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L’ÉGLISE SAINTE-AGNÈS est située en plein centre du bourg de Tréfumel, à une quinzaine de kilomètres au sud de Dinan, dans une zone appelée « pays des faluns », du nom des roches sédimentaires (calcaire coquillier) de la fin de l’ère tertiaire dont on trouve d’importants dépôts affleurant sur le territoire de la commune, et qui donnent une pierre de couleur blonde qui a servi à la construction des maisons anciennes encore nombreuses à Tréfumel.

L’église paroissiale, dédiée à sainte Agnès dont le culte est peu répandu en Bretagne, était jusqu’à la Révolution un prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Jacques de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine). Elle s’élève dans un enclos muré qui entourait jadis le cimetière et qui, réduit en superficie, n’abrite plus aujourd’hui qu’une croix monolithe, une stèle à la mémoire des morts des deux guerres mondiales et un if imposant. L’église elle-même, construite en petits moellons extraits des carrières locales, est un édifice au plan rectangulaire, comportant une nef séparée du chœur, plus étroit, par un arc diaphragme qui supporte un clocher surmonté d’une flèche élancée couverte d’ardoises. Certes, on remarque bien des restes des XIe-XIIe s.,  mais l’édifice a été très remanié au cours des siècles. De la période médiévale subsistent des petites baies étroites dans le mur nord de la nef et dans le pignon oriental du chœur (XIIe s.), ainsi qu’une baie à deux lancettes et oculus à réseau trilobé dans le mur sud de la nef (XIVe-XVe s.). Au XVIe s., un porche a été ajouté au sud et un nouveau portail a modifié le mur occidental. Au XVIIe s., une sacristie a été construite contre le mur nord du chœur : la porte  intérieure, qui y donne accès, porte la date de 1660 ; elle est surmontée d’une tribune, dite tribune des chantres. Au XIXe s., le mur sud de la nef et du chœur a fait l’objet de gros travaux qui ont transformé l’aspect d’origine par le percement de trois grandes fenêtres rectangulaires (1866).

L’intérieur surprend à la fois par son architecture et par la richesse du mobilier. La nef est couverte d’un lambris en berceau récemment repeint. L’arc diaphragme entre la nef et le chœur surmonte une ouverture à arc surbaissé : cette disposition coupe nettement les deux volumes de l’édifice, pourtant dans le prolongement l’un de l’autre.

Sur le mur où est percé le passage de la nef au chœur sont disposés, de façon théâtrale : au centre, un Christ en croix entre la Vierge et saint Jean (ou deux saintes femmes ?) ; de chaque côté, des retables du XVIIIe s. abritant des statues en bois polychrome de la même époque : à gauche, une Vierge à l’Enfant entre sainte Marguerite et saint Joseph ; à droite, saint Blaise entre saint Étienne et saint Sébastien (à noter qu’une petite statue de saint Roch est toute proche de celle de saint Sébastien, signe que la paroisse eut à subir des épidémies de peste). D’autres éléments intéressants ornent cette partie de l’église : des fonts baptismaux placés sous une niche dans laquelle est représenté le Baptême du Christ (1619), des statues polychromes de sainte Eugénie et de saint Antoine de Padoue, une chaire à prêcher et une dalle funéraire du XVe siècle.

La décoration du chœur n’est pas moins foisonnante. Un grand retable polychrome qui surmonte le maître-autel, de la fin du XVIIe s., attribué au sculpteur Pinel, sieur de la Porte, occupe tout le mur du chevet ; quatre colonnes à chapiteaux composites de part et d’autre du tableau central représentant le Martyre de saint Ignace en présence du Christ jeune, portant le globe terrestre dans la main droite, encadrent des niches où sont logées les statues de sainte Agnès et de l’archange Raphaël avec Tobie ; le fronton à balustres et pots à fleurs est occupé par Dieu le Père et deux anges. On notera encore la présence de deux statues de sainte Agnès et de saint Armel (?), d’une crédence du XVe s., d’un enfeu portant les armes d’une famille noble voisine (Hingant du Hac) et d’une bannière de 1778, œuvre du maître brodeur rennais Jean Le Loup, dit Lépine.

Les travaux récents de restauration des toitures de la nef et du clocher, ainsi que des travaux portant sur les vitraux, les peintures et les cloches, ont bénéficié de différentes subventions, parmi lesquelles la Sauvegarde de l’Art français a apporté une participation de 10 000 € en 2013.

Tanguy Daniel

Le projet en images