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Cycle de la Vie de saint Pierre de l’église Saint-Pierre-du-Martroi d’Orléans
Après une souscription menée par trois étudiantes orléanaises lors de l’année universitaire 2018-2019, trois toiles monumentales de Jean II Restout sont en cours de restauration à l’atelier Lutet-Toti à Saint-Maur-des-Fossés.
Le Cycle de la Vie de saint Pierre avant restauration
Des œuvres majeures repérées par trois étudiantes
C’est en 2018 que Mathilde Retif, Cyrielle Arredondo et Mégane Kéraudran, trois étudiantes orléanaises engagées dans la campagne du Plus Grand Musée de France, décident de se lancer dans une opération de mécénat pour restaurer cet ensemble classé au titre des monuments historiques. Avec l’aide du musée des Beaux-Arts d’Orléans et de Pierre Murat, parrain du Plus Grand Musée de France, elles ont réussi à lever 5 000 € pour permettre cette restauration.
Mégane Kéraudran, Cyrielle Arredondo et Mathilde Rétif, étudiantes en charge du projet
Un témoignage artistique et historique exceptionnel
Malgré l’importance du travail mené par le peintre à Orléans, les toiles de l’église Saint-Pierre-du-Martroi font partie des rares témoignages de son activité dans la région pour de grands commanditaires locaux. Ce sont des œuvres exceptionnelles pour l’histoire de l’art, d’autant qu’elles sont restées dans leur lieu d’origine et dans la même disposition que lors de leur installation au XVIIIème siècle. Le maître-autel est ainsi resté à cet emplacement dans l’édifice et n’a pas subi de modifications au XIXème siècle, comme cela peut être le cas pour nombre d’éléments de mobilier d’église en France.
La dépose des toiles monumentales
Menée en juillet, la dépose de ces œuvres monumentales a nécessité une collaboration de la régie et de l’équipe technique des musées d’Orléans ainsi que des restaurateurs. La première étape à l’arrivée des œuvres à l’atelier Lutet-Toti a été de retirer le papier japon mis en place pour les protéger lors du transport. Cette opération, très délicate, permet de voir si des éléments s’écaillent et le cas échéant de les refixer lors de la restauration.
Une restauration fondamentale
Après un décrassage, les toiles ont été soumises à une batterie de tests de nettoyage. L’objectif de ces tests était de déterminer le niveau de nettoyage possible et de voir comment la matière réagirait aux différents produits utilisés afin de choisir le processus le plus cohérent possible avec l’état des œuvres. Les essais ont ainsi été effectués à cinq niveaux différents et c’est finalement le niveau le plus poussé de nettoyage qui a été retenu pour cette restauration en accord avec Corentin Dury, conservateur du musée chargé du suivi de l’opération pour la ville d’Orléans
L’analyse avant restauration, et notamment l’exposition sous ultraviolet, a permis de déterminer que plusieurs campagnes de retouches et de vernissages avaient eu lieu dans la longue vie des œuvres.
Si une campagne de restauration récente, conduite dans les années 1970 pour le prêt de la toile centrale au musée de Rouen, était bien documentée, ce n’était pas le cas pour les restaurations menées au XIXème siècle.
Les tests de nettoyage effectués par les restaurateurs ont ainsi montré des couches de vernis très diverses et surtout peu uniformes qui complexifiaient la lecture des toiles. Les zones abimées des œuvres étaient ainsi davantage camouflées avec du vernis que véritablement restaurées. Les restaurateurs ont ainsi pu déterminer que certaines parties des toiles avaient jusqu’à huit couches de vernis alors que d’autres n’en avaient que trois. Cette accumulation et ces disparités ne pouvaient que déconcentrer le regard sur les œuvres et nuisaient à leur lisibilité.
Les tests ont fort heureusement révélé que nombre de ces repeints, souvent faits à l’aquarelle, seront faciles à retirer. Le pourtour des toiles est en revanche plus abîmé, et la question se pose de laisser certains repeints en place pour des zones non-figuratives. Le Conseil scientifique, qui n’a pu à ce jour ce réunir en raison du confinement, statuera sur ces questions en janvier.
Les analyses menées ont également permis de révéler plusieurs repeints plus épais, notamment sur le panneau central, qui nuisaient à la compréhension de l’œuvre. Les jambes de l’ange au-dessus de saint Pierre étaient ainsi dissimulées dans un nuage, entravant la lecture iconographique. L’enlèvement de ce repeint permettra de rendre le dynamisme d’ensemble de la toile, avec un mouvement ascensionnel accentué, passant du soldat à l’ange par le saint. L’élan inspiré dans cette toile par Restout pourra ainsi être pleinement rendu, laissant au visiteur le plaisir d’admirer la composition originale de l’œuvre.
Une fois cette phase de nettoyage terminée, les restaurateurs pourront se pencher sur les réintégrations et l’application d’un vernis de restauration. Mais avant cela, les œuvres seront entièrement dévernies et les repeints retirés. Cette mise à nu des toiles sera une étape importante de leur restauration et permettra de les revoir comme sous l’œil du peintre, plus de 280 ans après.
« Ce sont des œuvres absolument exceptionnelles d’un point de vue de leur qualité et de leur importance pour l’histoire de la peinture française et l’histoire locale »
Corentin dury, conservateur du patrimoine