À l’occasion du Centenaire de la Sauvegarde de l’Art Français, nous vous proposerons tous les mois de revenir sur l’histoire de ses fondateurs et sur les grands engagements de l’association depuis un siècle.

1921 : L’affaire de la Vache d’Alan

Nous l’évoquions dans nos vœux pour la nouvelle année, la défense du superbe tympan gothique sculpté du Palais Episcopal du village d’Alan, en Haute-Garonne, contre les convoitises d’antiquaires parisiens, et la lutte contre l’elginisme dans une plus large mesure, est le combat fondateur de la Sauvegarde de l’Art Français.

Déjà en 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Edouard Mortier s’insurgeait contre la destruction et la vente à l’étranger d’œuvres majeures du patrimoine français monumental et mobilier et contre le manque de protection de ces derniers.

Il prend fait et cause pour la commune d’Alan dans une campagne de presse aux côtés des élus et habitants et parvient à empêcher le démantèlement du tympan sculpté. Grâce à son action, la vache d’Alan trône toujours sur le fronton du palais des Évêques de Comminges.

Pour aller plus loin : Découvrez davantage sur ce sujet en écoutant notre podcast « Sacré patrimoine – Agir avec la Sauvegarde de l’Art Français » en collaboration avec RCF.

Avril 1921 : création d’un « comité central de défense de l’art français ancien »

Ce comité préfigure l’association qui sera créée quelques mois plus tard. Le duc de Trévise réunit à ses côtés des scientifiques et des spécialistes de l’art français pour asseoir l’autorité scientifique de l’organisation naissante. Il y coopte également de nombreuses personnalités mondaines qui viendront apporter leur parrainage à l’association.

Extrait de la communication annonçant la création du comité central de défense de l’art français.

9 décembre 1921 : création de la Sauvegarde

Quelques mois après la formation du comité de défense de l’art français, l’association pour la Sauvegarde de l’Art Français voit officiellement le jour. Le duc de Trévise a mis toute son énergie dans la création de cette société qui doit avoir un rôle complémentaire avec les sociétés savantes déjà existantes (Société Française d’Archéologie notamment). L’objectif premier est de mettre en relation les défenseurs du patrimoine, scientifiques, notables et politiques avec les élus locaux et les groupes de défense du patrimoine en province.

Statuts de la Sauvegarde de lExtrait des statuts de l’association.

1922 : l’exposition des Maréchaux au profit de la Sauvegarde de l’Art Français

Présentée de mai à juillet 1922 au Palais de la Légion d’honneur, cette exposition est placée sous le patronage des généraux victorieux de la Grande Guerre. Elle présente une rétrospective sur les grand maréchaux français et permet de lever des fonds pour les actions de la jeune association.

Décembre 1922 : création d’un « comité de propagande »

Pour mieux faire connaître les troubles qui affectent le patrimoine à cette période et donner un meilleur écho à la voix de ses défenseurs, le duc de Trévise crée un groupe de personnalités publiques, journalistes et publicistes engagés dans ce « comité de propagande ». Avec des moyens modernes, en particulier la presse mais aussi les campagnes de communication via des tracts et des « produits dérivés », ce comité fera entendre la cause du patrimoine aussi bien dans les hautes sphères du pouvoir qu’après du grand public.

Janvier 1925 : édition du premier bulletin de la Sauvegarde

Pour communiquer au mieux auprès d’un réseau qui s’est considérablement élargi depuis la création de l’association, le comité de propagande lance un bulletin mensuel. Il revient sur les succès de l’association et sur ses combats en cours dans des articles détaillés. Il permet également de faire le lien avec le réseau de correspondants de la Sauvegarde auquel ont adhéré des conservateurs, archivistes, historiens et défenseurs du patrimoine partout en France.

25 novembre 1925 : reconnaissance d’utilité publique

Accordée par décret, la reconnaissance d’utilité publique vient récompenser les efforts dynamiques de la Sauvegarde pour la défense du patrimoine. Elle lui permet, outre d’augmenter sa légitimité, de pouvoir bénéficier de dons et d’acquérir des biens mobiliers et immobiliers en qualité de personne civile.

28 mai 1926 : fin de la tournée américaine du duc de trévise

Toujours prompt à trouver de nouveaux moyens de faire progresser la cause du patrimoine, le duc de Trévise se rend aux États-Unis pour une tournée nationale. Durant plusieurs mois, il parcourt le pays avec l’idée de sensibiliser l’opinion au dépeçage du patrimoine français par des collectionneurs, notamment américains. Il conduit ainsi des dizaines de conférences qui mènent à la création de comités de jumelage. Ceux-ci s’engagent pour un territoire ou un monument en particulier, à l’instar du Comité de Boston qui permettra le sauvetage du village médiéval de Larressingle, dans le Gers.

Village de Larressingle (Gers)

23 juillet 1927 : publication au journal officiel de la loi Chastenet

C’est l’aboutissement des premières années de combat de la Sauvegarde. Le duc de Trévise milite activement auprès des députés et sénateurs pour l’adoption d’une loi qui viendrait renforcer la protection des monuments. C’est chose faite avec l’adoption de la loi dite Chastenet, le 23 juillet 1927, qui renforce considérablement la protection des édifices en instaurant un second niveau de protection avec l’inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

1928 : le sauvetage de la Maison Philandrier

Au combat législatif, la Sauvegarde n’oublie pas son action sur le terrain. Dès ses débuts, elle achète en son nom des lieux patrimoniaux afin de les protéger. Ainsi, elle fait l’acquisition en 1928 de la Maison dite « Philandrier » à Châtillon-sur-Seine afin de la protéger. La maison fait aujourd’hui partie intégrante du patrimoine de la ville et héberge l’office de tourisme du Pays châtillonnais.