Normandie, Manche (50)
Agneaux, Chapelle Sainte-Marie
Édifice
La chapelle Sainte-Ursule d’Agneaux est citée dans le Livre blanc du diocèse de Coutances dès le début du XIVe s. sous le nom de chapelle Notre-Dame du Plessis, mais son sort fut si longtemps lié à la famille Sainte-Marie que ce nom lui est resté. En effet, dès avant 1465, le fief d’Agneaux passe des mains des Aigneaux à celles des Sainte-Marie qui demeureront maîtres des lieux jusqu’au milieu du XXe siècle.
L’édifice se trouvait à l’intérieur de l’ensemble d’habitation du château, tout en étant à part, sur un petit tertre. Des bâtiments du château subsistent aujourd’hui deux corps de logis en équerre, remaniés aux XVIe et XVIIe s. (ISMH 3 mai 1974). À l’arrivée des propriétaires actuels, en 1987, la chapelle disparaissait totalement dans la végétation sauvage.
Au XVIe s., deux générations furent attirées par les idées protestantes et la chapelle du château fut utilisée comme prêche.
À la Révolution, « on épargna seulement la petite cloche qui était sur la chapelle parce que, dit-on, c’était sur cette petite cloche que frappait le marteau de l’horloge ». Cette petite cloche, de 1538, a été replacée dans le clocher.
La petite chapelle orientée est construite en schiste, matériau typique des bâtiments du Saint-Lois, de taille extrêmement irrégulière, qui exige des assises sûres pour la pérennité des bâtiments. La déclivité sur laquelle est construit l’édifice est responsable du dévers de la façade occidentale. De plus, lors de la réfection à l’identique de la charpente, le haut des murs a été repris sur environ 40 cm. La pierre taillée, un calcaire très blanc, a été utilisée pour l’encadrement des fenêtres et des ouvertures.
Le plan se compose d’une nef rectangulaire et d’un chevet à trois pans. Cinq baies éclairent la chapelle, trois au chevet et deux dans la nef. L’entrée se fait par une porte simple, à plis serviette, du côté nord. L’ancienne table d’autel en pierre de la chapelle a été utilisée pour servir de seuil ; on y reconnaît les croix gravées aux angles. L’intérieur a perdu ses enduits, sauf dans le chœur, où demeurent des traces de peintures murales de l’époque classique, notamment une vasque à godrons sur haut piédouche. À gauche, un ange debout, représenté de face, lève ses deux mains, tel un orant des premiers temps de l’Église. Les couleurs dominantes de ces peintures sont le bleu turquoise, le rouge, le noir, le gris. Ailleurs, on devine des enroulements de feuillages et de fleurs et un décor architectural. Ces fragments de peintures semblent dater du XVIIe ou du XVIIIe siècle.
Lors de la bénédiction par Msg Bravard, dans le troisième quart du XIXe s., fut placé un autel à retable avec une niche pour la statue de la Vierge. L’ancienne clôture du chœur, aux beaux enroulements de fer forgé, a été sablée, repeinte et remise en place.
En 2000 et 2001, la Sauvegarde de l’Art français a accordé aux propriétaires deux subventions, 13 263 € et 15 245 €, pour la restauration des maçonneries, de la charpente et de la couverture de la chapelle.
J. P.