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Cinq œuvres d’art majeures d’Ile-de-France rejoignent le Plus Grand Musée de France
Grâce au soutien de Crédit Agricole d’Ile-de-France Mécénat en faveur des jeunes talents de la Sauvegarde de l’Art Français, des œuvres remarquables vont retrouver leur lustre d’antan.
Chaque année, de nombreuses œuvres d’art disparues ou méconnues, découvertes ou redécouvertes, rejoignent le Plus Grand Musée de France grâce à l’implication et à l’enthousiasme de bénévoles réunis par la Sauvegarde.
En 2020, trois jeunes talents engagés avec la Sauvegarde de l’Art Français, et grâce au soutien de Crédit Agricole Ile-de-France Mécénat, permettent la restauration de trois œuvres d’art récemment découvertes et de deux autres injustement méconnues.
A Mareil-Marly : deux statues polychromes du XIVème siècle exceptionnelles
Mareil-Marly est une commune des Yvelines de 3 500 habitants située entre Saint-Nom-la-Bretèche et Saint-Germain-en-Laye. Elle possède une très belle église du XIIIème siècle, restaurée par Eugène Millet, élève favori de Viollet-Le-Duc, connu pour sa restauration de la cathédrale de Moulins et du château de Saint Germain en Laye. A la suite de travaux qui se sont imposés en 2014, deux statues ont été exhumées, enfouies sous le chœur de l’église. Ce sont deux œuvres exceptionnelles du XIVème siècle, qui, chose rarissime, ont conservé leur polychromie d’origine.
« À l’occasion de travaux de rénovation, des fouilles dans l’église Saint-Etienne de Mareil-Marly ont été entreprises. À la fin du mois de mai 2018, les archéologues font la découverte d’une vie : un groupe sculpté et une statue, datant probablement du XIVe siècle, dans un état de conservation captivant ! »
Mathilde Rétif, jeune talent diplômée de l’Ecole du Louvre et de Science Po Paris
C’est en effet cette ancienne élève de l’école du Louvre et de Science Po, qui a déjà participé à la campagne du Plus Grand Musée de France, qui a signalé la découverte à la Sauvegarde. Celle-ci a pu prendre contact avec Madame Brigitte Morvant, maire de Mareil-Marly, et c’est ainsi que le soutien du fonds de dotation mécénat du Crédit Agricole d’Ile-de-France va permettre leur restauration.
Nous invitons chacun à aller voir ces deux chefs-d’œuvre quand ils auront retrouvé leur place dans l’église.
A Evry : un chef-ŒUVRE du XVIIème siècle redécouvert
A Evry, c’est le jeune talent Vincent Lamouraux, élève conservateur de l’Institut National du Patrimoine (INP) qui attire l’attention sur l’urgence de restaurer une découverte sensationnelle. Il s’agit d’un tableau de Simon Vouet retrouvé dans une modeste église du XVIIème, dont tout le monde ignorait qu’elle abritait un chef-d’œuvre. Voici ce que nous en apprend le jeune talent :
« D’origine inconnue, mais présente comme maître d’autel de l’église d’Evry à la fin du XIXe siècle, cette œuvre est l’une des rares compositions religieuses du maître visible dans une église en France – il en existe trois autres à Paris, dont une seule a gardé son emplacement d’origine. Qu’une œuvre à ce point représentative d’un artiste prestigieux soit découverte fortuitement dans un lieu dans lequel elle demeurait de façon anonyme depuis deux siècles, est un événement considérable, qui témoigne de la richesse encore sous-estimée des églises de France et de la méconnaissance de nombreuses œuvres qui n’ont pas la chance d’être étudiées au même titre que les œuvres de musées. »
Anecdote intéressante : comme chaque année, le premier défi du Plus Grand Musée de France est de dénicher de nouveaux trésors à sauvegarder. Ainsi, la Sauvegarde a lancé en décembre dernier un appel sur Facebook pour trouver des œuvres en Essonne et dans le Val-de-Marne. Coup de chance, une internaute passionnée, Mylène Sarant, docteur en Histoire de l’Art, révèle alors l’existence d’une toile du maître Simon Vouet à l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul d’Evry.
