Au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1921, Édouard Mortier, duc de Trévise, crée une association, La Sauvegarde de l’Art Français, pour s’opposer à la destruction ou à la vente à l’étranger d’œuvres majeures du patrimoine français monumental et mobilier. Elle est notamment à l’origine des lois relatives à la protection des trésors nationaux.
Dès 1925, l’association est reconnue d’utilité publique.Succédant à son premier Président, Aliette de Rohan Chabot, marquise de Maillé, fait à sa mort un legs à la Sauvegarde, destiné principalement aux églises rurales de France. La Sauvegarde en devient ainsi le premier mécène. Le 27 novembre 2017, l’association devient Fondation reconnue d’utilité publique.
Les origines et la présidence d’Édouard Mortier (1921-1946)
C’est au sortir de la Première Guerre Mondiale que naît la Sauvegarde de l’Art Français. Sous l’impulsion d’un homme, Édouard Mortier, duc de Trévise, l’association est officiellement créée le 9 décembre 1921. Elle va porter
des combats d’importance majeure contre le pillage du patrimoine et militer pour l’évolution des lois de protection. Dans un contexte de manque de moyens publics et de dispositifs de protection réels, la France en reconstruction est en effet un terrain propice aux divers trafics d’œuvres d’art, d’éléments architecturaux, voire au démontage complet de monuments. Autour d’un cercle d’intellectuels et d’érudits, Édouard Mortier va mettre toutes ses forces au service de la défense du patrimoine et des arts.
La nouvelle association croît rapidement, trouvant sur le terrain le renfort de correspondants qui structurent son action dans les territoires, et mobilise dans la capitale des mécènes et des personnalités influentes. Ainsi, un « comité de propagande » est mis en place dès 1922. Il s’attache à développer des opérations de communication résolument modernes, interpellant la presse et les élus sur les dégradations du patrimoine et mettant en place expositions et conférences. La Sauvegarde intervient également comme intermédiaire et soutien des musées en militant pour la restitution des œuvres, notamment d’artistes locaux. La reconnaissance d’utilité publique est délivrée à l’association quatre ans seulement après le début de ses actions.
Dès 1922, l’association établit des liens avec les Américains, formant un comité d’amitié franco-américaine pour collecter des fonds. Des philanthropes américains comme les Gay, les Tuck, Mme Vanderbilt et d’autres s’engagent dans la restauration d’œuvres d’art et de bâtiments en France. L’ambassadeur américain George Herrick soutient activement cette cause. La Sauvegarde veut diriger l’action philanthropique vers le patrimoine local français menacé.
Le duc de Trévise entreprend une mission culturelle aux États-Unis en 1925, recommandée par le Président de la République et le ministère des Beaux-Arts.
Il organise une exposition itinérante novatrice, présentant des œuvres déjà sauvées ou dignes de l’être, avec des conférences et des projections. Son voyage de Boston à Los Angeles, initialement prévu pour quelques semaines, se prolonge jusqu’en juin 1926.
Le duc donne plus de cinquante conférences, suscitant un soutien croissant et créant des comités. Son énergie et l’organisation efficace diffusent le message en Amérique : sauver les richesses artistiques de la France par amour de l’art et en mémoire des liens franco-américains.
« Nous ne nous occupons que de garder
en France les richesses d’art publiques,
de protéger les façades pittoresques
de nos villes et villages contre le dépeçage
et l’exportation qui n’est qu’un acte
de barbarie et de non-commerce. »
Édouard Mortier dans son Programme
pour la Sauvegarde de l’Art Français,
bulletin de l’association, 1926
Un mécène pour le patrimoine religieux :
la présidence d’Aliette de Rohan (1946-1972)
Aliette de Rohan, marquise de Maillé, devient présidente de la Sauvegarde de l’Art Français en 1946. Membre fondateur et vice-présidente de l’association, elle est une femme d’histoire et de lettres qui assure dès les débuts les plus hautes responsabilités dans l’association. Elle s’engage aux côtés du duc de Trévise dans ses campagnes pour le patrimoine et mène un combat acharné pour protéger chapelles et églises en déshérence.
Elle lutte ainsi pour sauver l’église Saint-Martin de Plaimpied dans le Cher en 1934, ou encore pour l’abbaye de Clairmont dans la Mayenne au cours des années 50.
Son engagement sur le terrain se double d’une passion pour l’histoire de l’art. Aliette de Rohan publie ainsi plusieurs monographies (L’église de Donnemarie-en-Montois, 1928, L’église cistercienne de Preuilly, 1930) et ouvrages qui font alors référence comme Les Origines chrétiennes de Bordeaux (Paris, Editions A. et J. Picard, 1959) ou L’architecture cistercienne en France (Paris, Éditions d’art et d’histoire, 1947), écrit en collaboration avec Marcel Aubert.
En lien avec les services des monuments historiques, elle contribue à la création du corps des architectes des bâtiments de France en 1946 et de l’Inventaire général en 1964 avec André Malraux.
En savoir plus sur l’histoire de la sauvegarde
Sauvegarder l’Art Français, 100 ans d’actions et de combats au service du patrimoine par Chloé Demonet