L’oeuvre : Floréal
Trônant aujourd’hui, sereine, au cœur du parc de la Tête-d’Or, lieu emblématique de la ville lyonnaise, la statue séculaire « Floréal » a connu quelques tumultes au cours de sa vie. Cette statue d’un style classique en marbre, à l’origine d’une blancheur immaculée, représente une jeune fille nue que l’on imagine courir dans les prés et qui, d’une main tendue offre une rose au promeneur et tient dans l’autre un bouquet de fleurs.
Elle est l’œuvre d’une artiste, Laure Martin Coutan-Montorgueil, oubliée mais dont le talent est reconnu à son époque. Née en 1855 dans le Cher, elle vient d’une famille modeste où l’on travaille de ses mains, le père étant sculpteur sur bois, l’un de ses oncles, sculpteur de pierre et l’autre, tourneur de bois. En 1877, sa famille vient chercher fortune à Paris et s’installe sur les hauts de Ménilmontant. Elle travaille d’abord en vendant des sculptures en terre cuite et croise la route de sculpteurs dont Rodin. Puis autodidacte, elle installe son propre atelier et connaît un certain succès. Elle devient par la suite élève d’Alfred Boucher et se caractérise par un style classique se reflétant dans ses bustes puis statues allégoriques. Elle reçoit de nombreuses commandes privées et publiques et participe notamment à l’exposition universelle de Chicago en 1893.
« Floréal » est une commande de l’Etat à l’occasion de l’exposition internationale de 1914 à Gerland (quartier industriel de Lyon). Elle est d’abord exposée au Salon des artistes français où elle remporte une mention honorable. La « pure et élégante Floréal » est saluée par la critique. Son avenir est néanmoins nettement moins brillant. Après avoir été exposée devant le jardin de l’horticulture lors de l’exposition internationale, elle est donnée à la ville de Lyon et est abandonnée il semblerait quelques temps au petit square du pont de l’Homme de la Roche qui borde la Saône. Avant les années 1970, « Floréal » est ensuite déplacée au parc de la Tête-d’Or en face du jardin botanique. Mais si la statue aurait pu couler des jours heureux, sa vandalisation en 1989 met fin à sa tranquillité. Elle est placée dans l’Orangerie du parc avant d’être restaurée en 1993 par le sculpteur lyonnais Lépold Jargic qui lui restitue ses membres manquants.
Ayant retrouvé une place digne de ce nom, en face des serres du parc, « Floréal », posée sur un socle de terre qui fleurit au printemps, peut à nouveau charmer les visiteurs par son marbre blanc et sa posture gracieuse. Néanmoins, elle nécessite une nouvelle restauration pour retrouver son pied, ayant à nouveau mystérieusement disparu, et la préserver des affres du temps qui ont déjà commencé à agir…
Le projet de restauration
Abîmée par le temps, Floréal a besoin d’un coup de pouce, pour retrouver sa blancheur et son pied d’origine, afin de :
- Permettre aux 3 millions de visiteurs du Parc de la Tête d’Or de la découvrir et de la contempler.
- Valoriser l’espace botanique du Parc devant laquelle Floréal est exposée.
- Remettre en lumière le travail d’une sculptrice française du début XXe.
Sources
Lorédan, J. (1912) Les deux salons. Le Penseur, [revue numérisée] 12 (5), Disponible sur : Gallica [Consulté le 23 février 2018].
Quinone, M. (1993) Statue « Floréal » au parc de la Tête-d’Or, Lyon Figaro, [en ligne] 20 septembre 1993. Disponible sur : numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO0010159f1122212f3d. [Consulté le 23 février 2018].
Neron, M.-L. (1915) Notes d’une parisienne. L’Echo d’Alger, [numérisé] 27 novembre 1915. Disponible sur : gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7576282z/f3.item.zoom. [Consulté le 23 février 2018]
Projet mené par Maguelone Urvoy, Apolline Rousseau, Céline Dislaire et Octavie Bianco, étudiantes à Sciences Po Lyon