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Dans l’Eure, les étudiants de la Sorbonne au secours de deux toiles inscrites
Audrey, Élisa, Ézilda et Arnaud sont étudiants en histoire de l’art et archéologie à la Sorbonne et préparent cette année le concours de conservateur du patrimoine. En parallèle de leur cursus universitaire, ils ont choisi de s’impliquer dans la campagne du Plus Grand Musée de France. Après avoir prospecté des œuvres à sauver dans la région, ils ont porté leur choix sur deux toiles du XVIIe siècle, conservées à Saint-Victor-de-Chrétienville (27).
Une église euroise au riche patrimoine
Avec son enclos et son cimetière paisible, la petite église Saint-Victor communique le charme des paysages de l’Eure. Bâtie à partir du XVe siècle, l’édifice a été de nombreuses fois remanié, notamment au XIXe siècle, et est aujourd’hui sous les soins de la commune et de l’association de sauvegarde de l’église Saint-Victor-de-Chrétienville.
À l’intérieur, l’édifice recèle un riche mobilier pour partie inscrit. Pour la commune de 450 habitants, c’est un patrimoine à défendre et à préserver mais dont les coûts d’entretien sont difficiles à assumer malgré le dynamisme de l’association de sauvegarde.
La découverte de La Décollation de saint Jean-Baptiste et de L’Adoration des Bergers
Dans le cadre de la campagne du Plus Grand Musée de France menée par la Sauvegarde de l’Art Français, l’équipe étudiante de la Sorbonne s’est tournée vers le département de l’Eure pour découvrir des trésors à restaurer. Ayant reçu une oreille attentive de la part de la mairie et de l’association de sauvegarde souhaitant préserver leur patrimoine, et grâce à l’aimable concours de Valérie Péché, CAOA de l’Eure, les étudiants ont alors choisi de s’engager pour la sauvegarde de deux huiles sur toiles : La Décollation de saint Jean-Baptiste et de L’Adoration des Bergers.
Si les deux œuvres, intégrées dans des autels néo-gothiques, sont inscrites depuis 1977 au titre d’objet à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, leur origine reste assez mystérieuse. Toutes deux anonymes, elles représentent deux scènes bien connues du Nouveau Testament. Elles sont des copies d’après François Perrier (1594-1649) et Pierre-Paul Rubens (1577-1640), dont une Adoration des Bergers est conservée au musée des Beaux-Arts de Rouen. Les gravures, largement répandues dans la région, ont pu servir de modèle pour les tableaux de l’église Saint-Victor, avec toutefois quelques apports rappelant l’implantation normande (corbeille d’osier et canne à lait disposés devant la jeune bergère dans L’Adoration).
Le 19 janvier dernier, l’équipe étudiante s’est rendue sur place pour rencontrer le maire et les membres de l’association de sauvegarde qui leur ont ouvert les portes de l’église et présenté l’histoire de ce lieu et de ses œuvres.
« Nous sommes ravis d’avoir l’occasion de participer à un projet tel que le Plus Grand Musée de France ! Alors que nous sommes sur le point de conclure nos études supérieures en histoire de l’art, celui-ci nous permet de mettre en lien tous les enseignements reçus ces dernières années. Nous avons véritablement à cœur de mener à bien cette campagne de mécénat. C’est d’autant plus important à nos yeux du fait de nos découvertes artistiques personnelles : nous avons chacune et chacun grandi dans différentes régions françaises. Nous sommes ainsi particulièrement sensibles à la variété du patrimoine culturel, et à sa présence sur tout le territoire.
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous nous sommes engagés auprès de la Sauvegarde de l’Art Français, et nous espérons que la restauration de ces tableaux saura toucher les visiteurs de l’église de Saint-Victor-de-Chrétienville. Ces œuvres sont des copies de tableaux d’artistes renommés : Pierre Paul Rubens et François Perrier. Elles trouvent leur place auprès d’œuvres peintes et de vitraux créés par des artistes chers aux habitants. Cette rencontre entre tous, dans un lieu particulièrement beau nous a émerveillée et nous espérons qu’elle saura donner à d’autres l’envie de s’engager à leur tour pour la sauvegarde du patrimoine français ! »
Audrey, membre de l’équipe étudiante de la Sorbonne.
La campagne de don et la restauration
La souscription pour sauver les deux tableaux de l’église Saint-Victor est ouverte en ligne. Estimée à 4 200 euros, la restauration des deux toiles comprendra un traitement de la couche picturale et des supports.
L’état général des œuvres ne permet malheureusement pas de distinguer l’ensemble des scènes à cause d’un fort encrassement. De plus, des réintégrations malheureuses et tentatives de restauration réalisées il y a quelques décennies aggravent ce manque de lisibilité. Pour couronner le tout, les œuvres ont quelques lacunes tandis qu’un chanci du vernis vient blanchir certaines parties, rendant plus illisible encore les toiles.