Hauts-de-France, Somme (80)
Airaines, Église Saint-Denis de Dreuil-Hamel
Édifice
L’ancienne commune de Dreuil-Hamel se trouva au centre de combats dramatiques en juin 1940. L’église Saint-Denis fut atteinte et fragilisée, tandis que les habitations qui l’entouraient étaient détruites. L’agglomération, ainsi dépeuplée, a été rattachée par la suite à la commune voisine d’Airaines. Le nouvel ensemble comportait donc deux églises paroissiales et la municipalité d’Airaines a décidé d’abandonner totalement, puis de démolir le lieu de culte de Dreuil-Hamel.
C’est ainsi que de 1972 à 2010, l’église de Dreuil-Hamel n’a reçu aucun entretien : les couvertures crevées laissaient la pluie pourrir les charpentes. Très vite, un groupe de paroissiens s’est réuni pour tenter de sauver l’église. Mais ce n’est qu’en 2010 qu’il a réussi à en devenir propriétaire pour un euro symbolique. Depuis cette date, les travaux ont été activement menés et aujourd’hui l’église est de nouveau en état de remplir ses fonctions.
L’existence de cette église est attestée depuis 1514. Le plan se compose d’une simple nef rectangulaire, surmontée d’une voûte en berceau de lattis plâtrée. Le chœur est allongé, mais étroit et il semble constituer l’église primitive. Les murs en maçonnerie de calcaire crayeux sont bien appareillés, mais hétérogènes et traduisent une histoire agitée : les murs nord et sud ne sont identiques ni dans leurs percements ni dans leur épaisseur. Ils comportent de nombreuses traces de reprise et de réparation, consécutives aux destructions des combats de 1940.
Les contreforts semblent avoir été ajoutés tardivement pour conforter la stabilité des murs. Le chœur comporte une fenêtre axiale qui pourrait dater du XIIIe siècle. Le remplage de cette baie vient d’être refait et de nouveaux vitraux ont été posés aux fenêtres du chœur.
Les murs ont souffert de l’humidité. Ils ont été restaurés et consolidés par les bénévoles de l’association qui ont réalisé eux-mêmes tous les travaux de maçonnerie. La charpente de la nef comporte des fermes classiques qui étaient tellement endommagées qu’elles ont dû être refaites à neuf. Seuls les poinçons d’origine ont pu être conservés. Les couvertures ont été entièrement refaites en ardoises.
Le clocher est l’élément le plus original de l’ensemble. Sa charpente ne repose pas sur les murs de l’église, mais directement sur le sol, par l’intermédiaire de robustes poteaux en chêne solidement entretoisés. Une pyramide couverte d’ardoises supporte une élégante flèche octogonale qui culmine à 28 mètres. Le poinçon repose sur une enrayure classique à huit pans. La flèche a été descendue au sol à l’aide d’une grue, pour être restaurée et remise en place.
Une sacristie moderne, en briques, avait été ajoutée à l’est en prolongement de l’église. L’autel d’origine, en pierre, a pu être reconstitué, ainsi que la cuve baptismale octogonale.
Les paroissiens ont assumé très largement cette restauration.
Pour financer les travaux de charpente et de couverture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 5 000 € en 2012.
Jean-Louis Hannebert