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La donation de Saint-Porquier à l’abbaye de Bonneval en 847 constitue la première mention du lieu. Nouvelle donation, en 1174, à l’abbaye de Belleperche, par Montarzin d’Argombat : elle porte sur « la grange de Saint-Porquier » reçue du comte de Toulouse par le père du donateur. C’est au sujet des églises d’Escatalens et de Saint-Porquier que les abbayes cisterciennes de Belleperche et Grandselve entrent alors en conflit ; Géraud, abbé de Clairvaux, dut arbitrer le litige, et l’on considère que Saint-Porquier revint à Belleperche. En 1453, Pierre de Carmaing, abbé de Belleperche (et futur abbé de Moissac), recevait plusieurs reconnaissances de biens dans le territoire de la paroisse. Mais le jeune évêché de Montauban créé en 1317 y percevait aussi des revenus, aussi en 1745, le chapitre put affermer toute la dîme de Saint-Porquier.

Au cours des troubles de la guerre de Cent Ans, les passages de bandes armées dans la vallée de la Garonne n’épargnèrent pas le « fort de Saint-Porquier », qui fut pris en 1362. Que l’église eût à pâtir de cette situation ne fait aucun doute, mais sa reconstruction ne fut entreprise que bien après la guerre de Cent Ans, pas avant 1524 ! En 1537, les travaux n’étaient pas terminés ; ils connurent un temps d’interruption avec les troubles civils et religieux, bien que l’église fût épargnée au début des guerres de Religion, contrairement à beaucoup d’autres du diocèse de Montauban. La reprise des travaux est attestée par une brique portant le millésime 1589, au premier étage du clocher. L’édifice nécessitait encore des réparations au début du XVIIe siècle. Le chapitre de Saint-Étienne-de-Tescou fut même condamné à participer au financement par un arrêt du parlement de Toulouse en 1613. La région resta longtemps perturbée : en 1628, le duc d’Épernon, qui avait occupé la place, fut attaqué par le gouverneur protestant de Montauban, Saint-Michel, entre Escatalens et Saint-Porquier.

L’architecture de l’édifice, très austère, a été influencée par l’architecture gothique languedocienne tardive. Il est bâti en briques enduites et couvert de tuiles canal. La nef de quatre travées ouvre sur un chœur à trois pans, précédé d’une travée ; quatre chapelles latérales sont logées entre les contreforts. A l’angle nord-ouest, le clocher de brique, de style « toulousain », en forme d’octogone irrégulier, surmonté d’une galerie crénelée et d’une flèche octogonale, flanqué de sa tourelle d’escalier hexagonale, est épaulé de lourds contreforts à ressauts. Entrepris au XVIe s., il ne fut terminé qu’en 1614.

On pénètre dans l’église par deux portes latérales à voussures de briques en plein cintre. La nef comprend quatre travées couvertes au début du XVIIe s. de voûtes d’ogives bâties en briques sur champ ; elle est éclairée de baies cintrées placées au-dessus des grandes arcades. Le chœur est également percé de grandes baies cintrées.

Recouvrant un décor du XVIIe s., de belle facture, qu’ont révélé des sondages effectués dans la quatrième travée, les peintures néogothiques, appliquées au pochoir sur les murs et les voûtes.

Les vitraux, historiés dans le chœur, à motifs géométriques et floraux dans la nef ; le  maître-autel en marbre et les autels des chapelles datent également du XIXe s. Plusieurs peintures et diverses statues datent des XVIIe et XVIIIe s. (Vierge à l’Enfant en bois polychrome, classée, groupe de la Vierge et de saint Jean en bois doré, provenant sans doute d’un calvaire, statues de saint Porchaire et de saint Clair en bois peint, tabernacle de bois doré du XVIIe s.). Le bénitier en marbre rouge date du XVIIe siècle.

L’inscription au titre des monuments historiques date du 23 juin 1978. Gravement endommagées par la tempête en 2015, les couvertures ont dû faire l’objet d’une restauration en 2017-2018, pour laquelle la Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2017.

Paul Mironneau

Bibliographie :

F. Moulenq, Documents historiques sur le Tarn-et-Garonne, Montauban, 1879-1894, t. 1, p. 49 et t. 4, p. 121-123.

P. Gayne, « L’église de Saint-Porquier et les dates de sa reconstruction », Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, t. 96, 1970-1971, p. 25-35.

P. Gayne, Dictionnaire des paroisses du diocèse de Montauban, Montauban, Association Montmurat-Montauriol, 1978, p. 246-247.

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