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Église Saint-Martin. Située au pied même du Mont Cassel, sur le tracé d’une ancienne voie romaine, l’église aurait été épargnée par les Gueux en 1566, car il ne s’agissait pas alors d’un édifice paroissial. Ce n’était que la grande chapelle de la seigneurie de Wemaers – ou Winimar – du nom de l’un de ses premiers titulaires. Connue sous le nom de blaue cappel, vraisemblablement dû à la couleur de son toit d’ardoise, elle était dédiée à la Vierge.

Elle comprenait une nef flanquée de collatéraux assez bas, séparés par une suite de robustes arcades en plein cintre, percées dans d’épais murs de moellons remontant à l’époque romane. Au nord du chœur plus tardif, couvert d’une voûte lambrissée ornée de blochets historiés, était venue s’ajouter au XVe s. une grande chapelle communiquant avec lui par deux grandes arcades reposant sur une colonne de pierre.

Remis à la paroisse après le départ des Gueux, le sanctuaire fit l’objet d’importants travaux. On donna en particulier plus d’élévation aux bas-côtés dont les murs extérieurs furent rehaussés en 1569. Les fenêtres hautes de la nef furent alors condamnées et un grand comble à deux pentes vint couvrir l’ensemble.

Ces travaux furent réalisés en briques, à partir des maçonneries anciennes, faites de grès ferrugineux du Mont Cassel. Ce sont ces maçonneries de couleur brun rougeâtre qui donnent tout son caractère à la façade ouest, dont les grandes fenêtres sont tardives, mais dont la petite porte remonte bien à la construction d’origine.

Placé à l’extrémité de la nef, le clocher en charpente, à base rectangulaire, puis structure octogonale, se signale par sa flèche effilée et l’élégance de son beffroi, ajouré et couvert d’un toit relevé, agrémenté d’une couronne de petits pinacles sommés de boules.

Comme dans la plupart des sanctuaires de Flandre maritime, l’église abrite un fort beau mobilier des XVIIe et XVIIIe siècles. Les pièces les plus remarquables sont trois retables, restaurés en 2003. Le premier, daté de 1707, est celui du chœur. Particulièrement monumental, il s’organise autour de la figure du Christ en croix, placée dans une grande niche encadrée de colonnes torses et des statues de saint Pierre et saint Paul. Surmonté d’une figure de saint Martin et d’une colombe entourée de rais de lumière, symbolisant l’Esprit Saint, il doit beaucoup de son originalité à l’effet de perspective obtenu autour du Christ, à partir d’un jeu de colonnettes et de miroirs.

Les autres retables sont plus tardifs. Le deuxième, daté de 1740, est dédié à la Vierge dont la statue occupe la niche centrale, portant l’Enfant, le globe et le sceptre. Au-dessus figurent la colombe et le Père, de part et d’autre, sainte Catherine et sainte Barbe. Quant au troisième, daté de 1748, il est dédié à saint Martin, dont la statue est encadrée de celles de saint Nicolas et de saint Éloi, figurés avec leurs habits d’évêques.

La chaire est ornée de panneaux sculptés représentant les pères de l’Église latine, mais elle a malheureusement été privée, à la suite d’un vol, des quatre statuettes d’évangélistes qui en marquaient les angles. Le buffet d’orgue, en revanche, a conservé ses statues et abrite un instrument rare et performant, si l’on en croit les artistes qui se succèdent au pupitre au cours de la saison d’été. L’église abrite divers autres objets mobiliers, dont un dais de procession Louis XV, en bois sculpté et doré, plusieurs statues isolées et une petite plaque en pierre de Tournai commémorant la profession d’Adrien Stinte chez les religieux de Saint-Winoc, à Bergues (1517).

Les importants travaux en cours consistent en la réparation de l’ensemble des charpentes – en particulier de celle du clocher dont les bases se sont affaissées − et en la réfection de toutes les couvertures d’ardoise. Opération à laquelle la Sauvegarde de l’Art français a participé pour une somme de 40 000 € en 2008.

 

Philippe Seydoux

Le projet en images