Normandie, Manche (50)
Agon-Coutainville, Église Saint-Évroult
Édifice
DESCRIPTION
L’église est implantée sur le point le plus haut de la commune, en bordure de l’estuaire de Régneville. Édifice orienté est-ouest, il est composé d’une nef à trois travées, d’une tour-clocher située à l’avant-choeur et d’un choeur gothique à deux travées avec un chevet polygonal. Elle est remaniée au XIXe et au XXe s., avec l’adjonction d’un nouveau baptistère sur le flanc sud du chœur et côté nord, l’église est complétée d’une nouvelle sacristie et d’une chaufferie.
L’édifice est construit avec différents types de maçonneries et types d’appareillages qui témoignent des nombreuses étapes de construction et restauration de l’église. Le premier édifice avait été bâti en moellons de pierre disposés en opus spicatum. Les remaniements du XIIe s. se distinguent par la teinte rosé et ocre des moellons de pierre granitique. Ceux du XVe s. pour le chœur et du XIXe s. pour le porche utilisèrent des blocs de pierres de parements appareillés en calcaire de Caen.
La charpente est constituée d’une succession de 7 fermes à entrait retroussé en bois de chêne, reliées par des pannes et soutenant une couverture à deux versants réalisée en ardoises fines posées au crochet.
La tour-clocher, haute de 26 mètres est implantée à la croisées du transept. Il s’agit d’une tour massive de plan carré, composée de trois niveaux et épaulée aux angles par de massifs contreforts. Elle présente une triple fonction cultuelle, défensive et maritime.
Les façades ont conservé les trous de boulin ainsi que ses deux gargouilles. La description de l’abbé E. Régnault au XIXe décrit les élévations extérieures du clocher comme recouvertes d’une « couche de mortier blanchi ». L’enduit à la chaux de teinte blanche est une disposition postérieure à la construction du clocher, liée à la fonction d’amer de la tour, probablement à partir du XVe siècle.
La toiture, plus récente, est réalisée en ardoises semi-épaisses, fixées au crochet versant nord et au clou versant sud. Le premier niveau est voûté en ogive et repose sur quatre piliers composés de colonnes semi-engagées appareillées. Le second étage est accessible depuis la tour d’escalier accolée au pilier Nord-Ouest. Le niveau intermédiaire se compose d’un plancher en bois accueillant la machinerie de l’horloge mécanique. Le troisième étage comporte le beffroi constitué de 2 massives cloches, éclairé par 4 grandes baies à meneaux et closes par des abats-sons. Enfin, le dernier étage correspondant aux courtines de guet servait à défendre le havre de Régneville.
HISTOIRE
Au Ve s., un ermitage s’implante dans le bourg d’Agon pour la première fois. Une chapelle primitive est construite dès le XIe s. à l’emplacement actuel de la nef, par le prieuré de Saint-Évroult. Deux siècles plus tard, une tour-clocher à plan carré est rajoutée sur l’édifice et sert d’amer aux marins, comme en témoigne les vestiges de son ancien enduit blanc à la chaux. Au XIVe puis XVe s. les chapelles de la Sainte-Vierge et Saint-Clément forment le transept. A cette même période voient le jour un chevet polygonal de style gothique et un porche, détruit en 1908 et remplacé par un portail de style néo-gothique.
En octobre 1876, le cimetière autour de l’église est démoli et un nouveau se reconstruit à l’extérieur du bourg. En 1880, une tribune accessible par un escalier extérieur, accolé à la façade nord, est construite et les ouvertures des croisées de la nef sont agrandies. Sept ans plus tard, deux cloches sont ajoutées au beffroi et une campagne de restauration des toitures est engagée.
Au milieu du XXe s., une nouvelle sacristie est édifiée et se transforme en baptistère en 1963. Les années 1960 s’avèrent finalement propices à plusieurs travaux de restauration et de réfection.