La semaine dernière a été marquée par le terrible incendie de Notre-Dame de Paris. Au regard de l’ampleur des dommages et de la large couverture médiatique qui s’en est suivie, l’Actu du Patrimoine revient exclusivement sur les derniers points de cette affaire. 

Une mobilisation exceptionnelle

Seulement 8 jours après l’incendie, les dons pour restaurer le monument atteignent déjà le milliard d’euros. Outre les grandes fortunes comme M. Pinault, M. Arnault et Mme. Bettencourt-Meyers, des entreprises et collectivités se sont également engagées à hauteur de plusieurs millions d’euros : notamment Total, JC Decaux, Bouygues et la Ville de Paris. La mobilisation la plus spectaculaire reste néanmoins celle des petits donateurs, qui ont rassemblé près de 20 millions d’euros : un engouement manifeste d’un attachement presque viscéral au patrimoine français. Les contributions apportées représentent l’équivalent de trois années de budget d’entretien et de conservation des monuments historiques. Une comparaison qui permet de prendre conscience du seuil inédit atteint…

Les œuvres d’art de Notre-Dame au lendemain de l’incendie

Une fois l’incendie maitrisé, la question de l’état des œuvres d’art de la cathédrale s’est rapidement posée. De ce premier bilan, aucune œuvre connue n’est portée disparue : le seul May Saint Pierre protégeant des malades de son ombre de Laurent de La Hyre qui n’avait pu être évacué, au côté de du Triomphe de Job de Guido Reni, ont été miraculeusement épargnés. De manière générale, toutes les œuvres picturales de Notre-Dame se trouvant dans les chapelles latérales et du déambulatoire n’ont pas été touchées, ni par le feu, l’eau ou la chute des voûtes. De même pour les sculptures, aucune perte à ce jour n’est à déplorer. Quant aux grandes roses médiévales et au grand orgue, ils sont miraculeusement intacts. Autre nouvelle réjouissante : la découverte du coq de la flèche, retrouvé dans les décombres, qui détenait à l’origine trois reliques, dont une des 70 épines de la Sainte Couronne du Christ, une de saint Denis et une de sainte Geneviève. Une grande partie des œuvres a été transportée au Musée du Louvre, dans l’attente de leur future réexposition.

L’urgence de la consolidation 

Loin des débats qu’ont pu susciter la restauration de la flèche ou la durée des travaux annoncée par le Président de la République, une seule et vraie urgence prime : consolider la structure et éviter l’accroissement des dégradations. Comme l’exprime Denis Dessus, président du conseil national de l’ordre des architectes, les murs pignons ne sont plus soutenus par la charpente : il faut donc les stabiliser au plus vite. Une grue a été installée sur le parvis pour sécuriser le pignon nord du transept et le pignon ouest entre les deux tours. Quant à l’échafaudage de la flèche disparue, il sera démonté cet été et une énorme bâche recouvrira les ouvertures au niveau de la nef.

Des budgets prévisionnels flous : quid des dons en excédent ? 

Alors que la rénovation de la cathédrale de Tournai se serait élevée à 60 millions d’euros et celle de Dresde, à 200 millions, le coût de la restauration de Notre-Dame de Paris serait estimé entre 300 et 600 millions d’euros, selon le magazine Le Point. Cette première estimation est cependant à nuancer, le type de restauration et les techniques utilisées pouvant tripler le coût des travaux. Bien qu’il soit difficile d’évaluer un réel ordre de grandeur à ce jour, il semblerait que les dons collectés puissent couvrir la globalité de la restauration et bien plus encore. Cette réserve supplémentaire interroge le plus grand nombre : que faire d’un éventuel surplus ? Le réaffecter à des édifices religieux en piteux état, à des œuvres sociales du diocèse, ou encore à la formation professionnelle des métiers d’art ? Une décision qui pourrait remettre en valeur ces métiers de l’artisanat – encore trop méconnus – au détour d’un parcours exceptionnel sur le futur chantier de Notre-Dame…