Dans la bibliothèque de la Société d’Histoire du Protestantisme français : un imposant portrait de l’Amiral de Coligny
A Paris, la Société de l’histoire du protestantisme français dispose d’une admirable bibliothèque malheureusement trop peu connue, sise au 54 rue des Saint-Pères. On peut voir dans cette bibliothèque le tableau d’époque d’un très grand seigneur français, Gaspard de Châtillon, amiral de Coligny, grande figure du protestantisme français dont une statue a été érigée rue du Louvre au chevet du temple de l’Oratoire. Voici ce qu’en dit le jeune talent :
« Ce superbe portrait de grand format, à mi-corps, est d’une grande qualité d’exécution dans le modelé des chairs, le jeu de la lumière sur l’armure, les effets de transparence à travers l’écharpe. L’attitude ferme mais décontractée, le regard franc donnent une grande force au personnage. Dans la tradition du portrait de cour du XVIe siècle, l’œuvre n’est pas indigne de Clouet. Son intérêt est en outre renforcé par sa provenance. Le président de la SHPF en a en effet fait l’acquisition en 1877 d’un couvent de chartreux de Lyon ! Qu’un tel ordre catholique ait conservé, probablement à la suite du don d’un descendant de Coligny, le portrait d’un hérétique, ne peut que laisser songeur. »
Madame Isabelle Sabatier, présidente de la SHPF, nous fait part de son ressenti sur le projet :
« C’est avec une vive reconnaissance que j’ai appris la sélection du portrait de l’Amiral de Coligny, conservé à la Société de l’Histoire du Protestantisme Français pour bénéficier d’une restauration dans le cadre de l’opération du Plus Grand Musée de France.
La SHPF fondée en 1852 s’était donné pour mission de faire connaître l’histoire du protestantisme français et de faire reconnaître cette histoire comme partie intégrante de l’histoire nationale. Aussi n’est- il pas indifférent que le portrait de prestige de Gaspard de Coligny peint en amiral de France ait d’emblée pris une place quasi symbolique en son sein.
Grande figure du protestantisme réformé du XVIè siècle et homme d’Etat dévoué aux intérêts supérieurs de la France, Gaspard de Coligny défendit auprès du roi un idéal de tolérance religieuse, dans le cadre d’une politique de concorde à même d’assurer la paix du royaume, avant d’être la première victime du massacre de la Saint-Barthélemy.
La personnalité de l’amiral forçait déjà l’admiration de Jules Michelet qui le dépeignit dans son Histoire de France comme le héros du devoir et de la conscience».
A Pantin : une fresque napoléonienne à la gloire de la République
La mairie de Pantin est un bel exemple de ces mairies construites au lendemain du second empire pour glorifier la nouvelle république. Elle a été construite par les architectes Gustave Raulin puis Léon Guélorget. Cette mairie vient d’être admirablement restaurée et comme souvent pour les mairies de la région parisienne de cette époque, elle possède de très belles fresques peintes par des Prix de Rome aujourd’hui oubliés. C’est le cas de François Schommer qui dépeint la défense de Pantin. En 1814, les armées coalisées assiègent Paris. Le général Compans, ici à pied et tête nue défend le secteur de Pantin, rejoint par les parisiens qui livrent avec l’armée impériale un des derniers combat de l’épopée napoléonienne.
Voici ce que nous dit la jeune talent Lili Davenas à propos de l’œuvre de Schommer :
« La Défense de Pantin est sans nul doute une des plus belles réalisations de François Schommer. Cette page d’histoire remarquable fonde la réputation de l’artiste à Paris et lui vaut même une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1889. François Schommer est un peintre académique, mais il l’est dans tout ce que l’acception du terme peut avoir de positif. Son style sobre et soigné dote ses compositions d’une efficacité certaine. Inconnu du grand public, Schommer est pourtant un artiste dont on doit (re)découvrir l’œuvre. La restauration de cette large composition permettrait d’admirer à nouveau la qualité de son coloris et la précision de son dessin. »
La Sauvegarde de l’Art Français et les jeunes talents qui ont permis d’identifier les œuvres qui seront sauvées grâce à Crédit Agricole d’Île-de-France Mécénat lui en sont particulièrement reconnaissant, comme le seront sans aucun doute tous ceux qui viendront les admirer.
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