Normandie, Eure (27)
Saint-Victor-de-Chrétienville, L’Adoration des bergers et la Décollation de saint Jean-Baptiste
Mobilier
Arnaud Leroy, Ézilda Mouveroux, Audrey Pellerin et Elisa Bonnin, étudiants en master d’Histoire de l’Art à la Sorbonne ont participé au sauvetage de deux tableaux conservés dans l’église Saint-Victor de Saint-Victor de Chrétienville (Eure).
LES OEUVRES
L’Adoration des Bergers
La scène de l’Adoration des Bergers prend place dans une étable. A gauche, la Vierge, assise sur une auge et accompagnée de Joseph, présente l’Enfant Jésus aux bergers. Un bœuf est couché à leurs pieds, tandis que la tête d’un âne émerge de la bordure gauche du tableau. Le groupe des Bergers se compose de six personnages, trois hommes et trois femmes. La plus jeune des bergères tend à l’Enfant Jésus un œuf qu’elle tire de son panier. Devant elle, on remarque une corbeille d’osier et une canne à lait en cuivre, deux objets normands. La plus âgée est figurée en prière. Le plus jeune des bergers joint ses mains, tandis que le plus âgé ôte son chapeau en signe de respect. D’après l’Évangile de saint Luc, des anges annoncent aux bergers de Nazareth la naissance de Jésus. Ces derniers se rendent dans l’étable où Marie leur présente le nouveau-né.
La Décollation de saint Jean-Baptiste
La Décollation de saint Jean-Baptiste se déroule dans un cachot où l’on aperçoit la chaîne et le fer qui retenaient Jean-Baptiste prisonnier. Jean-Baptiste est figuré les mains liées, couché au sol sur un manteau rouge, couleur du martyre. Derrière lui, un homme tient dans sa main droite une épée dont la lame est couverte de sang. Dans sa main gauche, ce dernier tient la tête coupée de Jean-Baptiste par les cheveux. Dans la partie droite du tableau figure Salomé tenant un plateau d’argent. En arrière-plan, on aperçoit une vaste salle voûtée à colonnes. Recouverte d’une nappe et des restes d’un repas, un table réunit quatre ou cinq convives, dont le roi Hérode. L’entièreté de la scène est survolée par un ange qui tend vers Jean-Baptiste une palme, symbole du martyre. Cette scène figure un épisode célèbre du Nouveau Testament qui restranscrit l’exécution de saint Jean-Baptiste, ordonnée par Salomé, fille d’Hériodiade, l’épouse du roi de Galilée, Hérode.
DES COPIES DE MAîTRES
L’Adoration des Bergers est une copie d’après gravure d’un original attribué à Pierre Paul Rubens (1577-1640), un des peintres flamands les plus reconnus du XVIIe siècle. Commandé vers 1615 pour orner le couvent des Capucins d’Aix-la-Chapelle, il est aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Rouen. La gravure de Lucas de Oude Vosterman (1595-1675), élève de Rubens en 1617-1618, s’est largement diffusée en Normandie et a certainement servi de modèle pour le tableau de Saint-Victor-de-Chrétienville. L’artiste-copiste a cependant glissé quelques détails discrets qui évoquent le cadre local dans lequel le tableau est amené à être exposé : la corbeille d’osier et la canne à lait posées devant la jeune bergère agenouillée sont typiquement normands.La Décollation de saint Jean-Baptiste est vraisemblablement une copie d’après l’œuvre du peintre et graveur français François Perrier, dit le Bourguignon (1594-1649), cofondateur de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Deux œuvres de l’artiste figurent une Décollation : un tableau peint entre 1629 et 1630, lorsqu’il est chargé de la décoration du monastère de la Chartreuse de Lyon, et une gravure tirée par Pierre Mariette pour un recueil. On observe des différences entre les deux scènes et la gravure se rapproche plus nettement du tableau de Saint-Victor. En effet, un seul élément distingue le tableau christovictorien et l’eau-forte de Perrier. Dans la gravure, on aperçoit dans l’ouverture, un groupe de soldats en armures portant des lances.
UNE RESTAURATION qui s’imposait
La dernière restauration des tableaux remontait à près de 50 ans. Les deux huiles sur toiles avaient donc retrouvé leur lustre d’antan. En effet, les tableaux étaient encrassés de manière prononcée et l’épreuve du temps avait laissé apparaître des craquelures et des pertes de matière. Surtout, le vernis utilisé lors de la dernière restauration avait fortement jauni et terni les toiles, à cause de son oxydation. Le travail du restaurateur consistait à faire rejaillir les nuances originales afin d’apprécier la splendeur des drapés blancs qui font toute la beauté des peintures.
Avant/Après La décollation de saint Jean-Baptiste
Ils en parlent…
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