La restauration de l’église des Carmes est lancée !
Lundi 20 mai 2019 avait lieu l’inauguration de la première tranche de travaux de l’église des Carmes à Carcassonne. Invitée par Monseigneur Planet, évêque de Carcassonne et de Narbonne, et l’abbé Luc Caraguel, curé de l’église, La Sauvegarde de l’Art Français – représentée par Olivier de Rohan Chabot, son président, Alexia Monteillet, sa chef de projet et Sophie Nourrisson, sa correspondante audoise – a participé au lancement de ce chantier de grande envergure dont elle est l’un des principaux mécènes.
Après plusieurs années nécessaires à l’aboutissement de ce projet, les travaux – pour le moins urgent – vont pouvoir enfin démarrer. A la découverte de cet édifice cher au cœur des Carcassonnais !
UN ÉTAT ALARMANT : L’URGENCE D’UNE RESTAURATION
Depuis plus d’un siècle, l’église Notre-Dame du Mont Carmel, connue sous le nom de l’église des Carmes, souffre d’un manque cruel d’entretien et de réparations, comme beaucoup d’églises en France. Ayant subi de profonds remaniements tout au long de son histoire, la pérennité de sa structure est aujourd’hui en péril. Au vu de l’intérêt historique et artistique de ce patrimoine et de sa fréquence de visite, l’urgence d’une restauration était donc de mise pour l’évêché de Carcassonne et son association diocésaine. Une restauration urgente et d’autant plus nécessaire que l’édifice, situé en plein cœur de la ville basse, attire de nombreux visiteurs.
Dès 2012, l’évêché de Carcassonne et l’association diocésaine, propriétaire de l’église, ont confié au cabinet d’architectes Tarbouriech & Robert Cols, un diagnostic en vue d’une mise aux normes et d’une restauration générale de l’édifice. Risquer la perte de ce véritable joyau de l’architecture gothique méridionale n’était pas concevable.
Un édifice A L’ORIGINE DE L’ORDRE DU CARMEL
L’église est construite en 1292 par l’Ordre du Carmel. Fondé au XIIe siècle, par des ermites qui vivaient sur les pentes du Mont Carmel, l’Ordre fut reconnu officiellement en 1209, quand une règle de vie fut donnée à ces derniers par le Patriarche de Jérusalem, Légat du Saint-Siège. Au XIIIe siècle, la règle fut progressivement adaptée aux frères mendiants par le pape Innocent IV (1180-1254).
La perte du royaume de Jérusalem les fit venir en Occident et plus particulièrement à Carcassonne en 1267 à l’entrée de la ville mais hors les murs. Ce n’est qu’en 1292, qu’ils purent intégrer la cité et construire un bâtiment conventuel annexé à une vaste église gothique achevée quelques années après. Au milieu du XIVe siècle, le Prince de Galles fit incendier la ville et seuls quelques murs de façades résistèrent aux flammes. Plusieurs indices attestent la reconstruction au même emplacement de l’église et du couvent, qui constituent le complexe que nous connaissons aujourd’hui.
DE SON RAYONNEMENT À LA DISPERSION DE SES BIENS : LE DÉCLIN DE L’ÉGLISE
De nombreux notables furent enterrés dans l’église : juges, mages évêques, procureur du roi, grandes familles et même des artistes tels que Jean Jacques Melair. Le couvent des Carmes a également pu accueillir à plusieurs reprises les États-Généraux du Languedoc.
La fin du XVIIIe siècle signe une nouvelle ère pour le couvent et plus largement pour toutes les congrégations monastiques. La congrégation abolie en 1790 suite à la Révolution, les Frères n’ont eu d’autres choix que de se disperser. Le maire de Carcassonne, M. Marangon commande un premier inventaire des biens, à la suite duquel tout le mobilier fut vendu comme bien national ou détruit. A cette période, l’église est réinvestie en tant qu’entreprise de messagerie et remblayée pour être au niveau de la rue.
La fin de la Congrégation des Carmes au début du XXe siècle, dissoute par la loi du 1erjuillet 1901, ne prédit pas pour autant celle de l’édifice. Rachetée par la paroisse Saint-Vincent, l’église est finalement réouverte au culte en 1909. L’adjonction d’un cinéma-théâtre en 1925 défigure partiellement le bâtiment jusqu’à ce que l’Évêché s’installe vers les années 1980 dans le couvent remanié et redonne un semblant d’homogénéité à la structure.
L’APPEL à LA SAUVEGARDE : LES PRÉMISSES D’UNE RESTAURATION DE GRANDE AMPLEUR
Face au délabrement progressif de l’église, visible par tous, l’Évêché et son association firent appel à La Sauvegarde en 2017 afin de préserver cet héritage en péril et pallier le manque de moyens. Inscrite en 2014 sur l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (I.S.M.H), l’église était de surcroit, soumise à des obligations de conservation et de restauration.
Abritant plusieurs gravures du XVe siècle – sur lesquelles apparaît l’église originelle – mais également des décors peints par Joseph Engalière, contemporain et collaborateur de Viollet-le-Duc, qui a travaillé pour le Palais de Justice de Carcassonne, l’église est sans équivoque un joyau local à sauvegarder. De ce fait, la Sauvegarde de l’Art Français a souhaité aider ce projet à la hauteur de ces ambitions, en apportant à la première tranche de travaux une contribution de 45 000 €.
UN PROJET ambitieux DIVISÉ EN 5 TRANCHES
Réalisé sur plusieurs années, le vaste chantier de restauration sera segmenté en cinq tranches successives. Le souhait est évidemment de garder le plus longtemps possible l’église ouverte aux fidèles et touristes. En effet, l’existence d’échafaudages et de travaux sur une partie de l’édifice est tout à fait compatible avec la vie de l’église. Pour chaque phase, les travaux porteront d’abord sur les éléments structurels : restauration des murs des chapelles et des contreforts qui les prolongent, étanchéité des couvertures, restauration des baies et vitraux, confortation et rejointoiement des maçonneries des façades. En parallèle des mises aux normes des installations d’électricité et de chauffage seront faites et les sols seront repris. Enfin, des travaux de second œuvre suivront avec la réfection d’enduits intérieurs, la restauration des décors, peintures murales et des autels.
LE LANCEMENT solennel DE LA PREMIÈRE TRANCHE DE TRAVAUX
A l’occasion de ce lancement, tous les acteurs de ce projet de restauration étaient présents, dont La Sauvegarde. Olivier de Rohan Chabot a exprimé son admiration pour la richesse du patrimoine audois et sa fierté de participer à sa préservation.