LA PRÉSENCE DE LA BEAUTÉ DANS NOS VIES

Comme ce sont tous nos sens qui sont touchés par notre environnement, il nous donne d’autant plus de plaisir à y vivre et nous y ressentons la présence de la beauté. C’est elle que La Sauvegarde de l’Art Français entend servir.

Puisque voir, entendre, et comprendre sont des facultés naturelles qui nous y conduisent et qui se développent grâce à l’éducation, celle-ci doit être la première préoccupation de La Sauvegarde. Et ce d’autant plus que l’Histoire de notre pays y est de moins en moins enseignée, et l’histoire de l’art pas du tout.

Avec plus de connaissances s’élargit le champ de nos goûts et de nos intérêts patrimoniaux, sans que pour autant augmentent nos moyens de les préserver, ce qui nous oblige à procéder à des choix, donc à des renoncements, et à établir des priorités.

C’est bien comment procède l’État qui s’emploie en France depuis plus de deux cents ans à discerner parmi les bâtiments, les objets et les lieux, ceux qu’il importe à la Nation de conserver pour servir l’intérêt général. Une élite dont personne ne met en cause les compétences en est chargée; comme elle l’est de l’emploi des fonds votés par le parlement pour cela.

Ces bâtiments, objets et lieux d’exception appartiennent à vrai dire à l’humanité tout entière, et pas seulement aux Français qui n’en sont que les dépositaires : l’émotion planétaire suscitée par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en est un témoignage manifeste.

Une hiérarchie des valeurs a-t-elle un sens en matière d’Art et d’Histoire ? Une œuvre peut à juste titre être considérée comme plus magistrale qu’une autre, mais toutes deux peuvent provoquer une émotion de même qualité et de même intensité selon les circonstances.

Aussi devons-nous considérer notre patrimoine dans toute sa richesse et dans toute sa variété, maisons et châteaux, chapelles et cathédrales, peintures et sculptures d’artistes célèbres, dans le monde entier, comme d’artisans connus dans leurs seules provinces d’origine, moulins, lavoirs, instruments aratoires, véhicules… une liste sans fin !

Il nous faut nous préoccuper avant tout de ce que notre patrimoine apporte à chacun en fonction de son histoire personnelletout en considérant la valeur que lui attribuent les plus instruits d’entre nous pour affiner notre jugement.

Le devoir d’agir est l’affaire de tous : les plus compétents ont sans doute une responsabilité particulière, mais c’est la volonté du plus grand nombre qui aura le plus de chance de s’imposer.

Pour agir, il faut des moyens, et le premier est sans doute l’argent. Là, où il y en a le plus, c’est là où se trouve celui de nos impôts, dans les mains de l’État et des collectivités publiques (régions, départements, municipalités). Son emploi dépend dans une démocratie, de l’opinion publique. C’est donc elle qu’il faut mobiliser en premier en faveur du patrimoine.

Après, il y a la société civile avec le mécénat.

Depuis toujours existe le mécénat de riches particuliers. Ceux-ci, quand ils sont connus pour être fortunés, sont accablés de sollicitations. Pour obtenir leur engagement, il faut les intéresser à un projet bien identifiable, précisément chiffré et clairement exprimé, ce qui les convaincra de l’aider et ils pourront ainsi agir en faveur du bien commun. Ce mécénat de particuliers a un avantage sur tout autre, c’est d’être indépendant de l’opinion.

Depuis quelques années se développe le mécénat des entreprises. Celui-ci est destiné à servir la cause pour laquelle il est sollicité et, tout aussi légitimement, pour servir l’entreprise. Il convient donc pour l’obtenir de montrer l’adéquation de l’une à l’autre.

Il y a enfin le mécénat populaire, celui qui fait appel à tout le monde, sans considération de la fortune de chacun, comme il en est par exemple avec le Téléthon.

Résultant de l’appel au plus grand nombre, il prouve la popularité d’un projet, ce qui est déterminant pour obtenir le soutien d’une entreprise, et toujours utile pour obtenir celui d’un particulier. Et comme les petits ruisseaux font les grandes rivières, il peut s’avérer très important. Cet ouvrage entend montrer que La Sauvegarde poursuit beaucoup de projets, et souhaite en rendre compte le plus exhaustivement possible.

Il est destiné d’abord à ses amis. Nous souhaitons qu’il les convainque que leur soutien sert une bonne cause. Qu’ils soient remerciés par avance de leur compréhension et de leur fidélité.

Olivier de Rohan Chabot

« Même planté dans un coin perdu,
chaque édifice est un arbre qui fait
partie de la grande forêt nationale,
un arbre qui a frémi aux souffles
formidables de notre passé, chacun
d’eux devrait être indéracinable,
intangible, sacré. »
Duc de Trévise, note sur l’elginisme, s.d. [1927].