Création de la Fondation Jeanne Pautrat pour l’abbaye Saint-Laurent

Le 14 mai dernier, la Camosine et la Sauvegarde de l’Art Français ont officialisé la création d’une nouvelle fondation abritée dédiée à la restauration de l’ancienne abbaye Saint-Laurent à Saint-Laurent-l’Abbaye (Nièvre). Jean-Louis Balleret, président de la Camosine, et Olivier de Rohan Chabot, président de la Sauvegarde, ont signé la convention de création de la fondation en présence du préfet de la Nièvre, des conseillers départementaux et de tous les acteurs du projet à l’occasion de l’assemblée générale de la Camosine.

En 2022, Jeanne Pautrat, habitante du village très engagée dans l’Association pour la Sauvegarde et la Promotion de l’Abbaye et du Site (ASPAS), a légué à la Camosine plus d’un million d’euros afin de conduire le chantier de préservation de l’ancienne abbaye. La nouvelle fondation abritée aura pour objet de « favoriser la restauration et la valorisation de l’ensemble abbatial de l’abbaye Saint-Laurent, à Saint-Laurent l’Abbaye (Nièvre), conformément aux termes du legs reçu de Mme Jeanne Pautrat en 2022 ».

Saint-Laurent-l’Abbaye, un héritage local à l’abandon

Fondée au VI^ème siècle, l’abbaye Saint-Laurent a connu bien des déboires : pillée et reconstruite à de nombreuses reprises, elle décline au cours du XVIII^ème siècle avant d’être laissée à l’abandon. Plusieurs catastrophes et pillages endommagent considérablement l’abbaye.

En 1928, le somptueux portail est revendu au musée des Beaux-Arts de Philadelphie où il est toujours exposé. L’effondrement du clocher en 1945 achève le déclin du site. Malgré le classement en 1996, aucun projet n’a pu conduire à la préservation du site et Saint-Laurent semblait condamné.

Jeanne Pautrat, enfant du pays passionnée par l’abbaye

Le 10 février 2022 disparaissait Jeanne Pautrat à l’âge de 105 ans. Elle avait consacré une grande partie de sa vie à la préservation de l’abbaye Saint-Laurent. Dans la droite lignée de son engagement auprès de l’association de défense du site, elle a fait un choix significatif en léguant ses biens à la Camosine, association nivernaise dédiée à la valorisation du patrimoine culturel depuis 1971.

Ce geste d’une grande générosité pour le patrimoine local marque le début d’un nouveau chapitre, celui de la résurrection de l’ensemble abbatial de Saint-Laurent-l’Abbaye. Ce legs important est soumis à la condition de restaurer et de mettre en valeur les éléments restants de cet ensemble abbatial, ce qui permettra de dynamiser et de soutenir la commune de Saint-Laurent, avec l’appui de l’Association pour la Sauvegarde et la Promotion de l’Abbaye et du Site.

Jeanne Pautrat, est née à Châtel-le-Neuvre, une commune bordant l’Allier au sud de Moulins. Son attachement à la commune et à l’histoire de Saint-Laurent est attribué à sa famille maternelle, les Toulon, originaires de Saint-Laurent. Son arrière-grand-père, Pierre Toulon, fut maire de la commune, et son père suivit ses traces. S’intéressant à l’abbaye, il entreprit des recherches qui furent à la base d’une série d’articles sur son histoire, publiés localement dans le Régional de Cosne. Jeanne Pautrat approfondit ces recherches et publia en 1990 une monographie intitulée « Saint-Laurent à travers les siècles ». Impliquée dans la vie communale en tant que conseillère municipale, elle s’investit également dans l’Association pour la Sauvegarde et la Promotion de l’Abbaye et du Site de Saint-Laurent l’Abbaye (ASPAS), dont elle fut élue présidente de 1991 à 2008, puis présidente d’honneur à partir de cette date. Outre sa passion pour la peinture et le dessin, Jeanne Pautrat exposa à plusieurs reprises et anima les manifestations des « Peintres dans la rue » à Saint-Laurent. Depuis 2009, elle avait dû quitter Saint-Laurent et résidait dans une maison de retraite à Sancerre.

Une fondation abritée pour soutenir le nouveau projet de Saint-Laurent

Grâce au legs de Jeanne Pautrat, la commune, l’ASPAS et la Camosine peuvent envisager un réel renouveau pour la préservation de l’ancienne abbaye.

Le legs consacré à la restauration de l’abbaye de Saint-Laurent-l’Abbaye, attribué à la Camosine, sera désormais abrité par la Sauvegarde de l’Art Français, fondation reconnue d’utilité publique dont les statuts visent à préserver, restaurer, connaître et valoriser le patrimoine culturel français. En tant que fondation sous égide, la fondation abritée consacre de manière irrévocable son patrimoine à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général. Dans le cas de la fondation abritée dédiée à la restauration de l’abbaye de Saint-Laurent-l’Abbaye, les objectifs de la fondation abritée et de la fondation abritante sont parfaitement alignés. De plus, la Sauvegarde de l’Art Français jouit d’un avantage considérable en travaillant depuis plus d’un siècle dans ce domaine, avec des partenaires et une expertise reconnue. Concrètement, la Sauvegarde de l’Art Français se charge de tous les aspects de fonctionnement et de gestion de la fondation abritée. La fondation abritée bénéficie également des avantages de la fondation abritante, tels que la capacité de recevoir des dons, des legs et des donations (en pleine propriété, en usufruit temporaire, etc.).

Découvrez autrement ce sujet en écoutant notre podcast « Sacré patrimoine – Agir avec la Sauvegarde de l’Art Français » en collaboration avec RCF.

La Sauvegarde de l’Art Français se réjouit de la création d’une nouvelle fondation abritée pour la préservation d’un site remarquable en danger