• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

Tonquédec est surtout connu pour son château fort médiéval qui domine le Léguer, beaucoup moins pour son église paroissiale, édifice pourtant aux dimensions imposantes, situé en plein bourg, entouré d’un mur d’enclos (d’où le cimetière a été transféré dans un terrain proche en 1988). Dédiée à saint Pierre, c’était à l’origine une fondation des seigneurs de Coëtmen, qui tinrent le château de 1231 à 1573 ; le tombeau de Jean II de Coëtmen († 1496) et de son épouse Jeanne du Pont est toujours dans le chœur de l’église, à même le sol. Elle fut érigée en collégiale en 1447 par l’évêque de Tréguier Jean de Plœuc, passant ainsi du statut d’église paroissiale à celui d’église capitulaire. Lors de la Révolution, elle revint au statut d’église paroissiale.

L’architecture de l’édifice actuel témoigne de nombreuses transformations au cours des siècles. De l’église du XVe s. subsistent le chevet plat avec une immense baie (12 m x 4,30 m) qui porte encore les restes de la verrière d’origine (vers 1470), un bénitier, ainsi que les portes nord et sud. En 1773, la façade ouest fut reconstruite ; le clocher-mur, de style classique, fut alors terminé par une flèche. En 1835-1837, l’église fut profondément modifiée, sur les plans de l’architecte lannionnais Alain Lageat : la nef fut reconstruite avec bas-côtés de sept travées. En 1844, la foudre détruisit la flèche du clocher et endommagea fortement la maîtresse-vitre : en 1845-1847, la flèche fut remplacée par trois étages de chambres de cloches surmontés d’une courte flèche ; quant à elle, la grande baie subit de multiples restaurations, en 1847, 1913, 1955. De nouveau, d’importants travaux furent menés en 1895-1896 par l’architecte briochin Ernest Le Guerranic qui modifia les bas-côtés nord et sud et construisit une nouvelle sacristie donnant sur le chœur. C’est cet édifice, en grande partie du XIXe s., qui domine encore aujourd’hui le centre de Tonquédec. Au sud-ouest de l’enclos, a été élevé un petit calvaire daté de 1762.

Dans ce cadre, le mobilier comporte plusieurs pièces de grande qualité. A commencer par la maîtresse-vitre (cl. MH 1911) où l’on a pu sauver, après le désastre de 1844, seize panneaux figurant des donateurs et des donatrices, ainsi que des éléments de la Passion et de la Résurrection, présentés aujourd’hui en quatre registres de quatre lancettes (les deux lancettes de gauche et de droite étant meublées par des vitreries de complément) ; le tympan, très travaillé, est composé d’anges, certains présentant les instruments de la Passion, d’autres portant des instruments de musique, d’autres enfin tenant des armoiries ou des phylactères.

En même temps que le vitrail fut classé un bénitier en granit ; en 1988, fut classée une Vierge à l’Enfant, en bois ciré (XVe s.) ; en 1987, un grand nombre de statues de saints et de saintes (Efflam, Barbe, Jean, Marguerite, Michel, Pierre, Yves), des statues du Christ et de la Vierge, datant des XVIIe et XVIIIe s., furent inscrits à l’Inventaire supplémentaire, ainsi que plusieurs pièces d’orfèvrerie (XVIIIe-XIXe s.). De même, l’inscription à l’Inventaire supplémentaire en 1993 et en 2000 d’une bannière en velours brodé, d’un tableau représentant Saint Pierre délivré par l’Ange (XIXe s.), de la porte des fonts baptismaux, de la balustrade du chœur, du banc d’œuvre, du siège du célébrant, du lutrin, de la cuve et de l’escalier de l’ancienne chaire, témoigne de la richesse du mobilier.

En 2016, des travaux de restauration du clocher et le remplacement de la couverture du versant nord de la toiture ont été entrepris. La Sauvegarde de l’Art français y a contribué en faisant un don de 20 000 €.

Tanguy Daniel

 

Bibliographie :

R. Couffon, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, Saint-Brieuc, 1941, p. 523-526.

F. Gatouillat et M. Hérold, Les vitraux de Bretagne, Rennes, 2005 (Corpus vitrearum. France. Série complémentaire), p. 102.

G. Petibon, Commune de Tonquédec, 22140. Collégiale Saint-Pierre, Plestin-les Grèves, 2015, 28 p.

Le projet en images