A Signes, dans le Var, un chantier très attendu
La chapelle Notre-Dame-la-Nativité, c’est avant tout une histoire…
L’histoire tout d’abord d’un petit édifice religieux bâti entre le XIe et le XIIe siècle, tombé en ruines avant d’être relevé en 1587 et sauvé de justesse de la démolition, quelques années plus tard, lors des guerres de Religion. Puis profané et restauré avant de retomber à nouveau dans la solitude de son éloignement…
L’histoire ensuite d’une passion : celle des villageois qui se sont mobilisés pour financer la reconstruction de la chapelle au XVIe s. et grâce auxquels elle a peut-être échappé à l’ordre municipal de destruction donné en 1592.
Puis la passion, plus contemporaine et non moins tenace d’un villageois de Signes, Jean-Luc Guerbert, qui a réussi à fédérer petits et grands autour d’un projet pour lequel il se bat depuis 20 ans : la résurrection de la chapelle Notre-Dame-de-Châteauvieux.
Notre-Dame de la Nativité ou Notre-Dame de l’Eloignée
C’est au XIe s. qu’est mentionné pour la première fois le lieux-dit de Châteauvieux, noyau primitif du village de Signes, né de l’écoulement progressif de la population vers la plaine. L’ancienne église dédiée à Notre-Dame de la Nativité remonte certainement à cette époque. Elle est aujourd’hui le seul témoin historique du premier village de Châteauvieux.
En 1257, Signes fut cédé par le comte Charles d’Anjou aux évêques de Marseille qui y séjournèrent souvent, ce qui explique que le village soit si fourni en chapelles.
De plus en plus délaissée du fait de son éloignement, la chapelle de Châteauvieux tomba progressivement en ruine. L’administration communale la fit reconstruire en 1587, sur les conseils d’Antoine Dufour, qui venait d’être élu évêque, pour obtenir la protection de la Sainte-Vierge contre la peste noire qui ravageait Marseille et menaçait de s’étendre. Elle ouvrit une souscription à laquelle tous les villageois répondirent avec empressement, permettant de reconstruire la chapelle ainsi que la demeure de l’ermite en l’espace de quelques mois. Le culte repris.
Retombant dans la solitude, elle se trouva de nouveau compromise lors des guerres de Religion.
Dans la crainte qu’elle ne put servir, avec le vieux donjon, à un des deux partis, ligueurs ou protestants, le conseil municipal décida, en 1592, de la raser. Sous les coups de pioches, la tour crénelée, dernier vestige d’un temps qui ne fut pas sans grandeur, disparut à jamais, quant à la chapelle – aucun document postérieur ne signalant sa démolition ni sa reconstruction – il est à croire qu’elle ne fut pas touchée, soit à cause d’une forte opposition de la part des habitants, soit peut-être parce que l’arrivée inopinée du capitaine Reboul en empêcha la démolition.
Durant plusieurs mois, elle se trouva néanmoins profanée par l’occupation d’un détachement.
Restaurée auprès le départ du capitaine Faulquette, elle reprit le cours de sa destinée et devint lieu de pèlerinage.
En 1703, le conseil municipal faisait réparer son chemin d’accès. Vendue comme bien national à la révolution, elle devint, en 1803, propriété de Jacques Olivier qui la restitua généreusement à la Fabrique.
Une restauration urgente
Edifiée sur un terrain non homogène qui a tendance à s’ouvrir, la chapelle, fissurée, est fermée depuis 2000 pour cause de péril : elle menace de s’effondrer.
Au programme des travaux, définis et encadrés par l’architecte Xavier David, en accord avec l’Architecte des Bâtiments de France : une reprise des fondations par la mise en œuvre de tirants afin de consolider les maçonneries, la réfection de la voûte en plâtre qui menace de s’effondrer et la restauration complète de la couverture en tuiles canal.
Soutenu par l’équipe municipale menée par Jean Michel, maire de la commune de Signes disparu à l’été 2019 dans des circonstances tragiques, Jean-Luc Guerbert s’est lancé dans une campagne de levée de fonds à la hauteur de l’opération d’autant plus complexe et coûteuse que le chantier de restauration, évalué à quelque 300 000 €, devra être approvisionné par hélicoptère.
Grâce à l’engagement de plusieurs bailleurs de fonds institutionnels, dont l’Union Européenne dans le cadre du programme LEADER, ainsi que de mécènes privés, parmi lesquels La Sauvegarde de l’Art Français, l’appel d’offre a pu être lancé et les entreprises choisies.
C’est avec la plus grande impatience que le village attend désormais de pouvoir lancer le chantier, lorsque les conditions sanitaires le permettront.
Sources historiques :
La commune de Signes : étude archéologique et historique par l’abbé V. Saglietto, 1935