Acon, Église Saint-Denis

Située dans un enclos paroissial au pied d’un coteau abrupt, l’église paroissiale Saint-Denis est édifiée sur la rive gauche de l’Avre à proximité d’une nécropole mégalithique du néolithique. La paroisse est mentionnée dès le XIIe s., à l’occasion de la confirmation par Simon d’Anet de la donation de l’église aux religieux du Bec-Hellouin.
L’église paroissiale Saint-Denis est un édifice entièrement reconstruit au XVIe s. après les destructions de la guerre de Cent Ans, en deux campagnes. La nef, bénie le 30 juin 1514 par Toussaint Varin, évêque de Thessalonique, a été construite aux frais des habitants. Le chœur est construit vers 1540, aux frais des moines du Bec.
Une charité est instituée en 1741 sous le vocable de Saint-Roch. La charpente du chœur est reprise en 1788, elle en porte la date. Des travaux de réfection du clocher sont effectués en 1844. Une restauration intérieure a lieu en 1852 : plafond, pavage, croisées et porte.
L’église est située sur un fond encore en pente aujourd’hui ; plusieurs marches précèdent l’accès nord au chœur, qui se trouve ainsi en contrebas de près d’un mètre par rapport à l’extérieur. L’édifice à vaisseau unique est terminé par une abside à trois pans, avec chambre de charité et chapelle des fonts au bas de la nef, tandis que la sacristie est adossée au sud. La façade occidentale à pignon découvert est percée d’une porte en plein cintre, entourée d’un double chanfrein, surmontée d’une baie obturée. Un clocher octogonal terminé par une courte flèche domine la façade.
La nef est édifiée en moellons de silex noyés dans du mortier et épaulée par des contreforts en pierre calcaire et blocage de moellons et pierre de grison, certains repris en brique. Elle est éclairée de fenêtres en tiers-point assez comparables aux lancettes du XIIIe s., une porte cintrée est murée au sud, les baies de la chapelle et de la chambre de charité ont été percées postérieurement.
Le chœur est sans conteste la partie la plus intéressante de cette église. Il est également en moellons, mais les maçonneries sont assises sur un soubassement en grès et sont épaulées de contreforts en pierre terminés en bâtière ; la rupture de maçonneries est très évidente entre les deux parties de l’église. Les fenêtres largement ouvertes possèdent des remplages de la Renaissance assez originaux et quelques fragments de vitraux d’origine remontés dans une vitrerie géométrique. De nombreux graffitis sont visibles à l’extérieur de l’édifice, représentant notamment des églises ou chapelles, des cupules disposées en rectangle, une étoile à six raies et des croix de pèlerinage. Ils présentent la particularité d’être situés à la base des maçonneries et non à hauteur d’homme comme habituellement, ce qui laisse à supposer qu’il s’agit de réemplois, provenant selon toute vraisemblance du précédent édifice. De telles inscriptions sont souvent associées à des lieux de pèlerinage, où elles sont la marque d’un pèlerin venu invoquer un saint guérisseur.
À l’intérieur, on note le changement de parti dans les murs et sur la charpente de l’édifice. Le vaisseau unique est couvert d’une charpente lambrissée à voliges jointives et couvre-joints régulièrement espacés, la demi-enrayure de l’abside porte la date de 1788. La charpente apparente possède entraits et poinçons bagués à profil prismatique, amortissements en flacons et sablière moulurés, ainsi que des blochets sculptés au raccord de charpente. La poutre de gloire porte un Christ en croix et une sainte Madeleine à ses pieds ; les deux sont polychromes.
Des peintures murales ont été découvertes sous les badigeons qui recouvrent la totalité des murs. Une vaste composition, organisée en un registre au-dessus d’un bandeau occupe le côté nord du chœur. Au sommet de la composition, un soleil domine des arcatures et la figuration d’une ville avec enceinte fortifiée et temple ; de nombreux personnages enfin sont discernables en partie basse. La scène n’est pas identifiée à ce jour. Il pourrait s’agir d’une scène religieuse, scène de jugement dernier ou entrée du Christ dans Jérusalem. D’autres peintures sont partiellement dégagées : tapis de rinceaux dans le chœur, litres funéraires dans la nef. Elles pourraient dater du XVIe et du XVIIe siècles.
Dans le chœur, on trouve une « charmante petite piscine » à arcade cintrée avec pilastres et chapiteaux composites portant un fronton à ornements feuillagés et personnages, que Louis Régnier situe vers 1540 ; pour ce dernier « l’ensemble et les détails de cette petite composition appartiennent de très près aux artistes qui ont bâti le chœur de Tillières, la chapelle du Rosaire à Nonancourt, le croisillon nord de Notre-Dame de Verneuil et le bas-côté méridional de Saint-Martin de L’Aigle ».
Cette église possède également des fonts baptismaux à double cuve, un autel majeur avec retable à pilastres cannelés et chapiteaux ioniques, dont la toile figure une crucifixion, et un autel secondaire dont le retable présente des formes chantournées. Pour des travaux de consolidation des maçonneries et la pose de gouttières, destinées à protéger les peintures murales, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 6 860 € en 2000.
É.W.