tiers point. La façade occidentale est surmontée d’un clocher-peigne du XIVe / XVe siècle.
L’église est à nef unique et chevet à trois pans. Des chapelles y ont été rajoutées tardivement au sud, obligeant à les asseoir sur l’emprise des anciens fossés.
A l’intérieur, l’église a bénéficié de plusieurs réaménagements. Le décor actuellement visible remonte au XIXe siècle, au cours duquel plusieurs campagnes de travaux se sont succédé. Les peintures murales de la voûte en cul de four sont l’œuvre d’artistes italiens itinérants, très actifs dans le département. Les voûtes sont en plâtre peint sur lattis, fixées à une structure bois.
Fermée par arrêté de péril depuis 2008, l’église d’Alan souffre de très importants désordres résultant d’une longue absence de travaux. Il importe d’y intervenir sans délai.